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De Bastille en bunker


Les Anglais ne s’en sont pas remis. Pour la première fois cette année, les quelques 3 000 invités à la garden-party de l’ambassade de France à Londres ont dû, what a shock, témoigner de leur identité.

L’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique a été gentiment mais fermement sommé de présenter son invitation personnelle et une ID avec photo. Le maire de Westminster et le High Sheriff de Londres ont fait un demi-mile pour récupérer le précieux sésame oublié dans leurs voitures. Les maris qui avaient eu la mauvaise idée d’arriver sans leur moitié de bristol ont été priés de l’attendre devant les grilles de la Résidence. Tel glorieux titulaire de la légion d’honneur, habitué depuis 1940 à entrer sur un simple bombement de torse, est resté à la porte du paradis. Soit dit en passant, juste pour rire, essayez de pénétrer dans une ambassade américaine sur votre bonne mine. Même avec la tête d’Obama, ce sera la porte. Avec une petite mallette dont vous avez oublié le code… Le pire quart d’heure de votre existence. Fouille à corps et j’en passe. Mais la réputation bonhomme de notre pays n’est plus à faire et personne ne s’attendait à une telle fermeté.

La presse brit s’émeut de cet accès de « paranoïa sécuritaire ». Après tout, pour nos amis anglo-saxons nous sommes encore le pays folklorique de la french connection et des policiers ripoux qu’on achète avec deux barrettes ou un joli ruban. Quelque part entre Un Américain à Paris et Les Aristochats. Du genre très accommodant, aimable mais pas sérieux. Mauvaise pioche. Nos soldats aussi meurent en Afghanistan. Les mêmes menaces terroristes pèsent sur nous.

Pour revenir dans un registre plus léger, à force de devoir raccompagner des invités ivres morts qui se cassent la figure sur nos marbres briqués, notre sens unique de l’hospitalité est devenu plus rationnel. Surtout quand ces derniers nous attaquent devant les tribunaux. Brassens et son étranger repasseront, depuis que l’ambassadeur d’Irlande et l’Evêque de Southwark ont redécoré le mobilier national d’une manière toute personnelle, nous avons appris la méfiance. Bunker, vous avez dit bunker ? Bienvenue au club.



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Agnes Wickfield est correspondante permanente à Londres.

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