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First Lady, non merci


Premières images du président élu, et premiers énervements : François Hollande, devant la cathédrale de Tulle puis, quelques heures plus tard à la Bastille, salue le peuple qui l’acclame avec sa compagne. Mais qu’est ce qu’elle fiche là ? Le mardi précédent, le Président Sarkozy prononce un discours extrêmement bien ciselé devant ses partisans en liesse au Trocadéro. Il chante ensuite l’hymne national avec les dizaines de milliers de Français réunis. Moment réussi. Et patatras ! Il revient au micro spécialement pour… remercier Carla.

Vous imaginez le Général de Gaulle remercier Yvonne après la Marseillaise ? Vous imaginez Danielle Mitterrand prendre autant de place que Valérie Trierweiler dans les premiers moments qui ont suivi le 10 mai 1981 à 20h00 ? A l’heure de la victoire du président « normal », on peut légitimement se demander si cette continuité entre Nicolas Sarkozy et François Hollande se situe ou non dans la norme. Et on se prend à regretter que la fameuse anaphore du 2 mai dernier n’ait pas eu une composante de plus : » Moi, président de la République, je n’exposerai pas les miens, je n’exhiberai pas mes amours, et ma compagne restera à sa place. » J’ai bien vérifié : sur les bulletins de vote, la semaine dernière, n’étaient pas inscrits sur l’un, Nicolas Sarkozy-Carla Bruni, et sur l’autre, François Hollande-Valérie Trierweiler. Nous n’avons pas voté pour un couple.

Bien entendu, chaque homme -ou femme- d’Etat a le droit d’être conseillé par ses proches et il peut même être influencé par celle ou celui qui partage sa vie. Mais lorsqu’il ferme la porte de ses appartements privés, je ne veux pas savoir qui l’a conseillé ou influencé. Ayant pris la décision, il est seul responsable. Ce goût pour la « transparence », cette impudeur si étrangère à notre tradition française, nous vient, dit-on, d’outre-Atlantique. C’est des Etats-Unis que nous vient cette expression détestable : « First Lady », traduite chez nous en « Première Dame de France ». Il faudra un jour expliquer pourquoi on répète à l’envi cette expression sans aucun sens. On s’en fout de Trierweiler, de Bruni, de Cécilia qui-ne-vote-pas-pour-son-mari, de Bernie. Qu’on se rassure, je ne souhaite pas la mort de Point de vue, de Gala et de Voici. Je ne veux pas plus de mal à la presse anglo-saxonne qui perpétue une tradition conforme aux pays où elle publie. Mais que toutes les demi-heures, les chaînes d’info continue françaises dissertent sur la volonté de la compagne de François Hollande de ne point avoir l’air d’une potiche, du fait qu’elle ait joué le rôle de videur au QG de transition[1. Julien Dray en aurait fait les frais.], c’est trop ! Comme étaient de trop les « mon mari est formidable » de Carla après chaque meeting.

Que François Hollande y prenne garde. Le fameux « Carla et moi, c’est du sérieux » a davantage pesé dans l’antisarkozysme que les histoires d’enveloppes chez madame Bettencourt, n’en déplaise à Edwy Plenel. Les Français ne veulent pas à leur tête un ado boutonneux qui nous cause de sa dernière conquête. Pendant cinq ans, celui qui s’imaginait en Kennedy français et qui l’avait mis en scène, reproduisant à Envoyé spécial la scène de JFK et John-John jouant sous le bureau, nous en a ajouté des louches jusqu’à l’écoeurement. La séparation déchirante, l’idylle racontée maintes fois par Séguéla sur tous les plateaux et studios parisiens, Disneyland, la Jordanie, le mariage, la révérence à la Reine d’Angleterre, la chérie qui lui éponge le front. J’en oublie ? Ah oui, on nous a même servi son périnée au repas du soir lorsque sa masseuse personnelle expliquait combien il lui importait de muscler cette zone intime présidentielle.

François Hollande doit donc comprendre, avant qu’il ne soit trop tard, que les Français ont besoin de souffler un peu. Que Valérie Trierweiler doit être discrète. Pour son bien à elle[2. Cela lui évitera les surnoms animaliers donnés par des députés indélicats.], son bien à lui, et notre tranquillité à tous. Et parce que, il l’a promis, le changement, c’est maintenant !



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