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Droits de l’homme ? Mon cul !


Droits de l’homme ? Mon cul !

Ainsi notre ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a-t-il fini par dresser le triste constat de l’incompatibilité de la politique d’un Etat avec l’exigence des droits de l’homme. Amère réalité au moment où l’on célèbre le 60e anniversaire de la déclaration universelle de ces mêmes droits. En effet, jamais les mots n’ont été à ce point démentis par les faits. Il faut croire que le monde est bien malade pour ne plus croire à la morale et au droit qu’il a lui même édictés. Pourtant, c’était une belle idée que cette grande déclaration au sortir de l’affrontement avec la barbarie nazie. « Nous les peuples, nous les nations… » Ça avait de l’allure, cette volonté d’inventer un droit planétaire pour conjurer le mal. Et voilà que, par un étonnant tour de passe-passe, le Mal chassé par la porte du Tribunal de Nuremberg, rentre par la fenêtre, hélas, de l’ONU elle même. Car l’astuce d’aujourd’hui consiste aujourd’hui à draper les pires pratiques dans les oripeaux des droits de l’homme. Cette forfaiture a un précédent. En août 2001, la conférence de Durban de la même ONU avait déjà dénoncé les méfaits de l’occident en général et d’Israël en particulier tandis que des portraits à la gloire d’Hitler avaient été distribués par des ONG islamistes. Quelques jours après la fin de la conférence, les avions piratés par Ben Laden s’écrasaient sur les tours de Manhattan. Les mots avaient devancé les choses.

Tandis qu’à Genève, au Palais des Nations, on s’apprête aux festivités à venir – une salle dite de l’Alliance des civilisations vient d’être inaugurée avec force champagne et petits fours pour la modique somme de 50 millions d’euros –, on pouvait voir à la télévision un reportage sur les violences et viols commis au Congo sous l’œil placide des forces de l’ONU. En dix ans de conflit dans l’ex-Congo belge, ce sont près de cinq millions de personnes qui ont péri directement on indirectement, victimes de toutes les exactions, guerres, guérillas qui ont frappé ce territoire. De ce conflit de première intensité, l’ONU ne se soucie guère, pas plus que les médias occidentaux, abandonnant l’Afrique aux poubelles de la modernité, vous pensez bien ce ne sont que des noirs qui tuent d’autres noirs. En revanche, l’ONU s’intéresse à des crimes bien plus intéressants qu’il faut dénoncer dans l’urgence avec les mots qu’il faut. Ainsi son expert pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens, Richard Falk, a récemment déclaré que « la politique d’Israël dans les territoires relevait de la qualification de crimes contre l’humanité ». Voilà un expert international qui a les sens du mot juste pour qualifier finement les choses.

Et voilà qu’en France Stéphane Hessel, ancien résistant, légende vivante de la justice universelle et de la bonne conscience hexagonale, tient des propos similaires. Ce qu’annonce ce type d’outrance c’est le désastre annoncé de la future conférence de l’ONU sur le racisme prévue pour avril 2009 à Genève, où c’est bien évidemment Israël qui sera cloué au pilori des droits de l’homme à la sauce onusienne. L’illusion serait de croire qu’en y sacrifiant Israël, l’Europe y gagnerait trois gouttes de pétrole supplémentaire. Il n’en est rien. La mécanique onusienne s’est emballée : aujourd’hui c’est le principe d’universalité des droits qui est mis en cause par la coalition des Etats regroupés au sein de l’Organisation de la Conférence Islamique. C’est le principe d’égalité des sexes qui est mis à mal par la même OCI au nom du relativisme culturel. Avec la complicité de la Chine et de la Russie, ce sont le Soudan, la Libye, la Syrie, l’Egypte, l’Algérie, le Pakistan qui prétendent imposer de nouvelles normes désignant la diffamation des religions comme autant de crimes racistes. La lecture critique de la charia, la mise en cause du texte coranique, seraient désormais considérés comme autant de crimes contre l’humanité faisant de la liberté de penser un délit majeur. Ne parlons pas des pratiques répressives en islam contre les femmes, elles seraient mal vues par les mandataires de l’OCI. Quand aux droits des autres peuples, Tibétains, Kurdes ou Ouïgours, ils attendront la séance suivante.

Alors, Monsieur Kouchner, puisqu’il y aurait difficulté à faire coïncider la fidélité aux principes des droits de l’homme dont nous sommes si fiers et la politique de la France, pourquoi la France pour rester fidèle à ses idéaux, pourquoi la France n’annonce-t-elle pas qu’elle boycotte la mascarade de cette conférence scélérate ? Ça ne couterait pas si cher et ça pourrait rapporter gros – si on pense, bien sûr, que l’honneur a quelque valeur.



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Jacques Tarnero est essayiste et auteur des documentaires "Autopsie d'un mensonge : le négationnisme" (2001) et "Décryptage" (2003).

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