La confession d’un enfant de la télé


On devrait toujours lire TV-Magazine. Dans sa dernière livraison, le supplément du Figaro abonné aux tables basses donne la parole à Alexandre Devoise, ancien comparse de Philippe Vecchi sur Canal +, devenu doublure cathodique d’Arthur après des années de purgatoire de TNT, et bientôt intronisé co-présentateur de Téléshopping sur TF1. D’animateur branché à homme-sandwich pour ménagère, a priori, ça sent un peu le sapin pour qui veut parader dans les boîtes parisiennes. Pas une seconde, répond Devoise : « En exagérant un peu, faire vendre des livres dans La Grande Famille (Canal+) ou des aspirateurs dans Téléshopping, ce n’est pas si éloigné! C’est la même proximité avec le quotidien du téléspectateur. » Langue de bois ? Détrompez-vous : s’il est une erreur de Debord, c’est bien d’avoir défini notre époque comme l’ère du soupçon généralisé.

En fait, la vérité suinte par tous les pores de notre système navrant de transparence, au point qu’on en entend les acouphènes de la bouche-même de ses animateurs. TF1 et Canal même combat : sans se concerter, les ailes droite et gauche du capital vendent du temps de cerveau disponible (©Le Lay), l’une au bobo pseudo-intello fan de Christine Angot (admirez l’assonance digne des plus beaux passages de Pourquoi le brésil ?), l’autre à la mère de famille et au patron de PME qui votent UMP ou FN pour abattre l’introuvable « dictature socialiste ». Au marché de l’insignifiance, un roman lambda écrit dans la novlangue contemporaine vaut bien un kit minceur par électrodes. Je regrette d’ailleurs qu’il existe si peu de marxistes pour noter qu’au niveau de la valeur d’usage, la première camelote n’égale pas la seconde…

On saura donc gré à Alexandre Devoise d’être si facilement passé aux aveux. Et si sa sincérité vous défrise, dites-vous bien que la télévision fait beaucoup pour la culture. La preuve ? Comme disait Groucho Marx, « dès qu’on l’allume, je pars dans la pièce à côté lire un livre » !



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est journaliste.

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