Fabius et la crise migratoire: comment peut-on être Orban?


Fabius et la crise migratoire: comment peut-on être Orban?

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«Quand je vois un certain nombre de pays d’Europe qui n’acceptent pas les contingents, je trouve ça scandaleux», a déclaré, dimanche, Laurent Fabius. Selon notre ministre des Affaires étrangères, la Hongrie construit « scandaleusement » à la hâte un grillage de barbelés face à une Serbie qui fait tout pour renvoyer vers le nord ses migrants. «La Hongrie fait partie de l’Europe, l’Europe a des valeurs, et on ne respecte pas ces valeurs en posant des grillages» a poursuivi le patron du quai d’Orsay.

La Hongrie fait partie de l’Europe comme la France et il lui appartient autant qu’à elle de définir les valeurs de l’Europe. Mais Laurent Fabius, dans la plus pure tradition française, parle au nom des autres. Comment peut-on être hongrois? Il n’y a que l’Europe aujourd’hui qui vaille, une Europe qui tourne le dos aux nations qui la constituent. Le successeur d’Aristide Briand et de Claude Cheysson souhaite une « diplomatie de gauche » et nous prêche les valeurs anti-grillage de l’Europe. En réalité, ces valeurs sont moins européennes qu’universelles, celle d’un village global où seule la solidarité et le bonheur régneraient. Formidable de naïveté et d’irresponsabilité! À quand un campement du DAL dans les locaux du ministère? Rarement notre brillant chef de la diplomatie n’aura sombré dans un idéalisme aussi béat.

Avec Schengen, on croit devoir ne plus contrôler nos frontières intérieures (ce qui est inexact). Et l’on vit dans l’illusion que les pays frontaliers de cet espace ne sont pas tenus de contrôler les frontières extérieures de l’Union. Partant, leurs gouvernements sont sommés d’ouvrir grandes les portes. Pourtant, la possibilité même de l’ouverture à l’intérieur des frontières de Schengen dépend de la perméabilité de cet espace, sans quoi l’accord est nul. La Bulgarie, l’Espagne et la Grèce l’ont bien compris en érigeant des clôtures à leurs frontières sans que Fabius ne s’en émeuve. Quand les forces de l’ordre françaises ont fermé la frontière franco-italienne à Vintimille, le Quai d’orsay n’a pas manifesté son horreur et son émotion. Pas plus lorsqu’il s’est agi à Calais d’empêcher ces malheureux de rejoindre illégalement l’Angleterre.

La maîtrise de l’immigration illégale, qui passe (ô malheur) par un grillage, est aussi la condition d’une assimilation décente et digne des migrants réguliers et des réfugiés. Le rideau de fer hongrois rappelle sans doute de mauvais souvenirs aux courageux socialistes qui se sont élevés contre l’enfermement soviétique. Mais il n’est pas question ici d’empêcher les Européens de sortir, seulement de protéger leur mode de vie et l’Etat de droit. Aux États-Unis, en Inde et dans bien d’autres parties du monde, une frontière qui filtre les entrées est le meilleur moyen de lutter contre les réseaux de passeurs et d’éviter les tragédies comme celle qui a touchée un camion réfrigéré en Autriche.

Si la frontière entre l’Autriche et la Hongrie avait été mieux suivie, peut être aurait-on pu épargner plus de 70 vies. C’est d’ailleurs la police hongroise qui a interpellé les passeurs. L’Autriche vient tout juste de remettre ses douaniers au travail. Un fait qui a sans doute échappé à Laurent Fabius.

*Photo: Numéro de reportage : 00680207_000029



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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