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Eric Woerth, protecteur ou bouclier ?


Eric Woerth, protecteur ou bouclier ?
Eric Woerth.
Eric Woerth
Eric Woerth.

Les révélations d’un « pool » de banquiers suisses sur la présence très fréquente et récurrente de Mme Woerth à Genève dans le cadre de ses activités de gestion de fortune de Mme Bettencourt sont très embarrassantes. Très très embarrassantes. Eric Woerth, ministre du Budget ne pouvait pas ignorer que la cliente unique de sa femme avait au minimum des activités suspectes en Suisse et vraisemblablement des comptes non déclarés au fisc français.

Seulement, on ne voit pas pourquoi Eric Woerth aurait dû demander à ses services fiscaux de déclencher une enquête approfondie sur la situation fiscale de Mme Bettencourt : à quoi cela aurait-il servi dès lors que celle-ci était protégée par le bouclier fiscal mis en place par Eric Woerth lui-même ? Imaginons par hypothèse que les enquêteurs du fisc aient découvert les 75 millions d’euros dissimulés en Suisse, que ce serait-il passé ? Eh bien, ils auraient demandé à Mme Bettencourt (c’est-à-dire à ceux qui géraient sa fortune) de les notifier dans une déclaration de revenus modificative, les auraient imposés à hauteur de 40 % (tranche marginale de l’IR), et y auraient ajouté une amende de 20% : au total, Liliane Bettencourt aurait payé environ 45 millions d’euros supplémentaires d’impôt sur le revenu. En tout cas en théorie.

En effet, madame Bettencourt était protégée par le bouclier fiscal dont elle avait atteint le seuil (50 % de ses revenus versés au fisc). Aussi l’administration fiscale lui aurait-elle illico remboursé ces 45 millions qui se seraient ajoutés au chèque de 30 millions que le fisc lui avait fait parvenir. Eric Woerth ne pouvait l’ignorer : à quoi bon, pouvait-il se dire, enquêter sur ces pratiques fiscales douteuses puisque le bouclier fiscal les protège ?

La faute « ontologique » d’Eric Woerth, pour employer un mot à la mode, n’est pas d’avoir été le protecteur fiscal de Liliane Bettencourt, mais son bouclier. Cette faute n’est pas morale ni judiciaire, elle est politique. La condamnation populaire qui frappe actuellement le ministre n’est pas celle d’un homme mais d’un système. On ne peut pourtant pas le qualifier de bouc-émissaire, car il était l’agent lucide et volontaire de cette politique et de ce système qui plaçait et continue de placer les intérêts particuliers d’une oligarchie financière avant les intérêts de l’Etat et de la Nation.

Eric Woerth paiera le prix de cette faute politique majeure. Nicolas Sarkozy aussi.



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