Pétoche «made in France»


Vous le savez déjà ou pas, cela vous a interpelé ou pas : le film Made in France de Nicolas Boukhrief, long métrage de fiction tourné avant les attentats meurtriers de janvier et novembre 2015 à Paris qui « raconte l’histoire d’un journaliste infiltrant une cellule jihadiste désireuse de commettre un attentat à Paris », dont la sortie a déjà été repoussée par deux fois, ne sera pas projeté en salles. Il ne sera visible qu’en VOD, à partir du 29 janvier.

La décision, pour ce qu’on en sait, ne viendrait pas « des autorités » mais des salles de cinéma qui avaient initialement prévu de le diffuser. Euh… les mêmes qui « étaient Charlie » il y a peu et n’ont nullement hésité, par le passé, à projeter les sulfureux Gomorra ou La Dernière tentation du Christ ? Il est vrai que l’action de ces films ne se déroulait pas en France…

Du film même, de ses qualités ou de ses défauts, je ne dirai rien puisque je ne l’ai pas vu. Et pour cause.

Mais il est curieux, pour ne pas dire grotesque, scandaleux et symptomatique, à l’heure où la moindre historiette totalement dépourvue d’intérêt se voit désormais affublée et affligée de la mention « inspiré de faits réels » (comme si la fiction n’avait pas sa légitimité propre) que l’on censure, « au pays de la liberté d’expression »™, une œuvre de fiction parce qu’elle fait « trop écho » à un réel qui concerne pourtant très directement les Français et même les non-Français qui vivent chez nous.

J’avais envie de le voir, moi, ce film. Et de le voir au cinéma, dans l’un de ces cinémas qu’on entend régulièrement pleurnicher pour qu’on les soutienne, ces hérauts de « l’exception culturelle française » (Quant au préjudice moral et financier pour les producteurs et tous ceux qui ont travaillé sur « Made in France », qui s’en soucie ? Personne.)

Tant pis pour moi et tant pis pour toutes celles et ceux qui n’ont pas d’abonnement à une plateforme de VOD et n’en veulent pas. Nous le verrons un jour à la télé ou sur le petit écran de notre PC, après l’avoir téléchargé illégalement. Ainsi chacun, spectateurs, distributeurs, cinémas, créateurs et producteurs du film, y aura perdu. Et pas seulement du temps.

Made in France Nicolas Boukhrief



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