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Non au procès d’intention !


Non au procès d’intention !

Non, vraiment, il y a des limites à ne pas dépasser en démocratie, surtout quand on occupe la fonction suprême. La façon dont la Présidente Ségolène Royal vient de s’exprimer à propos de son principal challenger pour 2012, Nicolas Sarkozy, est indigne, n’ayons pas peur des mots.[access capability= »lire_inedits »]

On sait que la séquence que vient de traverser la Présidente a été difficile. Le retrait de son projet de retraite à 62 ans sous la pression des manifestions monstres et des députés de sa propre majorité l’a bien entendu affaiblie et les agences de notation, qui menacent de dégrader la note française, ont galvanisé l’opposition et le premier d’entre les opposants, Nicolas Sarkozy. Le remplacement à Matignon de Dominique Strauss-Kahn par Martine Aubry, à la tête d’une équipe ministérielle resserrée, a été interprétée avec raison comme un virage « à gauche toute » et un retour de l’Etat PS pour les derniers mois du quinquennat.

Les sondages, du coup, indiquent une certaine inquiétude et l’institut Opinionway/Le Figaro donne même, pour la première fois depuis 2007, Nicolas Sarkozy victorieux contre la Présidente sortante par 51%. Est-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ségolénien ? Sa dernière prestation télévisée face à une Claire Chazal peu pugnace, un Denisot transparent et un Pujadas complaisant, a manifestement choqué par son agressivité et dérouté jusque dans son propre camp.

La présidente s’est en effet livrée à un exercice uchronique stérile et agressif, refusant de répondre à toutes les questions sur son bilan mais imaginant à chaque fois ce qu’aurait fait celui qu’elle a battu en 2007 s’il avait été élu. Et le tableau qu’elle a tracé d’une France qui aurait été « berlusconisée », où le pouvoir serait devenu « hyper-présidentiel » et se serait exercé au profit de patrons que Sarkozy n’aurait pas hésité à réunir le soir même de son élection « dans les salons de l’Automobile Club ou, pourquoi pas, du Fouquet’s » a carrément sombré dans la caricature. Caricature qui s’est encore aggravée quand la Présidente est venue sur le terrain de la sécurité. « Oui, nous sommes dans la prévention et non dans la répression, a-t-elle dit, faisant allusion à son discours de Grenoble, cet été, après les incidents de Villeneuve ou de Saint-Aignan. Ce n’est pas le cas de M. Sarkozy qui a assez prouvé, du temps qu’il était ministre de l’Intérieur, quel va-t-en guerre il était. Et il n’aurait pas hésité, d’ailleurs, à instrumentaliser l’insécurité, à faire le lien entre immigration et délinquance et, pourquoi pas, à proposer un ministère de l’Identité nationale. »

Même proféré sur le ton de la plaisanterie, c’est ce dernier point qui a particulièrement indigné l’opposition, et même certains partenaires de la majorité comme François Bayrou, inamovible ministre de l’Education, qui a déclaré : « Elle, c’est elle et moi, c’est moi. »

Les proches de M. Sarkozy ont, eux, réagi avec virulence. Frédéric Lefèvre s’est déclaré « consterné » et pense que « la Présidente a perdu ses nerfs et reste dans le procès d’intention ». M. Hortefeux, quant à lui, n’a pas hésité à parler de « fantasme » et de « reductio ad pétainum » blessante pour tous les républicains.[/access]

Décembre 2010 · N° 30

Article extrait du Magazine Causeur



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