Sarkozy et les migrants: tempête dans une fuite d’eau


Les propos de Nicolas Sarkozy comparant l’afflux de migrants en Méditerranée à une «fuite d’eau» ont suscité un tollé à gauche. Mais avant de s’ériger en censeurs, certains auraient dû écouter la suite du discours de l’ancien président. Ils se seraient aperçus que le passage qui lui est reproché était immédiatement complété par : « ce qui est dramatique dans tout ça est que ce sont des êtres humains… ». Et, lorsqu’on écoute l’ensemble des propos, il apparaît clairement que son intention était de tourner en dérision le dispositif établi par les autorités européennes et non de plaisanter au détriment des malheureux migrants.

Le comble du ridicule est que le Président de la République et le Premier ministre se sont crus obligés de se joindre à la meute en utilisant les perpétuelles formules convenues de la gauche moralisatrice.

Or, ce que l’on peut reprocher au Président des Républicains, ce n’est pas de critiquer la politique migratoire de l’Europe, fusse-t-il sur un ton humoristique un peu lourd, mais de n’apporter à court terme aucune solution humanitaire au problème urgent auquel les nations du vieux continent sont confrontées. Depuis qu’il est revenu en politique, Sarkozy a pris l’habitude dans chacun de ses meetings de faire des plaisanteries, souvent pas très drôles mais dont il est très fier, au point qu’il en rie lui-même avant tout le monde. La maladroite phrase qui lui vaut ces derniers déboires n’en est qu’un exemple supplémentaire, elle n’est certes pas très glorieuse mais elle ne justifie pas le mauvais procès qu’on lui fait.

Les médias ont largement contribué à la confusion car ils ont presque tous reproduit en chœur les paroles de Nicolas Sarkozy en les isolant de leur contexte. Pour ma part, si je fais partie des deux tiers des français qui ne souhaitent pas son retour, je ne me sens pas pour autant autorisé à lui faire un procès d’intention déloyal. Après tout, les raisons d’attaquer l’ex-chef de l’État sur le fond ne manquent pas. À force d’imiter le quinquennat sarkozyste, François Hollande et Manuel Valls l’auraient-ils oublié?



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est professeur agrégé de mathématiques.

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