Le prix Nobel d’Economie a été attribué ce matin à Peter Diamond, 70 ans, Dale Mortensen, 71 ans, et Christopher Pissaridès, 62 ans pour leurs travaux sur l’influence de l’ajustement entre l’offre et la demande sur certains marchés, en particulier celui du travail. L’un des trois lauréats, l’Américain Peter Diamond, du MIT, spécialiste des questions de politique économique et sociale, a consacré ses dernières recherches aux problèmes de la retraite.
Dans un livre récent cosigné avec Nicholas Barr, professeur d’économie à la London School of Economics, Diamond n’hésite pas à formuler le constat suivant : l’un des piliers nécessaires à une réforme raisonnable du système est le recul de l’âge du départ à la retraite qui devrait, selon ces deux auteurs, suivre l’allongement de la durée de la vie. A ceux d’entre vous qui espèrent utiliser demain les transports en commun, nous recommandons la lecture de Reforming Pensions, Principles and Policy Choices.
Kala au sabre tiré, détail d'une miniature indienne, 1816.
En un mot comme en cent, je suis islamophobe. Je n’aime pas beaucoup cette étiquette, mais c’est le terme qui s’impose aujourd’hui pour désigner ceux qui critiquent l’islam ou se méfient de lui : alors, je l’accepte. Même si je trouve étrange que la clairvoyance et la vigilance passent pour des maladies mentales, je préfère passer pour dingue et paranoïaque que pour aveugle et sourd, et muet en plus. Ma crainte de l’islam n’est pas une peur panique mais une méfiance raisonnée et je ne crois pas souffrir de phobies. Ce n’est pas moi qui ai une trouille bleue de la critique ou du blasphème, du porc ou de l’alcool, des homosexuels, d’un verre d’eau au mois d’août, de la liberté, des femmes ou du bon Dieu.
Si je me méfie raisonnablement de l’islam comme de la peste, je vais tâcher de donner mes raisons.[access capability= »lire_inedits »]
L’islam n’est pas seulement, comme l’écrit Houellebecq, « la religion la plus con du monde », c’est aussi un système social et politique qui a toujours entraîné dans la régression et la barbarie les sociétés où il s’est imposé. Si on peut discuter des bienfaits de la colonisation qui restent à démontrer, on ne discute pas des bienfaits de l’islam, on les cherche car ils restent à être montrés. Je ne dresserai pas l’inventaire, jamais exhaustif, des coutumes arriérées, des crimes barbares et des lois stupides qui caractérisent le monde musulman. La liste interminable des dogmes et des faits plus idiots et plus monstrueux les uns que les autres nous plongerait dans un ennui et un dégoût proches de ceux que peuvent ressentir les jeunes filles nées en Syrie ou les hommes d’esprit vivant au Caire.
« Il ne faut pas confondre les crimes commis au nom de l’islam avec l’islam lui-même ! » : voilà la berceuse très entendue censée endormir les plus inquiets. On nous a longtemps fait le coup avec le communisme, et puis même les dictateurs les plus gâteux et les intellectuels les plus longs à la détente ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain quand ils se sont aperçus qu’il était mort-né dans un bain de sang. La terreur n’est pas une dérive ou une mauvaise traduction du coran ou du marxisme-léninisme, elle est inscrite dans les gènes de ces deux totalitarismes. Dictature du prolétariat ou suprématie de l’oumma, ces deux messianismes écrasent tous ceux qui leur résistent. Là ou l’islam est le plus fort, les autres religions, les autres cultures se soumettent ou s’enfuient. Les chrétiens et les juifs d’Orient en savent quelque chose.
La France sera bientôt sommée de s’intégrer à l’« oumma » ou de disparaître. Ce qui revient au même
Mais laissons l’histoire et la géographie pour nous pencher sur l’ici et maintenant.
L’islam ne fait envie nulle part dans le monde et dans l’histoire, mais nous devrions accueillir avec confiance et bienveillance celui qui se répand en Europe. Plus absurde encore, les musulmans s’affirment en Europe et à l’abri des droits de l’homme en abusant de notre hospitalité et, au nom du respect dû à la différence, imposent des pratiques contraires aux valeurs de notre civilisation. Dans toutes les zones où ils font masse, leurs lois deviennent la norme, des tribunaux islamiques anglais à nos « cités du mâle ». Et notre pays serait épargné par cette forme de colonisation ? Après quelques décennies d’offensive contre les cultures d’accueil européennes, les Anglais limitent leur très britannique liberté d’expression, les Hollandais reviennent sur leur légendaire tolérance, les Allemands voient leur culture de la pensée submergée par la bêtise et les Suédois enterrent leur système social. Et notre confiance devrait rester inébranlable ? Certains croient encore qu’un islam de France, Arlésienne qui sait se faire désirer, montrera la voie et nous protégera des séditions, sécessions, ségrégations et colonisations en marche partout ailleurs.
Cela me semble bien présomptueux : je crains que notre génie français et notre fameux système d’intégration ne fassent pas le poids et que la démographie en n’inverse bientôt le rapport de forces. Quand il y aura une majorité de musulmans en France, qui intègrera qui ? À moins de renoncer à la démocratie qui laisse la nation historique, la civilisation et les minorités à la merci de la majorité du jour, si les choses se passent comme toujours et comme partout, l’islam sommera bientôt la France de s’intégrer à l’oumma ou de disparaître, ce qui, à mon avis, est la même chose.
Les Français musulmans ne deviennent pas de plus en plus français mais de plus en plus musulmans : le succès croissant du ramadan en est un signe. À la question « Qu’est-ce qu’être français ? », beaucoup donnent une réponse lapidaire : « Posséder une carte d’identité et des droits. » Pour le reste, chacun sa culture et les moutons seront bien égorgés, tournés vers la Mecque. L’enfer est pavé de bonnes intentions et, en tolérant le multiculturalisme, on finit par accepter que battre sa femme, séquestrer sa sœur et marier sa fille avec son cousin puissent devenir des coutumes françaises quand le blasphème, lui, ne serait plus français. Pourrait-on dire « J’encule le Prophète » comme on le dit du président, du pape, du dalaï-lama, d’Ariel Sharon ou de qui on veut sans déchaîner des flots de violence ? J’en doute. En refusant d’admettre que notre culture libérale et égalitaire vaut mieux pour nous qu’un texte qui interdit toute critique et donc tout progrès, nous ouvrons un boulevard à la régression et à la disparition de ce que nous sommes après cinq mille ans d’évolution. Si on ne peut discuter une loi divine, il faut la rejeter fermement comme nous l’avons fait avec les nôtres. On ne s’est pas débarrassés de nos religions pour se faire envahir par la plus attardée de toutes.
Si les musulmans ne peuvent pas manger halal à la table d’un amateur d’andouillette, qu’ils changent de cantine ! Or, aujourd’hui, c’est la cantine qu’on change. Si les musulmans ne peuvent vivre dans la foi et dans la France telle qu’elle est, faut-il changer la France et la voir régresser ? Notre pays est-il condamné à devenir un jour une terre d’islam pour avoir accueilli des musulmans ?
J’ai une autre idée et une autre envie pour sauver la nation. Acceptons les individus mais pas les exigences de leur religion : les plus dévots iront prier ailleurs, les plus envahissants convoiteront d’autres terres et nous garderons les mieux intentionnés. Une laïcité intransigeante qui prenne au besoin des allures de persécution religieuse, je ne vois plus que ça pour préserver ce qui nous a faits et ce que nous aimons.
Avant de regretter Charles Martel, rappelons Jules Ferry tant qu’il en est temps. Au pays de Théo Van Gogh, le parti de Geert Wilders a obtenu l’interdiction de la burqa et envisage de bannir le Coran. Il faudrait vraiment qu’on les ait énervés, ces Bataves qui ont accueilli Spinoza, pour qu’ils en arrivent à interdire un livre. Ce renoncement amer à notre liberté d’expression est peut-être le prix à payer pour protéger notre monde.
Quel prix l’islam est-il prêt à payer pour devenir occidental sans soumettre les Occidentaux et dénaturer l’Occident ? La question se pose mais je ne donne pas cher de la réponse.
En attendant, qu’on me permette d’être islamo-méfiant, islamo-résistant, et même islamophobe.[/access]
« La réponse des autorités ainsi que la complexité et l’ampleur des questions supplémentaires auxquelles il faudrait répondre pour éventuellement obtenir une autorisation de mise sur le marché pour le flibanserin ont amené la compagnie à décider de se concentrer sur d’autres produits en développement ». C’est par ce communiqué plein de poésie que le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim a annoncé ce week-end qu’il abandonnait le développement du Girosa, plus connu sous son surnom de « Viagra féminin ».
De fait, il semble que l’avis négatif émis en juin dernier par l’Agence américaine des médicaments ait été fatal au produit miracle censé doper la libido féminine. On ose espérer qu’il ne s’agit pas là de mesures protectionnistes déguisées, visant à décourager la pénétration du marché américain.
Et puis en vrai, le flibanserin on s’en fout: il nous reste les huitres et le champagne !
Tomber à gauche ou pantoufler à droite ? Tel est le dilemme auquel est aujourd’hui confronté notre flamboyant ministre des Affaires étrangères. Il vient d’apporter sa contribution à la pièce de théâtre microcosmique mise en scène par un Nicolas Sarkozy qui a fixé, avec une prématurité diaboliquement calculée, l’horizon du prochain remaniement gouvernemental.
Comment partir la tête haute, et éventuellement rebondir, pour ceux qui n’ont aucune illusion sur le sort qui leur est réservé dans quelques semaines ? La méthode Kouchner relève de la comédie légère : il laisse traîner négligemment une lettre de démission manuscrite sur son bureau en recevant un journaliste d’un hebdo où il compte beaucoup d’amis. Quelques bribes de la missive se retrouvent illico sur le site internet du Nouvel Obs, car c’est de lui qu’il s’agit, et le microcosme médiatique et politique se met à vibrionner. À l’Elysée, on feint la surprise : lettre de démission ? Quelle lettre de démission ? Jamais reçue ! N’empêche, le message est passé, et son contenu est limpide : moi, Bernard Kouchner, détenteur d’un capital de popularité inoxydable dans l’opinion publique ne saurais être licencié comme un vieux serviteur devenu inutile. Je peux encore mordre, et je le prouve en mettant en cause des conseillers du président qui m’auraient « humilié ». Mais, si on me réserve, à ma sortie du Quai d’Orsay, une fonction et un palais de la République à la hauteur de mes mérites éminents, on pourra revoir la question de mon attitude lors de l’élection présidentielle de 2012.
Une addiction médiatique que l’âge n’a pas affaiblie
Défenseur des droits ? Pourquoi pas ? Bien logé, convenablement rémunéré, utilisable pour rendre service à des amis, ce poste de médiateur de la République vient d’être renforcé par l’intégration du « Défenseur des enfants », au grand dam de son actuelle titulaire, Dominique Versini. Et surtout, mieux que Jean-Paul Delevoye, Bernard Kouchner saura utiliser cette fonction pour se porter régulièrement aux avant-postes médiatiques, une addiction que l’âge n’a pas affaiblie, bien au contraire.
La gauche n’épargne pas ses quolibets à celui qui fut, naguère, sa tête d’affiche morale avant de se laisser séduire par les sirènes du sarkozysme. Principale incarnation de la politique d’ouverture du Sarkozy de 2007, il a eu la faiblesse, ou la vanité, de croire qu’il allait vraiment exercer la fonction de ministre des Affaires étrangères. Pour cela, Nicolas Sarkozy avait déjà tout ce qu’il lui fallait à la maison, notamment le redoutable Jean-David Lévitte, dont la proverbiale discrétion se double d’une connaissance approfondie des rouages de la politique mondiale. L’usage de Bernard Kouchner dans le dispositif sarkozyste était purement récréatif : il fallait au président un compagnon qui le distraie lors de ses multiples et souvent assommants déplacements à l’étranger. Il est incontestable que l’ami Bernard excelle en la matière : on ne s’ennuie jamais avec lui, il a de l’humour, de la répartie et un convenable stock d’histoires drôles pour détendre l’atmosphère lors des arides sommets européens, ou réunions des G8, 20 ou plus si affinités.
Mais pour ce qui était des choses sérieuses, la hard policy, celle où le réalisme l’emporte toujours sur les bons et grands sentiments, on lui fit gentiment, puis plus fermement, savoir qu’il devait se tenir à sa place, et laisser faire les professionnels, officiels et officieux, dont le président avait pris grand soin de s’entourer. À Guaino le grand projet (aujourd’hui en quenouille) d’Union de la Méditerranée, à Lévitte la délicate relation avec Washington et les grandes négociations internationales, à Guéant les palabres avec la Syrie pendant que Kouchner croit pouvoir jouer sa carte personnelle au Liban. Quand les choses se gâtent en Afrique, c’est à un avocat libanais, Robert Bourgi, que l’on confie la mission d’arranger les bidons avec Laurent Gbagbo ou Ali Bongo. Quand le torchon brûle avec Pékin à cause des manifestations parisiennes contre le passage de la flamme olympique, Jean-Pierre Raffarin est dépêché dans l’Empire du milieu pour arrondir les angles.
Une bonne manière : Ockrent à France 24
Comme on n’est pas des brutes, tout de même, à l’Elysée on concède au ministre en titre le pouvoir de placer quelques un(e)s de ses ami(e)s à des postes diplomatiques aussi agréables à vivre que bien rémunérés. C’est bien le moins, et Nicolas Sarkozy, de surcroît, vole au secours de Kouchner lorsqu’il est mis en cause par Pierre Péan pour des « affaires africaines » qui ne relèvent pas seulement de l’altruisme mondialiste du french doctor. La nomination de sa compagne Christine Ockrent, en tandem avec Alain de Pouzilhac à la tête de l’audiovisuel extérieur français (RFI et France 24) était encore une bonne manière faite à Bernard, en dépit du fait que cette nomination altérait notablement la crédibilité de ces médias dans des pays où on se méfie de la connivence de la presse et du pouvoir[1. La reine Christine, bien connue pour semer la zizanie dans toutes les rédactions qu’on a la mauvaise idée de lui confier, a fini par tellement exaspérer Alain de Pouzilhac que ce dernier est venu récemment demander sa tête à Nicolas Sarkozy. Sans succès, pour le moment]
Tout cela, Bernard Kouchner fait mine de le découvrir alors qu’il semble plus près de la sortie que de l’augmentation. Foin de fausse modestie : dès juillet 2008, je constatais, pour le déplorer, le statut de potiche de luxe (au moins du Sèvres, il n’y a que ça au Quai) que l’on faisait jouer à Bernard Kouchner. Cela me valut un coup de téléphone furibard de son directeur de cabinet, à l’époque Philippe Etienne, qui me gratifia d’un certain nombre de noms d’oiseaux rarement utilisés par les diplomates de carrière.
Pour être un grand ministre des Affaires étrangères, ou plus modestement un bon ministre, il faut être une franche crapule comme Talleyrand ou Roland Dumas ou un technicien retors comme Hubert Védrine. Et surtout servir un président doté d’une intelligence du monde et des hommes lui permettant d’utiliser au mieux les quelques atouts dont notre pays dispose encore pour faire valoir ses intérêts sur cette planète. Bernard Kouchner ne relevant d’aucune des catégories précitées, le souvenir de son passage au Quai d’Orsay relèvera davantage de l’histoire de la vie mondaine à Paris au début du XXIème siècle que de celle de la diplomatie planétaire pendant la même période.
On sait bien que le langage d’une époque est un révélateur décisif de ce qu’elle a dans le crâne. Parfois, il suffit de picorer les termes utilisés par une société donnée pour avoir une bonne idée de son état mental. C’est le cas pour le milieu littéraire contemporain. Dans les salons littéraires qui essaiment un peu partout en France (suivant ainsi l’exemple des instituts d’études politiques), il n’est par exemple question que d’ « auteurs », de « livres » et de « lecture ». Termes que l’on retrouvera à peu près partout dans la presse aux pages ou aux émissions culturelles et qui ont remplacé respectivement « écrivains », « romans » et « littérature ».
Dézinguer tous les masques idéologiques
Là où il y a un « auteur », il ne peut plus y avoir d’écrivain. L’auteur est un être interchangeable, qui peut d’ailleurs écrire autre chose que des romans. C’est une catégorie juridique : quelqu’un à qui on paie des droits, d’ « auteur », donc. Et s’il y a une chose que l’époque vénère, ce sont les catégories juridiques, surtout quand elles permettent d’effacer la réalité. On imagine d’ailleurs très bien plusieurs auteurs travaillant sur une œuvre. Alors que plusieurs écrivains écrivant un même roman, ce serait contre-nature (je compte pour rien Boileau et Narcejac, les Tic et Tac du polar de train à couchettes).
Ce remplacement de l’écrivain par l’auteur est, en littérature, une très bonne nouvelle pour les maisons d’édition. Une maison d’édition a une vision institutionnelle des choses : elle veut, inconsciemment peut-être, contrôler le produit et, par là, contrôler le sous-traitant. En l’espèce, le sous-traitant, c’est l’écrivain. L’écrivain : ce type qui écrit des romans pour dézinguer tous les masques idéologiques qui permettent à ses contemporains de croire qu’ils sont des gens bien. Qui est donc parfaitement incontrôlable. Dont les réactions sont erratiques. Qui rendra, s’il est en plus un bon écrivain, un produit fini non seulement inattendu, mais forcément scandaleux, puisqu’il sera vrai.
Bien entendu, il y a encore, dans certaines de ces maisons d’édition, des individus (un individu : voilà un être rare) qui recherchent encore des voix elles-mêmes individuelles, c’est-à-dire des écrivains. Ça existe, mais ces francs-tireurs sont forcément dans une situation instable face aux exigences de leur bureaucratie. De même qu’il y a encore des salons du livre décents, organisés par des libraires (donc des gens qui n’ont pas forcément quitté la réalité). Mais, le plus souvent, ce sont des spécialistes de l’événementiel, c’est-à-dire des entreprises de communication dirigées par des aliénés, qui sont aux commandes. Ces salons sont faciles à reconnaître. Ils organisent des concours de slam et usent d’une prose pseudo-humaniste acidulée qui vous prend à la gorge dès la première page du site internet. D’autant que les premiers responsables de cette situation, ce sont probablement les écrivains eux-mêmes. Il faut voir avec quel enthousiasme ils se sont débarrassés de ce fardeau : « écrivain ». Un peu comme si on disait à un type sur le front russe que la relève vient d’arriver. C’est bien de cela qu’il s’agit. Un écrivain, parfois, ça finit un petit matin frais au fort de Montrouge. Imagine-t-on demain un changement brutal de régime s’accompagnant d’une épuration d’ « auteurs » ? Pas de risque : aucun ne pense mal.
Une bêtise contente d’elle-même
« Auteur » ! Ils sont tous « auteurs », ils écrivent des « livres » et promeuvent bien volontiers la « lecture » (pourquoi pas dans les écoles ?). « Auteur », voilà qui n’engage à rien. « Ecrivain », même en étant inculte, cela évoque quelques grands noms du passé, qui vous dissuadent d’écrire vous-mêmes vraiment n’importe quoi. Pas un en tout cas qui écrirait à son éditeur comme le faisait Georges Darien en son temps (ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, la littérature a commencé à décliner lorsque les écrivains ont arrêté d’insulter leur éditeurs, ou peut-être lorsque ces derniers sont devenus susceptibles). L’évolution, sur le strict plan technique, a déjà commencé aux Etats-Unis (qui nous ont pourtant, et encore récemment, gratifié d’incomparables chefs d’œuvre, ne serait-ce qu’American Psycho) : de nombreux auteurs composent un plan scénarisé archi-détaillé pour ensuite rédiger les textes qui rempliront les petites cases blanches. Même une dissertation d’hypokhâgne offre plus de place à l’imagination. On voit bien l’intérêt des petits bureaucrates des maisons d’édition : on peut avoir un rapport d’étape, suivre l’édification de l’œuvre pas à pas, y mettre son nez si ça ne correspond pas à la « ligne éditoriale » (en matière de viande bovine, cela s’appelle la « traçabilité »), éventuellement substituer un auteur à un autre au beau milieu: « Billy-Bob est doué pour le scenario mais écrit vraiment comme un pied. Je vais le remplacer par Jacky-Joe, c’est prévu au contrat de toute façon, ils auront 50/50. » C’est dommage, pourtant, car rarement une époque n’aura offert le spectacle d’une bêtise aussi contente d’elle-même, et cela dans à peu près tous les domaines de la vie. Ce qui devrait en principe donner naissance à de bons romans. Mais il semble que les écrivains ne tiennent plus la route : après un grand roman, ils se taisent à jamais ou écrivent des choses désincarnées et prudentes.
Kirk Douglas incarne Charles Tatum, un journaliste au fond du gouffre.
La médiatisation de l’épisode de Copiapo, au Chili, où 33 mineurs sont bloqués depuis le 5 août par 700 mètres de fond et devraient le rester plusieurs semaines encore, avait en quelque sorte été anticipée par Billy Wilder dans Le Gouffre des chimères, un film sorti en 1951.
Kirk Douglas, journaliste abonné aux chiens écrasés, s’emparait d’un fait divers dont il devenait à la fois l’acteur et le témoin : découvrant un homme emprisonné dans un gouffre rocheux, il organisait les opérations de secours dont il assurait en même temps la couverture médiatique. Il mettait tout en œuvre pour retarder la délivrance de la victime et maintenir ainsi l’intérêt journalistique. Avec sa noirceur habituelle, le cinéaste dénonçait le sensationnalisme et ses conséquences dévastatrices.[access capability= »lire_inedits »]
Dans la mine de San José, la fiction est largement dépassée.
L’axiome selon lequel un drame est d’autant plus vendeur qu’il est judicieusement scénarisé y est parfaitement mis en pratique. Il est vrai que tout le monde y gagne : le pays, qui retrouve une fierté grâce à ses mineurs, l’héroïsme de quelques-uns rejaillissant sur tous, le Président Pinera, qui a inauguré son mandat avec un tremblement de terre et un tsunami et souhaite laisser une autre image, la reconstruction patinant un peu, les propriétaires de la mine qui espèrent que l’engouement pour le feuilleton fera oublier les vraies questions sur la sécurité, sans oublier les familles qui trompent leur attente et la presse qui tient son public en haleine. Une aubaine, vous dis-je.
Victor Segovia, l’écrivain de la mine
Du point de vue du storytelling, la palme revient à Victor Segovia, l’un des sinistrés, bombardé, grâce à son journal intime « écrivain de la mine », un titre qui fleure la fausse admiration et le vrai mépris, par exemple quand on parle de son écriture ronde et enfantine. Voilà ce qu’on appelle désormais « informer » : révéler la supposée personnalité profonde des êtres qui se déploie grâce à l’épreuve, broder sur le moment crucial où l’éboulement de la galerie principale va transformer la chrysalide noire de charbon en un papillon céleste dont les mots s’envolent vers l’air libre.
Mais, pour que le conte enchante, il faut qu’il soit vrai. La ressemblance avec des personnages existants ne saurait être fortuite. Aussi les médias passent-ils au crible la vie de cet homme nanti de neuf frères et sœurs, père de cinq filles, séparé de son épouse et connu jusque-là pour jouer de la musique, pas pour aligner des phrases. Pas une parcelle de sa vie privée ne doit échapper aux projecteurs. Nous devons tout savoir de Victor avec la complicité, inconsciente ou volontaire, de ses parents qui, à la surface, se livrent une lutte impitoyable pour la captation du geyser de gloire venu d’en bas. D’un côté, les fidèles, la fille aînée, la mère, ceux qui l’ont toujours supporté malgré son caractère autoritaire et son goût prononcé pour l’alcool (mais à Copiapo, quel mineur ne boit pas ?), et les opportunistes, à commencer par Soledad, son épouse qui, telle la Pomponnette de Pagnol, revient attendre celui qu’elle a quitté il y a cinq ans − attendre les millions ou le voyage en Grèce promis par le Président Pinera, susurrent les mauvaises langues. C’est qu’au-delà du quart d’heure de célébrité parti pour durer quelques semaines, il y a les dons, les cadeaux. Et je gage qu’il ne faudra pas longtemps pour qu’un éditeur lui propose de publier un livre-témoignage intitulé Solitude d’un mineur de fond.
Dans le film de Wilder, la femme de la victime déclare au journaliste, dont elle est devenue la maîtresse : « Vous bénissez autant que moi ces rochers qui nous écrasent. » Verra-t-on bientôt Soledad faire une déclaration similaire devant les caméras ?
J’allais oublier le défilé quasi quotidien de ministres qui n’ont, semble-t-il, pas de travail plus urgent, les 33 maillots dédicacés par l’équipe nationale de football et les 33 chapelets bénis par le pape.
Sans vouloir jouer les oiseaux de malheur, je rappelle que le fait divers réel qui avait inspiré Billy Wilder, la chute d’une fillette de trois ans dans un puits abandonné, s’est mal terminé. L’émoi national, les milliers de badauds accourus sur les lieux et les moyens colossaux mis en œuvre n’avaient pas changé le cours des choses : la fillette avait été découverte morte et la foule s’était dispersée comme elle était apparue. De même que l’émotion suscitée par le séisme du 27 février 2010 s’est dissoute dans la mine, il est à craindre que les mineurs, une fois à l’air libre, retombent dans un anonymat aussi brutal et destructeur que leur subite célébrité.
Au fait, le titre original du Gouffre des chimères était Big Carnaval. On ne saurait mieux dire.[/access]
Si pour vous un bon clown est un clown mort, alors vous apprécierez grandement Stand up, la dernière pièce de Gérald Sibleyras, jouée au Théâtre Tristan Bernard. Celle-ci repose sur trois très beaux personnages, magistralement incarnés par les comédiens. Le premier (Philippe Uchan) est un psychopathe désinhibé fan de stand up, un ancien tueur à gages, d’une enfantine bestialité. Il possède les deux qualités indispensables pour devenir ce que nos contemporains nomment « un comique » : une méchanceté viscérale et primitive et une absence radicale de tout sens de l’humour.
Le deuxième personnage (Gilles Gaston-Dreyfus) est un marchand de rire fatigué, organisateur et animateur du Festival du Rire de Morlaix. La tirade par laquelle il ouvre le Festival du Rire est un grand morceau de bravoure. Il s’agit d’un interminable éloge du rire, déclamé avec une énergie et une bonne humeur aussi stupéfiantes que factices. L’animateur nous annonce que nous allons rire sans relâche et accumule jusqu’à l’épuisement tous les clichés actuels sur le rire. Sa bonne volonté, son désir et son angoisse de bien faire sont en même temps d’une très touchante humanité. Mais il dévoile malgré lui ce qui se cache dans les coulisses du rire contemporain. Le rire devenu une injonction permanente, exténuante, du surmoi postmoderne (si l’on me pardonne l’oxymore).
La revanche de l’humour sur le rire
Pourtant, ce qui rend cette tirade encore plus hilarante, c’est la présence, aux côtés de l’animateur, du troisième personnage (Grégoire Bonnet). Celui-ci est un célèbre comique devenu radicalement dépressif. À mesure que progresse le discours de l’animateur, son corps et son visage expriment un désespoir, une prostration, un accablement qui ne cessent de s’aggraver. Par malheur, ce comique est l’invité d’honneur du festival. Le discours qu’il prononce lorsque vient son tour constitue le second sommet hilarant de la pièce. Suscitant l’horreur stupéfaite de l’animateur, il se lance dans des considérations désespérées et sans fin sur la mort et la maladie. Pourtant, il ne s’agit là que de l’un des tout premiers désastres qui s’abattront sur le Festival du Rire de Morlaix.
Par temps de terreur hyperfestive, rien n’est plus beau et drôle que des clowns en déroute et des boute-en-train qui déraillent. Grâce à Stand up de Gérald Sibleyras, l’humour prend enfin une éclatante revanche sur le rire.
On apprend que la municipalité de Toulouse vient de recruter en grande pompe six « chuteurs ». Qu’est-ce qu’un « chuteur » allez-vous demander ? Un cascadeur ? Que nenni ! Vous allez tomber de haut: en langage moderniste, un « chuteur » est un « médiateur » chargé de lutter contre le tapage nocturne, armé de cette arme fatale qu’est le « Chut! ». Le but de la municipalité –d’après l’AFP- est de préserver la bonne réputation d’une ville rose festive égayée en continu par les agapes, bacchanales, orgies et autres réjouissances bruyantes de plus de 100.000 étudiants, à qui il convient parfois de calmer les ardeurs.
Le maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen déclare fièrement, dans la plus pure tradition nostalgique des emplois-jeunes aubrystes de sinistre mémoire : « Toulouse est une ville où on fait la fête et on a la volonté qu’elle soit à la fois festive et tranquille (…) Aujourd’hui, il y a de nouveaux métiers à inventer pour construire la tranquillité publique, on a lancé l’idée des médiateurs-chuteurs ». Ces six employés municipaux seront rattachés à l’Office de la tranquillité, qui est en place depuis un an et permet déjà de recueillir les plaintes des habitants. Les chuteurs-mercenaires pourront désormais intervenir à la vitesse de l’éclair sur les lieux du crime, tels des commandos modernes de la bienséance, afin de sauver la fête par leurs «Chut!» fermes et bienveillants, et leur art citoyen de la médiation anti-bruit.
La chute de l’histoire n’est pas encore écrite, mais il est fort probable que les Toulousains tombent de haut devant les actions de cette nouvelle « police de la fête »… dont les « chut » de proximité n’interrompront peut-être pas le boucan des festifs, mais viendront le rejoindre pour qu’il puisse se poursuivre !
À 31 ans, Jimmie Åkesson a changé la donne politique en Suède grâce à un électorat vieillissant.
En braquant ses projecteurs sur la percée de l’extrême droite aux élections législatives du 19 septembre en Suède, la presse est passée à côté d’un phénomène beaucoup plus important. Au lieu de se payer une quinzaine antifasciste, il aurait été opportun de dévoiler le véritable enjeu de cette campagne : le poids prépondérant de l’électorat âgé. Ainsi, entre les deux grandes formations politiques suédoises, les sociaux-démocrates « verts-rouges » de Mona Sahlin et les modérés dirigés par le Premier ministre sortant, Fredrik Reinfeldt, ce fut à qui promettrait au « troisième âge » les plus gros avantages fiscaux. Finalement, Reinfeldt, dont la proposition était − logique − plus modérée, l’a emporté sur Sahlin qui avait pourtant présenté un « paquet fiscal » beaucoup plus généreux (33% de plus) que la concurrence. Sa bonne gestion de l’économie − et surtout de la crise − ont probablement fait la petite différence en faveur du chef de la majorité sortante.[access capability= »lire_inedits »]
L’immigration racontée à ma grand-mère
C’est sous cet angle-là que la campagne et le résultat des Démocrates de Suède (SD) de Jimmie Åkesson, une version locale de notre Front national, prennent tout leur sens. Prônant une limitation de l’immigration, une politique d’assimilation et une lutte plus vigoureuse contre la criminalité, le très jeune Åkesson (31 ans) a cependant choisi comme thème-phare de sa campagne l’amélioration du sort des personnes âgées − qui, il est vrai, n’est pas sans rapport avec les sujets cités précédemment. On peut même avancer que ce fut le socle de la campagne du leader des SD. Sur son clip de campagne, on voit une grand-mère, appuyée sur son déambulateur, se diriger péniblement vers l’argent public, quand un groupe de femmes en burqa la dépasse pour atteindre avant elle le fonds d’aide de l’Etat. De l’immigration et de l’islamisme radical racontés à ma grand-mère…
L’autre grand thème de la campagne des SD, l’insécurité et le durcissement de la lutte contre la criminalité, répond, lui aussi, à une préoccupation particulièrement répandue chez les personnes âgées. Là-bas comme ici, les vieux, majoritairement des femmes souvent seules et faibles, sont plus touchés que le reste de la population par la petite délinquance.
Si, dans ce pays imprégné de valeurs protestantes, la campagne électorale visait principalement ceux qui sont nés pendant la première moitié du siècle dernier, ce n’était pas seulement pour suivre le sixième commandement − « Tu honoreras ton père et ta mère » : sur les 7 millions de Suédois inscrits sur les listes électorales, 1,7 million, soit près d’un quart de l’électorat, sont des retraités. De plus, leur taux traditionnellement élevé de participation aux élections leur confère un poids politique encore plus important que celui que leur vaudrait leur force numérique. Bien qu’il existe depuis 1987 un parti de retraités (le Parti pour les intérêts des seniors, SPI), il reste marginal dans le paysage politique. Or, si les personnes âgées ne se considèrent pas comme une communauté ou une classe sociale – encore que cette réalité est peut-être appelée à évoluer −, elles représentent, en termes de marketing politique, un segment dont l’importance ne cesse de croître. L’offre politique finit nécessairement par suivre, comme c’est en train de devenir le cas chez nous.
Si la vieillesse est l’avenir des individus, elle ne saurait être l’horizon des sociétés
En France, la Constitution de la Ve République et la méfiance à l’égard des intérêts particuliers, bien ancrée dans la culture politique, n’encouragent pas le développement de partis sectoriels à la suédoise[2. Pays où il existe même un parti de Pirates du Web dont le programme politique réclame la quasi-suppression des droits d’auteur sur Internet.]. En revanche, les préoccupations du « troisième », voire du « quatrième âge », pèsent de plus en plus dans le débat politique. En 2007, la victoire de Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal a été acquise grâce au soutien massif des plus de 65 ans. Si on se fie à la jurisprudence suédoise, il y a gros à parier que les mêmes décideront de son sort en 2012. Cette logique est désastreuse, aussi bien en Suède qu’en France. Si, en France, une enquête récente révèle l’ampleur de l’angoisse des jeunes face à un avenir perçu comme menaçant plutôt que comme prometteur, les Suédois de moins de 25 ans, qui enregistrent un taux de chômage de 25%[4. Sans compter ceux qui prolongent leurs études faute de trouver de l’emploi.], ne devraient pas tarder à adopter une vision plus sombre du futur.
Face au piège démographique, il faut rappeler que, si la vieillesse est notre avenir en tant qu’individus, elle ne saurait être l’horizon de nos sociétés. Que le cadre soit le modèle français si malmené ou le modèle suédois tant vanté, toute politique de solidarité doit se fixer comme priorité et même comme une urgence absolue l’insertion des jeunes dans la vie active. Ce ne sont pas les femmes en burqa qui menacent l’équilibre des caisses de retraites – quels que soient les problèmes bien réels qu’elles incarnent par ailleurs − mais la diminution du nombre d’actifs appelés à alimenter ces fonds dans les décennies qui viennent.[/access]
Vous l’avez certainement déjà remarqué, nos amis les hommes aiment que ça aille vite et pendant que vous mijotez longuement dans votre bain mousseux parfumé aux essences santal-verveine offertes par belle-maman à Noël, Monsieur, lui, prend une douche. En vitesse.
De même, puisque la douceur de fin de saison est au rendez-vous, vous organisez une petite randonnée avec enfants, amis et chiens. Le meilleur moment ? Le pique-nique, bien sûr. Et tandis que vous étalez sur les jolies nappes vos salades sophistiquées, vos quiches savantes et vos pâtes aux truffes, l’homme, debout, a déjà englouti son sandwich mozzarella-jambon de Parme-tomates séchées. Vous le lui précisez car ses papilles gustatives n’ont pas eu le temps de capter l’info. Et alors que vous commencez à vous servir, dans ces adorables bols verts et bleus, incassables, de ce délicieux taboulé dont votre amie a le secret, l’homme de votre vie, toujours debout, lance un « Bon, on y va ? »
Toujours dans le registre alimentaire, il ne vous aura pas échappé que ces messieurs vous disent plus souvent « Qu’est-ce qu’on mange, ce soir ? » que « Je t’aime comme au premier jour », allez savoir pourquoi. Vous répondez que vous avez prévu un dos de saumon au romarin, asperges blanches, gratin dauphinois et sauce au Roquefort. Et pour l’entrée, vous envisagez une tatin de poivrons confits. C’est à ce moment que l’idole de vos jours déclare « Oh, non, pas d’entrée, pitié, ça prend trop de temps! » Et vous abrégez les souffrances du repas familial en renonçant à l’entrée, vous consolant à l’idée qu’en votre absence il mange directement dans le frigo, à même la barquette de lasagnes Picard qu’il n’a pas pris le temps de réchauffer, même le micro-onde étant d’une lenteur désespérante.
Bref, les hommes sont pressés. Pourquoi ? D’ici quelques décennies, des savants trouveront peut-être la réponse, mais d’ici là, il faut nous contenter du constat.
C’est ce qu’a fait Laetitia Schlumberger, créatrice de lingerie. Vous me direz que ça ne prend pas forcément trois heures d’ôter le string de sa partenaire. Mais tout de même, ça prend du temps, une jambe, puis l’autre, on n’a pas que ça à faire. Donc, pour optimiser le rendement si cher à nos chers, Madame Schlumberger a conçu la lingerie aimantée, commercialisée par Dement. Une légère pression et hop ! la fine dentelle s’ouvre à hauteur des hanches, plus besoin de traîner et de perdre un précieux temps en manœuvres inutilement stressantes. On peut boucler l’affaire en cinq minutes. Puis une douche express et un reste de saumon dans le frigo pendant que Madame se fait couler un bain.
Un petit conseil pratique, toutefois, Mesdames. Si vous optez pour cette lingerie tout à fait révolutionnaire, ne vous approchez pas trop de la porte du frigo. Vous risqueriez d’y rester scotchée par vos aimants, entre la liste de courses pour le prochain pique-nique et la facture de gaz !
Le prix Nobel d’Economie a été attribué ce matin à Peter Diamond, 70 ans, Dale Mortensen, 71 ans, et Christopher Pissaridès, 62 ans pour leurs travaux sur l’influence de l’ajustement entre l’offre et la demande sur certains marchés, en particulier celui du travail. L’un des trois lauréats, l’Américain Peter Diamond, du MIT, spécialiste des questions de politique économique et sociale, a consacré ses dernières recherches aux problèmes de la retraite.
Dans un livre récent cosigné avec Nicholas Barr, professeur d’économie à la London School of Economics, Diamond n’hésite pas à formuler le constat suivant : l’un des piliers nécessaires à une réforme raisonnable du système est le recul de l’âge du départ à la retraite qui devrait, selon ces deux auteurs, suivre l’allongement de la durée de la vie. A ceux d’entre vous qui espèrent utiliser demain les transports en commun, nous recommandons la lecture de Reforming Pensions, Principles and Policy Choices.
Kala au sabre tiré, détail d'une miniature indienne, 1816.
Kala au sabre tiré, détail d'une miniature indienne, 1816.
En un mot comme en cent, je suis islamophobe. Je n’aime pas beaucoup cette étiquette, mais c’est le terme qui s’impose aujourd’hui pour désigner ceux qui critiquent l’islam ou se méfient de lui : alors, je l’accepte. Même si je trouve étrange que la clairvoyance et la vigilance passent pour des maladies mentales, je préfère passer pour dingue et paranoïaque que pour aveugle et sourd, et muet en plus. Ma crainte de l’islam n’est pas une peur panique mais une méfiance raisonnée et je ne crois pas souffrir de phobies. Ce n’est pas moi qui ai une trouille bleue de la critique ou du blasphème, du porc ou de l’alcool, des homosexuels, d’un verre d’eau au mois d’août, de la liberté, des femmes ou du bon Dieu.
Si je me méfie raisonnablement de l’islam comme de la peste, je vais tâcher de donner mes raisons.[access capability= »lire_inedits »]
L’islam n’est pas seulement, comme l’écrit Houellebecq, « la religion la plus con du monde », c’est aussi un système social et politique qui a toujours entraîné dans la régression et la barbarie les sociétés où il s’est imposé. Si on peut discuter des bienfaits de la colonisation qui restent à démontrer, on ne discute pas des bienfaits de l’islam, on les cherche car ils restent à être montrés. Je ne dresserai pas l’inventaire, jamais exhaustif, des coutumes arriérées, des crimes barbares et des lois stupides qui caractérisent le monde musulman. La liste interminable des dogmes et des faits plus idiots et plus monstrueux les uns que les autres nous plongerait dans un ennui et un dégoût proches de ceux que peuvent ressentir les jeunes filles nées en Syrie ou les hommes d’esprit vivant au Caire.
« Il ne faut pas confondre les crimes commis au nom de l’islam avec l’islam lui-même ! » : voilà la berceuse très entendue censée endormir les plus inquiets. On nous a longtemps fait le coup avec le communisme, et puis même les dictateurs les plus gâteux et les intellectuels les plus longs à la détente ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain quand ils se sont aperçus qu’il était mort-né dans un bain de sang. La terreur n’est pas une dérive ou une mauvaise traduction du coran ou du marxisme-léninisme, elle est inscrite dans les gènes de ces deux totalitarismes. Dictature du prolétariat ou suprématie de l’oumma, ces deux messianismes écrasent tous ceux qui leur résistent. Là ou l’islam est le plus fort, les autres religions, les autres cultures se soumettent ou s’enfuient. Les chrétiens et les juifs d’Orient en savent quelque chose.
La France sera bientôt sommée de s’intégrer à l’« oumma » ou de disparaître. Ce qui revient au même
Mais laissons l’histoire et la géographie pour nous pencher sur l’ici et maintenant.
L’islam ne fait envie nulle part dans le monde et dans l’histoire, mais nous devrions accueillir avec confiance et bienveillance celui qui se répand en Europe. Plus absurde encore, les musulmans s’affirment en Europe et à l’abri des droits de l’homme en abusant de notre hospitalité et, au nom du respect dû à la différence, imposent des pratiques contraires aux valeurs de notre civilisation. Dans toutes les zones où ils font masse, leurs lois deviennent la norme, des tribunaux islamiques anglais à nos « cités du mâle ». Et notre pays serait épargné par cette forme de colonisation ? Après quelques décennies d’offensive contre les cultures d’accueil européennes, les Anglais limitent leur très britannique liberté d’expression, les Hollandais reviennent sur leur légendaire tolérance, les Allemands voient leur culture de la pensée submergée par la bêtise et les Suédois enterrent leur système social. Et notre confiance devrait rester inébranlable ? Certains croient encore qu’un islam de France, Arlésienne qui sait se faire désirer, montrera la voie et nous protégera des séditions, sécessions, ségrégations et colonisations en marche partout ailleurs.
Cela me semble bien présomptueux : je crains que notre génie français et notre fameux système d’intégration ne fassent pas le poids et que la démographie en n’inverse bientôt le rapport de forces. Quand il y aura une majorité de musulmans en France, qui intègrera qui ? À moins de renoncer à la démocratie qui laisse la nation historique, la civilisation et les minorités à la merci de la majorité du jour, si les choses se passent comme toujours et comme partout, l’islam sommera bientôt la France de s’intégrer à l’oumma ou de disparaître, ce qui, à mon avis, est la même chose.
Les Français musulmans ne deviennent pas de plus en plus français mais de plus en plus musulmans : le succès croissant du ramadan en est un signe. À la question « Qu’est-ce qu’être français ? », beaucoup donnent une réponse lapidaire : « Posséder une carte d’identité et des droits. » Pour le reste, chacun sa culture et les moutons seront bien égorgés, tournés vers la Mecque. L’enfer est pavé de bonnes intentions et, en tolérant le multiculturalisme, on finit par accepter que battre sa femme, séquestrer sa sœur et marier sa fille avec son cousin puissent devenir des coutumes françaises quand le blasphème, lui, ne serait plus français. Pourrait-on dire « J’encule le Prophète » comme on le dit du président, du pape, du dalaï-lama, d’Ariel Sharon ou de qui on veut sans déchaîner des flots de violence ? J’en doute. En refusant d’admettre que notre culture libérale et égalitaire vaut mieux pour nous qu’un texte qui interdit toute critique et donc tout progrès, nous ouvrons un boulevard à la régression et à la disparition de ce que nous sommes après cinq mille ans d’évolution. Si on ne peut discuter une loi divine, il faut la rejeter fermement comme nous l’avons fait avec les nôtres. On ne s’est pas débarrassés de nos religions pour se faire envahir par la plus attardée de toutes.
Si les musulmans ne peuvent pas manger halal à la table d’un amateur d’andouillette, qu’ils changent de cantine ! Or, aujourd’hui, c’est la cantine qu’on change. Si les musulmans ne peuvent vivre dans la foi et dans la France telle qu’elle est, faut-il changer la France et la voir régresser ? Notre pays est-il condamné à devenir un jour une terre d’islam pour avoir accueilli des musulmans ?
J’ai une autre idée et une autre envie pour sauver la nation. Acceptons les individus mais pas les exigences de leur religion : les plus dévots iront prier ailleurs, les plus envahissants convoiteront d’autres terres et nous garderons les mieux intentionnés. Une laïcité intransigeante qui prenne au besoin des allures de persécution religieuse, je ne vois plus que ça pour préserver ce qui nous a faits et ce que nous aimons.
Avant de regretter Charles Martel, rappelons Jules Ferry tant qu’il en est temps. Au pays de Théo Van Gogh, le parti de Geert Wilders a obtenu l’interdiction de la burqa et envisage de bannir le Coran. Il faudrait vraiment qu’on les ait énervés, ces Bataves qui ont accueilli Spinoza, pour qu’ils en arrivent à interdire un livre. Ce renoncement amer à notre liberté d’expression est peut-être le prix à payer pour protéger notre monde.
Quel prix l’islam est-il prêt à payer pour devenir occidental sans soumettre les Occidentaux et dénaturer l’Occident ? La question se pose mais je ne donne pas cher de la réponse.
En attendant, qu’on me permette d’être islamo-méfiant, islamo-résistant, et même islamophobe.[/access]
« La réponse des autorités ainsi que la complexité et l’ampleur des questions supplémentaires auxquelles il faudrait répondre pour éventuellement obtenir une autorisation de mise sur le marché pour le flibanserin ont amené la compagnie à décider de se concentrer sur d’autres produits en développement ». C’est par ce communiqué plein de poésie que le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim a annoncé ce week-end qu’il abandonnait le développement du Girosa, plus connu sous son surnom de « Viagra féminin ».
De fait, il semble que l’avis négatif émis en juin dernier par l’Agence américaine des médicaments ait été fatal au produit miracle censé doper la libido féminine. On ose espérer qu’il ne s’agit pas là de mesures protectionnistes déguisées, visant à décourager la pénétration du marché américain.
Et puis en vrai, le flibanserin on s’en fout: il nous reste les huitres et le champagne !
Tomber à gauche ou pantoufler à droite ? Tel est le dilemme auquel est aujourd’hui confronté notre flamboyant ministre des Affaires étrangères. Il vient d’apporter sa contribution à la pièce de théâtre microcosmique mise en scène par un Nicolas Sarkozy qui a fixé, avec une prématurité diaboliquement calculée, l’horizon du prochain remaniement gouvernemental.
Comment partir la tête haute, et éventuellement rebondir, pour ceux qui n’ont aucune illusion sur le sort qui leur est réservé dans quelques semaines ? La méthode Kouchner relève de la comédie légère : il laisse traîner négligemment une lettre de démission manuscrite sur son bureau en recevant un journaliste d’un hebdo où il compte beaucoup d’amis. Quelques bribes de la missive se retrouvent illico sur le site internet du Nouvel Obs, car c’est de lui qu’il s’agit, et le microcosme médiatique et politique se met à vibrionner. À l’Elysée, on feint la surprise : lettre de démission ? Quelle lettre de démission ? Jamais reçue ! N’empêche, le message est passé, et son contenu est limpide : moi, Bernard Kouchner, détenteur d’un capital de popularité inoxydable dans l’opinion publique ne saurais être licencié comme un vieux serviteur devenu inutile. Je peux encore mordre, et je le prouve en mettant en cause des conseillers du président qui m’auraient « humilié ». Mais, si on me réserve, à ma sortie du Quai d’Orsay, une fonction et un palais de la République à la hauteur de mes mérites éminents, on pourra revoir la question de mon attitude lors de l’élection présidentielle de 2012.
Une addiction médiatique que l’âge n’a pas affaiblie
Défenseur des droits ? Pourquoi pas ? Bien logé, convenablement rémunéré, utilisable pour rendre service à des amis, ce poste de médiateur de la République vient d’être renforcé par l’intégration du « Défenseur des enfants », au grand dam de son actuelle titulaire, Dominique Versini. Et surtout, mieux que Jean-Paul Delevoye, Bernard Kouchner saura utiliser cette fonction pour se porter régulièrement aux avant-postes médiatiques, une addiction que l’âge n’a pas affaiblie, bien au contraire.
La gauche n’épargne pas ses quolibets à celui qui fut, naguère, sa tête d’affiche morale avant de se laisser séduire par les sirènes du sarkozysme. Principale incarnation de la politique d’ouverture du Sarkozy de 2007, il a eu la faiblesse, ou la vanité, de croire qu’il allait vraiment exercer la fonction de ministre des Affaires étrangères. Pour cela, Nicolas Sarkozy avait déjà tout ce qu’il lui fallait à la maison, notamment le redoutable Jean-David Lévitte, dont la proverbiale discrétion se double d’une connaissance approfondie des rouages de la politique mondiale. L’usage de Bernard Kouchner dans le dispositif sarkozyste était purement récréatif : il fallait au président un compagnon qui le distraie lors de ses multiples et souvent assommants déplacements à l’étranger. Il est incontestable que l’ami Bernard excelle en la matière : on ne s’ennuie jamais avec lui, il a de l’humour, de la répartie et un convenable stock d’histoires drôles pour détendre l’atmosphère lors des arides sommets européens, ou réunions des G8, 20 ou plus si affinités.
Mais pour ce qui était des choses sérieuses, la hard policy, celle où le réalisme l’emporte toujours sur les bons et grands sentiments, on lui fit gentiment, puis plus fermement, savoir qu’il devait se tenir à sa place, et laisser faire les professionnels, officiels et officieux, dont le président avait pris grand soin de s’entourer. À Guaino le grand projet (aujourd’hui en quenouille) d’Union de la Méditerranée, à Lévitte la délicate relation avec Washington et les grandes négociations internationales, à Guéant les palabres avec la Syrie pendant que Kouchner croit pouvoir jouer sa carte personnelle au Liban. Quand les choses se gâtent en Afrique, c’est à un avocat libanais, Robert Bourgi, que l’on confie la mission d’arranger les bidons avec Laurent Gbagbo ou Ali Bongo. Quand le torchon brûle avec Pékin à cause des manifestations parisiennes contre le passage de la flamme olympique, Jean-Pierre Raffarin est dépêché dans l’Empire du milieu pour arrondir les angles.
Une bonne manière : Ockrent à France 24
Comme on n’est pas des brutes, tout de même, à l’Elysée on concède au ministre en titre le pouvoir de placer quelques un(e)s de ses ami(e)s à des postes diplomatiques aussi agréables à vivre que bien rémunérés. C’est bien le moins, et Nicolas Sarkozy, de surcroît, vole au secours de Kouchner lorsqu’il est mis en cause par Pierre Péan pour des « affaires africaines » qui ne relèvent pas seulement de l’altruisme mondialiste du french doctor. La nomination de sa compagne Christine Ockrent, en tandem avec Alain de Pouzilhac à la tête de l’audiovisuel extérieur français (RFI et France 24) était encore une bonne manière faite à Bernard, en dépit du fait que cette nomination altérait notablement la crédibilité de ces médias dans des pays où on se méfie de la connivence de la presse et du pouvoir[1. La reine Christine, bien connue pour semer la zizanie dans toutes les rédactions qu’on a la mauvaise idée de lui confier, a fini par tellement exaspérer Alain de Pouzilhac que ce dernier est venu récemment demander sa tête à Nicolas Sarkozy. Sans succès, pour le moment]
Tout cela, Bernard Kouchner fait mine de le découvrir alors qu’il semble plus près de la sortie que de l’augmentation. Foin de fausse modestie : dès juillet 2008, je constatais, pour le déplorer, le statut de potiche de luxe (au moins du Sèvres, il n’y a que ça au Quai) que l’on faisait jouer à Bernard Kouchner. Cela me valut un coup de téléphone furibard de son directeur de cabinet, à l’époque Philippe Etienne, qui me gratifia d’un certain nombre de noms d’oiseaux rarement utilisés par les diplomates de carrière.
Pour être un grand ministre des Affaires étrangères, ou plus modestement un bon ministre, il faut être une franche crapule comme Talleyrand ou Roland Dumas ou un technicien retors comme Hubert Védrine. Et surtout servir un président doté d’une intelligence du monde et des hommes lui permettant d’utiliser au mieux les quelques atouts dont notre pays dispose encore pour faire valoir ses intérêts sur cette planète. Bernard Kouchner ne relevant d’aucune des catégories précitées, le souvenir de son passage au Quai d’Orsay relèvera davantage de l’histoire de la vie mondaine à Paris au début du XXIème siècle que de celle de la diplomatie planétaire pendant la même période.
On sait bien que le langage d’une époque est un révélateur décisif de ce qu’elle a dans le crâne. Parfois, il suffit de picorer les termes utilisés par une société donnée pour avoir une bonne idée de son état mental. C’est le cas pour le milieu littéraire contemporain. Dans les salons littéraires qui essaiment un peu partout en France (suivant ainsi l’exemple des instituts d’études politiques), il n’est par exemple question que d’ « auteurs », de « livres » et de « lecture ». Termes que l’on retrouvera à peu près partout dans la presse aux pages ou aux émissions culturelles et qui ont remplacé respectivement « écrivains », « romans » et « littérature ».
Dézinguer tous les masques idéologiques
Là où il y a un « auteur », il ne peut plus y avoir d’écrivain. L’auteur est un être interchangeable, qui peut d’ailleurs écrire autre chose que des romans. C’est une catégorie juridique : quelqu’un à qui on paie des droits, d’ « auteur », donc. Et s’il y a une chose que l’époque vénère, ce sont les catégories juridiques, surtout quand elles permettent d’effacer la réalité. On imagine d’ailleurs très bien plusieurs auteurs travaillant sur une œuvre. Alors que plusieurs écrivains écrivant un même roman, ce serait contre-nature (je compte pour rien Boileau et Narcejac, les Tic et Tac du polar de train à couchettes).
Ce remplacement de l’écrivain par l’auteur est, en littérature, une très bonne nouvelle pour les maisons d’édition. Une maison d’édition a une vision institutionnelle des choses : elle veut, inconsciemment peut-être, contrôler le produit et, par là, contrôler le sous-traitant. En l’espèce, le sous-traitant, c’est l’écrivain. L’écrivain : ce type qui écrit des romans pour dézinguer tous les masques idéologiques qui permettent à ses contemporains de croire qu’ils sont des gens bien. Qui est donc parfaitement incontrôlable. Dont les réactions sont erratiques. Qui rendra, s’il est en plus un bon écrivain, un produit fini non seulement inattendu, mais forcément scandaleux, puisqu’il sera vrai.
Bien entendu, il y a encore, dans certaines de ces maisons d’édition, des individus (un individu : voilà un être rare) qui recherchent encore des voix elles-mêmes individuelles, c’est-à-dire des écrivains. Ça existe, mais ces francs-tireurs sont forcément dans une situation instable face aux exigences de leur bureaucratie. De même qu’il y a encore des salons du livre décents, organisés par des libraires (donc des gens qui n’ont pas forcément quitté la réalité). Mais, le plus souvent, ce sont des spécialistes de l’événementiel, c’est-à-dire des entreprises de communication dirigées par des aliénés, qui sont aux commandes. Ces salons sont faciles à reconnaître. Ils organisent des concours de slam et usent d’une prose pseudo-humaniste acidulée qui vous prend à la gorge dès la première page du site internet. D’autant que les premiers responsables de cette situation, ce sont probablement les écrivains eux-mêmes. Il faut voir avec quel enthousiasme ils se sont débarrassés de ce fardeau : « écrivain ». Un peu comme si on disait à un type sur le front russe que la relève vient d’arriver. C’est bien de cela qu’il s’agit. Un écrivain, parfois, ça finit un petit matin frais au fort de Montrouge. Imagine-t-on demain un changement brutal de régime s’accompagnant d’une épuration d’ « auteurs » ? Pas de risque : aucun ne pense mal.
Une bêtise contente d’elle-même
« Auteur » ! Ils sont tous « auteurs », ils écrivent des « livres » et promeuvent bien volontiers la « lecture » (pourquoi pas dans les écoles ?). « Auteur », voilà qui n’engage à rien. « Ecrivain », même en étant inculte, cela évoque quelques grands noms du passé, qui vous dissuadent d’écrire vous-mêmes vraiment n’importe quoi. Pas un en tout cas qui écrirait à son éditeur comme le faisait Georges Darien en son temps (ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, la littérature a commencé à décliner lorsque les écrivains ont arrêté d’insulter leur éditeurs, ou peut-être lorsque ces derniers sont devenus susceptibles). L’évolution, sur le strict plan technique, a déjà commencé aux Etats-Unis (qui nous ont pourtant, et encore récemment, gratifié d’incomparables chefs d’œuvre, ne serait-ce qu’American Psycho) : de nombreux auteurs composent un plan scénarisé archi-détaillé pour ensuite rédiger les textes qui rempliront les petites cases blanches. Même une dissertation d’hypokhâgne offre plus de place à l’imagination. On voit bien l’intérêt des petits bureaucrates des maisons d’édition : on peut avoir un rapport d’étape, suivre l’édification de l’œuvre pas à pas, y mettre son nez si ça ne correspond pas à la « ligne éditoriale » (en matière de viande bovine, cela s’appelle la « traçabilité »), éventuellement substituer un auteur à un autre au beau milieu: « Billy-Bob est doué pour le scenario mais écrit vraiment comme un pied. Je vais le remplacer par Jacky-Joe, c’est prévu au contrat de toute façon, ils auront 50/50. » C’est dommage, pourtant, car rarement une époque n’aura offert le spectacle d’une bêtise aussi contente d’elle-même, et cela dans à peu près tous les domaines de la vie. Ce qui devrait en principe donner naissance à de bons romans. Mais il semble que les écrivains ne tiennent plus la route : après un grand roman, ils se taisent à jamais ou écrivent des choses désincarnées et prudentes.
Kirk Douglas incarne Charles Tatum, un journaliste au fond du gouffre.
Kirk Douglas incarne Charles Tatum, un journaliste au fond du gouffre.
La médiatisation de l’épisode de Copiapo, au Chili, où 33 mineurs sont bloqués depuis le 5 août par 700 mètres de fond et devraient le rester plusieurs semaines encore, avait en quelque sorte été anticipée par Billy Wilder dans Le Gouffre des chimères, un film sorti en 1951.
Kirk Douglas, journaliste abonné aux chiens écrasés, s’emparait d’un fait divers dont il devenait à la fois l’acteur et le témoin : découvrant un homme emprisonné dans un gouffre rocheux, il organisait les opérations de secours dont il assurait en même temps la couverture médiatique. Il mettait tout en œuvre pour retarder la délivrance de la victime et maintenir ainsi l’intérêt journalistique. Avec sa noirceur habituelle, le cinéaste dénonçait le sensationnalisme et ses conséquences dévastatrices.[access capability= »lire_inedits »]
Dans la mine de San José, la fiction est largement dépassée.
L’axiome selon lequel un drame est d’autant plus vendeur qu’il est judicieusement scénarisé y est parfaitement mis en pratique. Il est vrai que tout le monde y gagne : le pays, qui retrouve une fierté grâce à ses mineurs, l’héroïsme de quelques-uns rejaillissant sur tous, le Président Pinera, qui a inauguré son mandat avec un tremblement de terre et un tsunami et souhaite laisser une autre image, la reconstruction patinant un peu, les propriétaires de la mine qui espèrent que l’engouement pour le feuilleton fera oublier les vraies questions sur la sécurité, sans oublier les familles qui trompent leur attente et la presse qui tient son public en haleine. Une aubaine, vous dis-je.
Victor Segovia, l’écrivain de la mine
Du point de vue du storytelling, la palme revient à Victor Segovia, l’un des sinistrés, bombardé, grâce à son journal intime « écrivain de la mine », un titre qui fleure la fausse admiration et le vrai mépris, par exemple quand on parle de son écriture ronde et enfantine. Voilà ce qu’on appelle désormais « informer » : révéler la supposée personnalité profonde des êtres qui se déploie grâce à l’épreuve, broder sur le moment crucial où l’éboulement de la galerie principale va transformer la chrysalide noire de charbon en un papillon céleste dont les mots s’envolent vers l’air libre.
Mais, pour que le conte enchante, il faut qu’il soit vrai. La ressemblance avec des personnages existants ne saurait être fortuite. Aussi les médias passent-ils au crible la vie de cet homme nanti de neuf frères et sœurs, père de cinq filles, séparé de son épouse et connu jusque-là pour jouer de la musique, pas pour aligner des phrases. Pas une parcelle de sa vie privée ne doit échapper aux projecteurs. Nous devons tout savoir de Victor avec la complicité, inconsciente ou volontaire, de ses parents qui, à la surface, se livrent une lutte impitoyable pour la captation du geyser de gloire venu d’en bas. D’un côté, les fidèles, la fille aînée, la mère, ceux qui l’ont toujours supporté malgré son caractère autoritaire et son goût prononcé pour l’alcool (mais à Copiapo, quel mineur ne boit pas ?), et les opportunistes, à commencer par Soledad, son épouse qui, telle la Pomponnette de Pagnol, revient attendre celui qu’elle a quitté il y a cinq ans − attendre les millions ou le voyage en Grèce promis par le Président Pinera, susurrent les mauvaises langues. C’est qu’au-delà du quart d’heure de célébrité parti pour durer quelques semaines, il y a les dons, les cadeaux. Et je gage qu’il ne faudra pas longtemps pour qu’un éditeur lui propose de publier un livre-témoignage intitulé Solitude d’un mineur de fond.
Dans le film de Wilder, la femme de la victime déclare au journaliste, dont elle est devenue la maîtresse : « Vous bénissez autant que moi ces rochers qui nous écrasent. » Verra-t-on bientôt Soledad faire une déclaration similaire devant les caméras ?
J’allais oublier le défilé quasi quotidien de ministres qui n’ont, semble-t-il, pas de travail plus urgent, les 33 maillots dédicacés par l’équipe nationale de football et les 33 chapelets bénis par le pape.
Sans vouloir jouer les oiseaux de malheur, je rappelle que le fait divers réel qui avait inspiré Billy Wilder, la chute d’une fillette de trois ans dans un puits abandonné, s’est mal terminé. L’émoi national, les milliers de badauds accourus sur les lieux et les moyens colossaux mis en œuvre n’avaient pas changé le cours des choses : la fillette avait été découverte morte et la foule s’était dispersée comme elle était apparue. De même que l’émotion suscitée par le séisme du 27 février 2010 s’est dissoute dans la mine, il est à craindre que les mineurs, une fois à l’air libre, retombent dans un anonymat aussi brutal et destructeur que leur subite célébrité.
Au fait, le titre original du Gouffre des chimères était Big Carnaval. On ne saurait mieux dire.[/access]
Si pour vous un bon clown est un clown mort, alors vous apprécierez grandement Stand up, la dernière pièce de Gérald Sibleyras, jouée au Théâtre Tristan Bernard. Celle-ci repose sur trois très beaux personnages, magistralement incarnés par les comédiens. Le premier (Philippe Uchan) est un psychopathe désinhibé fan de stand up, un ancien tueur à gages, d’une enfantine bestialité. Il possède les deux qualités indispensables pour devenir ce que nos contemporains nomment « un comique » : une méchanceté viscérale et primitive et une absence radicale de tout sens de l’humour.
Le deuxième personnage (Gilles Gaston-Dreyfus) est un marchand de rire fatigué, organisateur et animateur du Festival du Rire de Morlaix. La tirade par laquelle il ouvre le Festival du Rire est un grand morceau de bravoure. Il s’agit d’un interminable éloge du rire, déclamé avec une énergie et une bonne humeur aussi stupéfiantes que factices. L’animateur nous annonce que nous allons rire sans relâche et accumule jusqu’à l’épuisement tous les clichés actuels sur le rire. Sa bonne volonté, son désir et son angoisse de bien faire sont en même temps d’une très touchante humanité. Mais il dévoile malgré lui ce qui se cache dans les coulisses du rire contemporain. Le rire devenu une injonction permanente, exténuante, du surmoi postmoderne (si l’on me pardonne l’oxymore).
La revanche de l’humour sur le rire
Pourtant, ce qui rend cette tirade encore plus hilarante, c’est la présence, aux côtés de l’animateur, du troisième personnage (Grégoire Bonnet). Celui-ci est un célèbre comique devenu radicalement dépressif. À mesure que progresse le discours de l’animateur, son corps et son visage expriment un désespoir, une prostration, un accablement qui ne cessent de s’aggraver. Par malheur, ce comique est l’invité d’honneur du festival. Le discours qu’il prononce lorsque vient son tour constitue le second sommet hilarant de la pièce. Suscitant l’horreur stupéfaite de l’animateur, il se lance dans des considérations désespérées et sans fin sur la mort et la maladie. Pourtant, il ne s’agit là que de l’un des tout premiers désastres qui s’abattront sur le Festival du Rire de Morlaix.
Par temps de terreur hyperfestive, rien n’est plus beau et drôle que des clowns en déroute et des boute-en-train qui déraillent. Grâce à Stand up de Gérald Sibleyras, l’humour prend enfin une éclatante revanche sur le rire.
On apprend que la municipalité de Toulouse vient de recruter en grande pompe six « chuteurs ». Qu’est-ce qu’un « chuteur » allez-vous demander ? Un cascadeur ? Que nenni ! Vous allez tomber de haut: en langage moderniste, un « chuteur » est un « médiateur » chargé de lutter contre le tapage nocturne, armé de cette arme fatale qu’est le « Chut! ». Le but de la municipalité –d’après l’AFP- est de préserver la bonne réputation d’une ville rose festive égayée en continu par les agapes, bacchanales, orgies et autres réjouissances bruyantes de plus de 100.000 étudiants, à qui il convient parfois de calmer les ardeurs.
Le maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen déclare fièrement, dans la plus pure tradition nostalgique des emplois-jeunes aubrystes de sinistre mémoire : « Toulouse est une ville où on fait la fête et on a la volonté qu’elle soit à la fois festive et tranquille (…) Aujourd’hui, il y a de nouveaux métiers à inventer pour construire la tranquillité publique, on a lancé l’idée des médiateurs-chuteurs ». Ces six employés municipaux seront rattachés à l’Office de la tranquillité, qui est en place depuis un an et permet déjà de recueillir les plaintes des habitants. Les chuteurs-mercenaires pourront désormais intervenir à la vitesse de l’éclair sur les lieux du crime, tels des commandos modernes de la bienséance, afin de sauver la fête par leurs «Chut!» fermes et bienveillants, et leur art citoyen de la médiation anti-bruit.
La chute de l’histoire n’est pas encore écrite, mais il est fort probable que les Toulousains tombent de haut devant les actions de cette nouvelle « police de la fête »… dont les « chut » de proximité n’interrompront peut-être pas le boucan des festifs, mais viendront le rejoindre pour qu’il puisse se poursuivre !
À 31 ans, Jimmie Åkesson a changé la donne politique en Suède grâce à un électorat vieillissant.
À 31 ans, Jimmie Åkesson a changé la donne politique en Suède grâce à un électorat vieillissant.
En braquant ses projecteurs sur la percée de l’extrême droite aux élections législatives du 19 septembre en Suède, la presse est passée à côté d’un phénomène beaucoup plus important. Au lieu de se payer une quinzaine antifasciste, il aurait été opportun de dévoiler le véritable enjeu de cette campagne : le poids prépondérant de l’électorat âgé. Ainsi, entre les deux grandes formations politiques suédoises, les sociaux-démocrates « verts-rouges » de Mona Sahlin et les modérés dirigés par le Premier ministre sortant, Fredrik Reinfeldt, ce fut à qui promettrait au « troisième âge » les plus gros avantages fiscaux. Finalement, Reinfeldt, dont la proposition était − logique − plus modérée, l’a emporté sur Sahlin qui avait pourtant présenté un « paquet fiscal » beaucoup plus généreux (33% de plus) que la concurrence. Sa bonne gestion de l’économie − et surtout de la crise − ont probablement fait la petite différence en faveur du chef de la majorité sortante.[access capability= »lire_inedits »]
L’immigration racontée à ma grand-mère
C’est sous cet angle-là que la campagne et le résultat des Démocrates de Suède (SD) de Jimmie Åkesson, une version locale de notre Front national, prennent tout leur sens. Prônant une limitation de l’immigration, une politique d’assimilation et une lutte plus vigoureuse contre la criminalité, le très jeune Åkesson (31 ans) a cependant choisi comme thème-phare de sa campagne l’amélioration du sort des personnes âgées − qui, il est vrai, n’est pas sans rapport avec les sujets cités précédemment. On peut même avancer que ce fut le socle de la campagne du leader des SD. Sur son clip de campagne, on voit une grand-mère, appuyée sur son déambulateur, se diriger péniblement vers l’argent public, quand un groupe de femmes en burqa la dépasse pour atteindre avant elle le fonds d’aide de l’Etat. De l’immigration et de l’islamisme radical racontés à ma grand-mère…
L’autre grand thème de la campagne des SD, l’insécurité et le durcissement de la lutte contre la criminalité, répond, lui aussi, à une préoccupation particulièrement répandue chez les personnes âgées. Là-bas comme ici, les vieux, majoritairement des femmes souvent seules et faibles, sont plus touchés que le reste de la population par la petite délinquance.
Si, dans ce pays imprégné de valeurs protestantes, la campagne électorale visait principalement ceux qui sont nés pendant la première moitié du siècle dernier, ce n’était pas seulement pour suivre le sixième commandement − « Tu honoreras ton père et ta mère » : sur les 7 millions de Suédois inscrits sur les listes électorales, 1,7 million, soit près d’un quart de l’électorat, sont des retraités. De plus, leur taux traditionnellement élevé de participation aux élections leur confère un poids politique encore plus important que celui que leur vaudrait leur force numérique. Bien qu’il existe depuis 1987 un parti de retraités (le Parti pour les intérêts des seniors, SPI), il reste marginal dans le paysage politique. Or, si les personnes âgées ne se considèrent pas comme une communauté ou une classe sociale – encore que cette réalité est peut-être appelée à évoluer −, elles représentent, en termes de marketing politique, un segment dont l’importance ne cesse de croître. L’offre politique finit nécessairement par suivre, comme c’est en train de devenir le cas chez nous.
Si la vieillesse est l’avenir des individus, elle ne saurait être l’horizon des sociétés
En France, la Constitution de la Ve République et la méfiance à l’égard des intérêts particuliers, bien ancrée dans la culture politique, n’encouragent pas le développement de partis sectoriels à la suédoise[2. Pays où il existe même un parti de Pirates du Web dont le programme politique réclame la quasi-suppression des droits d’auteur sur Internet.]. En revanche, les préoccupations du « troisième », voire du « quatrième âge », pèsent de plus en plus dans le débat politique. En 2007, la victoire de Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal a été acquise grâce au soutien massif des plus de 65 ans. Si on se fie à la jurisprudence suédoise, il y a gros à parier que les mêmes décideront de son sort en 2012. Cette logique est désastreuse, aussi bien en Suède qu’en France. Si, en France, une enquête récente révèle l’ampleur de l’angoisse des jeunes face à un avenir perçu comme menaçant plutôt que comme prometteur, les Suédois de moins de 25 ans, qui enregistrent un taux de chômage de 25%[4. Sans compter ceux qui prolongent leurs études faute de trouver de l’emploi.], ne devraient pas tarder à adopter une vision plus sombre du futur.
Face au piège démographique, il faut rappeler que, si la vieillesse est notre avenir en tant qu’individus, elle ne saurait être l’horizon de nos sociétés. Que le cadre soit le modèle français si malmené ou le modèle suédois tant vanté, toute politique de solidarité doit se fixer comme priorité et même comme une urgence absolue l’insertion des jeunes dans la vie active. Ce ne sont pas les femmes en burqa qui menacent l’équilibre des caisses de retraites – quels que soient les problèmes bien réels qu’elles incarnent par ailleurs − mais la diminution du nombre d’actifs appelés à alimenter ces fonds dans les décennies qui viennent.[/access]
Vous l’avez certainement déjà remarqué, nos amis les hommes aiment que ça aille vite et pendant que vous mijotez longuement dans votre bain mousseux parfumé aux essences santal-verveine offertes par belle-maman à Noël, Monsieur, lui, prend une douche. En vitesse.
De même, puisque la douceur de fin de saison est au rendez-vous, vous organisez une petite randonnée avec enfants, amis et chiens. Le meilleur moment ? Le pique-nique, bien sûr. Et tandis que vous étalez sur les jolies nappes vos salades sophistiquées, vos quiches savantes et vos pâtes aux truffes, l’homme, debout, a déjà englouti son sandwich mozzarella-jambon de Parme-tomates séchées. Vous le lui précisez car ses papilles gustatives n’ont pas eu le temps de capter l’info. Et alors que vous commencez à vous servir, dans ces adorables bols verts et bleus, incassables, de ce délicieux taboulé dont votre amie a le secret, l’homme de votre vie, toujours debout, lance un « Bon, on y va ? »
Toujours dans le registre alimentaire, il ne vous aura pas échappé que ces messieurs vous disent plus souvent « Qu’est-ce qu’on mange, ce soir ? » que « Je t’aime comme au premier jour », allez savoir pourquoi. Vous répondez que vous avez prévu un dos de saumon au romarin, asperges blanches, gratin dauphinois et sauce au Roquefort. Et pour l’entrée, vous envisagez une tatin de poivrons confits. C’est à ce moment que l’idole de vos jours déclare « Oh, non, pas d’entrée, pitié, ça prend trop de temps! » Et vous abrégez les souffrances du repas familial en renonçant à l’entrée, vous consolant à l’idée qu’en votre absence il mange directement dans le frigo, à même la barquette de lasagnes Picard qu’il n’a pas pris le temps de réchauffer, même le micro-onde étant d’une lenteur désespérante.
Bref, les hommes sont pressés. Pourquoi ? D’ici quelques décennies, des savants trouveront peut-être la réponse, mais d’ici là, il faut nous contenter du constat.
C’est ce qu’a fait Laetitia Schlumberger, créatrice de lingerie. Vous me direz que ça ne prend pas forcément trois heures d’ôter le string de sa partenaire. Mais tout de même, ça prend du temps, une jambe, puis l’autre, on n’a pas que ça à faire. Donc, pour optimiser le rendement si cher à nos chers, Madame Schlumberger a conçu la lingerie aimantée, commercialisée par Dement. Une légère pression et hop ! la fine dentelle s’ouvre à hauteur des hanches, plus besoin de traîner et de perdre un précieux temps en manœuvres inutilement stressantes. On peut boucler l’affaire en cinq minutes. Puis une douche express et un reste de saumon dans le frigo pendant que Madame se fait couler un bain.
Un petit conseil pratique, toutefois, Mesdames. Si vous optez pour cette lingerie tout à fait révolutionnaire, ne vous approchez pas trop de la porte du frigo. Vous risqueriez d’y rester scotchée par vos aimants, entre la liste de courses pour le prochain pique-nique et la facture de gaz !