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Le prince est mort, vive le prince!

Moquée par certains Français, la monarchie britannique fascine beaucoup d'autres


Le prince est mort, vive le prince!
La reine Elizabeth II et le prince Philip, novembre 2020 © GEORGE ROGERS/SIPA Numéro de reportage : 00991878_000001

Si les tabloïds d’outre Manche ont souvent la dent dure avec la monarchie britannique, en France c’est Le Monde qui s’est illustré avec un article peu amène le jour du décès du prince Philip.


La famille royale britannique a annoncé ce vendredi le décès de Philip Mountbatten Duc d’Edimbourgh, à l’âge de 99 ans, époux d’Elizabeth II depuis 73 ans. Il avait subi une intervention cardiaque en février. Le président français Emmanuel Macron a salué « une vie exemplaire définie par la bravoure, le sens du devoir et son engagement en faveur de la jeunesse et de l’environnement. »

À mon grand étonnement, les réseaux sociaux ont vu fleurir nombre d’hommages sincèrement émus de la part de nos compatriotes. Les guillotineurs de monarque que nous sommes ont en effet toujours eu une fascination certaine pour la famille royale d’Angleterre, ses frasques et ses malheurs. En témoigne l’énorme succès de la série The Crown sur Netflix où Philip est dépeint comme un homme de caractère, à la fois désabusé et impliqué dans le destin des Windsor.

Ce fut un début de réhabilitation pour cet homme, que nous Français, connaissons seulement dans son rôle de prince consort que le protocole obligeait à marcher deux pas derrière Sa Majesté.

En réalité sa vie, sa naissance, furent terriblement romanesques.

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Né le 10 juin 1921 en Grèce, il est le petit-fils de Georges 1er de Grèce, issu de la famille royale du Danemark. Suite à un coup d’État lorsqu’il avait l’âge de 18 mois, sa famille dut quitter précipitamment le pays. La légende veut qu’il fut caché dans un cageot d’oranges le temps de la traversée en bateau. Sans le sou, ils vécurent à Paris aux frais de Marie Bonaparte. Philip est envoyé dans une école anglaise en 1928.

Lorsque Elizabeth le rencontre en 1939, elle n’a que 13 ans, lui 18. On dit qu’elle tomba immédiatement amoureuse de ce beau gosse au physique d’acteur hollywoodien. Ils se marient en 1947, malgré la désapprobation des Windsor qui estime ce prince quelque peu déchu.

Picadilly Circus, hier soir © Alberto Pezzali/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22556658_000017
Picadilly Circus, hier soir © Alberto Pezzali/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22556658_000017

La vie de Philip ne fut faite que de renoncements. Il renonça à sa brillante carrière navale qu’il effectua sous la houlette de Lord Mountbatten, son mentor, à qui il emprunta le nom. Il abandonne également ses titres grecs et danois ainsi que la religion orthodoxe. Buckingham vaut bien une messe.

Elizabeth fut rapidement sacrée reine, et commença pour Philip sa longue carrière de prince consort. « Je suis votre obligé pour la vie », lui dit-il. Obligé qui fit preuve pendant la durée de son job de « monsieur Elizabeth II » d’un humour mi british mi douteux, que Le Monde (nous y reviendrons), a qualifié de « raciste et condescendant »… Ce sont des saillies finalement assez drôles et surtout d’un autre siècle, qui paraissent effectivement douteuses à l’aune du monde post colonial « wokiste » que nous connaissons. En effet, il lança au président du Nigeria qui recevait le couple royal en boubou: « On dirait que vous êtes prêt pour aller au lit ! », il demanda à un aborigène s’il se battait à coup de lances, et, ma préférée, à Elton John, adoubé chevalier par Sa Majesté: « Est-ce vous qui êtes venu dans cette voiture ridicule ? »

Bien que le couple qu’il forma avec Elizabeth fût souvent cité en exemple, on le disait coureur. On lui connaît une romance avec une danseuse qu’il ne rencontra que quelquefois mais avec qui il entretiendra, parait-il, une correspondance enflammée. Cela n’empêcha son épouse de le considérer comme son « roc » et même de l’appeler « mon chou » en privé. Les couples royaux sont comme tous les couples.

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Au milieu des hommages quasi unanimes, Le Monde s’est donc distingué en publiant un article, le corps du prince à peine tiède, que je qualifierais d’indigne. Le quotidien de référence, désormais thuriféraire de l’idéologie woke, y évoque la prétendue « condescendance et le racisme impérial » du prince. Racisme. Le mot est encore une fois lâché. Le péché capital de notre temps, selon la gauche qui le voit partout. Elle qui n’aime rien plus que de contextualiser, elle se garde bien de le faire dans certains cas. Car oui, Philip fut un homme de l’ancien monde, un vestige de l’empire britannique, et de la vieille Europe monarchiste, dont les valeurs étaient bien différentes des nôtres. Faut-il s’en offusquer ? Rien n’est moins sûr. D’autant plus que sa mère, Alice Battenberg, sourde et schizophrène, fut reconnue juste parmi les justes pour avoir hébergé une famille juive pendant la guerre.

Mais déjà, comme souvent, les embrouilles familiales des Windsor commencent à agiter la presse.

L’intrigante Meghan, assistera-t-elle aux obsèques ? Les paris sont ouverts.

Quant aux sujets de Sa Majesté, fidèles à tout jamais à leurs « royals », ils sont allés déposer, malgré le covid, des gerbes de fleurs devant les grilles de Buckingham. Des images fort sympathiques. God save the Queen !



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est enseignante.

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