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Cartes postales méconnues du Proche-Orient

Les médias français ne vous les montrent pas, mais il faut bien les lire


Cartes postales méconnues du Proche-Orient
Tel Aviv, mai 2020 © Oded Balilty/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22457058_000002

Les médias français ne vous les montrent pas, mais il faut bien les lire aussi…


L’annexion prévue par le gouvernement israélien des colonies juives en Cisjordanie prépare le monde à une énième vague des tensions au Proche-Orient, et partout ailleurs. Les déclarations politiques se multiplient, les juifs de la diaspora redoutent une nouvelle montée de l’antisémitisme, et la population arabo-musulmane déplore une nouvelle trahison de la part de la communauté internationale. Le risque d’une escalade militaire dans la région demeure important. 

Pourtant, les cartes postales qui parviennent de cette partie du monde amènent aussi une autre vérité. La négliger serait aussi malhonnête qu’irresponsable. Et si pour une fois, nous changions le prisme médiatique qui voit les évènements israélo-arabes uniquement à travers les tirs des roquettes et les ripostes militaires de Tsahal?  

Un autre regard

Parmi ces cartes postales, il y a celle d’Usayed, le bébé syrien opéré du cœur à l’hôpital de Tel-Aviv la semaine dernière. Venu avec son père en provenance du Chypre, où ils sont réfugiés depuis quelques années, Usayed fait partie des cinq mille enfants palestiniens, syriens ou irakiens, déjà soignés en Israël. Grâce au travail de l’organisation « Save a child’s heart », des diplomates des pays associés et des médecins israéliens. Si la planète a souvent vu les images des enfants morts dans cette partie du monde sous les balles aveugles des soldats et les couteaux des terroristes, celles des enfants arabes soignés dans les hôpitaux israéliens, elle ne les voit que beaucoup plus rarement.

Au mois de mai, le monde a également vu un avion de la compagnie nationale des Émirats Arabes Unis atterrir à l’aéroport Ben Gourion. Une première ! Cet évènement a marqué une nouvelle étape dans le rapprochement de deux pays, observé déjà depuis un certain temps, malgré les désaccords géopolitiques, y compris sur la question des colonies.  

Des ouvertures

On pourrait rapprocher l’image de l’avion émirati sur le sol israélien à celle de la ministre de la Culture de l’État hébreu Miri Regev à la Grande mosquée d’Abou Dabi, il y a deux ans. Voir l’ancienne porte-parole de Tsahal et général de brigade, un foulard lui couvrant la tête, être reçue chaleureusement par les hauts responsables du pays du Golfe laissait déjà espérer que, même si la route est longue, la volonté de paix des pays jadis hostiles “par défaut”  vis-a-vis d’Israël est bien réelle. 

Le phénomène de la série télé saoudienne « Makhraj 7 » est également intéressant. Le programme a  battu les records d’audience en Arabie Saoudite en plein ramadan et pendant le confinement. Il montrait les deux héros arabes, vêtus de costumes traditionnels, en train de discuter de l’intérêt de faire des affaires avec les Israéliens ! L’opinion publique n’a pas encore été convertie à l’amitié avec « l’envahisseur de la Palestine » et il y a eu beaucoup de réactions qui en attestent sur les réseaux sociaux, bien sûr. Mais le prince héritier Mohammed Ben Salmane, nouvel homme fort du royaume, imprime peu à peu sa vision géopolitique. Dans laquelle la place de l’ennemi est attribuée à l’Iran, et les alliés capables de tenir tête au régime chiite précieux.

Soixante-dix ans après la création de l’État juif, la normalisation des relations entre Israël et les pays qui l’entourent parait essentielle pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Son contexte exceptionnel nécessitera sans doute des décisions exceptionnelles. Les deux cotés le savent. Le temps des réactions à chaud et des vengeances stériles est peut-être révolu. En attendant la prochaine carte postale…



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est directeur marketing chez Orange. Son livre « L'Homo Globalis Numericus » est paru au début de l’année aux Editions du Panthéon.

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