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Migrants en Italie: que trafiquent donc les ONG?


Migrants en Italie: que trafiquent donc les ONG?
Migrants à la frontière italienne, juin 2017. SIPA. AP22066895_000007
Migrants à la frontière italienne, juin 2017. SIPA. AP22066895_000007

Les récits de sauvetage in extremis de migrants africains au large des côtes italiennes que publient régulièrement les médias ont de quoi retourner les cœurs les plus secs. Mais sont-ils toujours crédibles ? En Italie, bien des gens se posent la question depuis des années, mais personne n’osait trop en parler. On peut même dire que les connaisseurs de ces questions savaient qu’il y avait un loup, mais préféraient regarder ailleurs : il est souvent suicidaire de prendre à rebrousse-poil l’émotion légitime suscitée par les drames humains à répétition et les images terribles qui les accompagnent.

Mais l’horreur peut-elle servir de paravent au mensonge, voire au viol de toutes les lois en vigueur sur l’immigration illégale ? Ce n’est pas l’avis de Carmelo Zuccaro, le procureur de Catane, en Sicile, qui, dans une interview au quotidien La Stampa, a ébranlé l’omerta médiatique : « Nous avons des preuves flagrantes qu’il y a des contacts directs entre certaines ONG et les trafiquants d’êtres humains basés en Libye. Nous ne savons pas encore comment utiliser ces informations mais nous sommes assez certains de nos allégations. Des coups de fil qui partent de la Libye vers certaines ONG, des phares qui éclairent le chemin vers les bateaux de ces organisations, des navires qui désactivent leur émetteur à l’improviste sont des faits avérés. »

Grandes consciences choquées… par sa déclaration

Le procureur de la République pointe notamment du doigt l’ONG[access capability= »lire_inedits »] maltaise MOAS (Migrant Offshore Aid Station), fondée par un couple italo-américain d’« entrepreneurs humanitaires » hyper-médiatiques, Christopher et Regina Catrambone. Des photos publiées par le journal Times of Malta prouvent que, depuis des années, cette association sert de « taxi » aux migrants qui souhaitent rejoindre les côtes italiennes avant de poursuivre leur voyage vers le nord de l’Europe. Pour le procureur, il ne s’agit pas d’action humanitaire, mais de trafic d’êtres humains.

Bien qu’une enquête soit en cours, le président du Conseil italien Paolo Gentiloni a tenu à intervenir dans le débat pour féliciter en bloc les ONG et les services de l’État : « Je remercie les bénévoles, les garde-côtes et la marine qui sauvent des vies chaque jour. Nous, nous en sommes fiers. » Ce désaveu implicite n’a pas intimidé Zuccaro. Entendu le 3 mai par la commission de la Défense du Sénat, le procureur a apporté des preuves supplémentaires de ses assertions, en prenant soin de préciser qu’il ne visait pas toutes les ONG, mais seulement celles impliquées dans la collaboration avec « tous ceux qui profitent de ce business, à commencer par les mafias ». Une déclaration qui a choqué bien des grandes consciences. Souvent les mêmes qui accusent la mafia de s’être infiltrée dans tous les secteurs de la vie publique italienne. Partout, donc, sauf dans l’humanitaire…[/access]

Juin 2017 - #47

Article extrait du Magazine Causeur




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