Le meilleur restaurant du monde envoie ses clients à l’hôpital


Décidément, les médias ont la mémoire plus que courte. Alors qu’en mars 2013, ils annonçaient tous la fermeture du restaurant Noma, à Copenhague, déjà consacré trois fois meilleur restaurant du monde en 2010, 2011 et 2012, pour cause d’hospitalisation de 63 clients frappés d’intoxication alimentaire, les voici bêlant à l’unisson la victoire retrouvée du chef René Redzepi. On imagine ce qui se serait produit si les restaurants de Paul Bocuse, Joël Robuchon ou Alain Ducasse avaient été fermés pour avoir intoxiqué 63 clients. Anathème et déshonneur assurés suivi d’un lynchage médiatique. Pour le restaurant danois, amnésie et amnistie.

Curieusement, les autres lauréats de ce prix organisé par la revue anglaise Restaurant et financé par Nestlé via son eau minérale italienne San Pellegrino, ont eux aussi été frappés par des accidents sanitaires graves. Champion en 2006, 2007, 2008 et 2009, Ferran Adria, chef du restaurant El Bulli, à Rosas, près de Barcelone, a lui aussi envoyé quelques dizaines de clients aux urgences de l’hôpital de la ville. La palme revient à l’anglais Heston Bluementhal, meilleur restaurant du monde 2005, présent depuis plusieurs années dans le peloton de tête, qui connut une fermeture administrative de plusieurs semaines en 2009 pour avoir envoyé… 527 clients à l’hôpital. Autant de « bonnes tables » ayant conservé leur étoiles au guide Michelin, trois pour Heston Bluementhla, deux pour René Redzepi.

Le plus étonnant est que ces restaurateurs préfèrent invoquer la présence d’un norovirus lié à des négligences hygièniques plutôt que de reconnaître que le problème vient des additifs et adjuvants chimiques utilisés dans les recettes moléculaires mis en valeur dans ces établissements, tels les alginates E401, la cellulose méthylée E461, l’amidon transformé E1142, le monoglutamate de sodium E621, les carraghénanes et les polysaccharides E407, le stabilisant E450, le xantana E415 et l’azote liquide. En réalité, ce concours est une vaste pantalonnade qui n’a d’autres objectif que la promotion internationale de restaurants adeptes de la cuisine moléculaire. Le traitement sans recul qu’en fait la presse française est affligeant et en dit long sur les capacités d’amnésie ou d’amnistie du monde médiatique.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent 1810-2014 : Peugeot, une histoire française
Article suivant Esprit public, esprit de soumission

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération