Kurdes assassinées à Paris: que valent les engagements de Valls?


(AFP) – Les familles des trois militantes kurdes assassinées à Paris en 2013 reprochent à Manuel Valls d’être « loin de (son) engagement de faire toute la lumière » sur ces crimes, en ne déclassifiant pas largement des documents confidentiels, dans une lettre dont l’AFP a eu copie vendredi.

« Lorsque vous vous êtes rendu au matin du 10 janvier 2013 » sur les lieux des crimes, « en plein cœur de Paris, vos fortes paroles ont donné espoir aux familles des victimes que nous représentons », écrivent les avocats dans ce courrier daté du 27 mars, adressé à Manuel Valls, ministre de l’Intérieur à l’époque des faits.

Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez avaient été abattues quelques heures plus tôt. Un Turc, Omer Guney, actuellement incarcéré, est soupçonné d’être leur assassin. Il nie.

Convaincues d’une implication des services secrets turcs, les familles des victimes veulent que l’enquête s’oriente dans cette direction. Explorant cette piste, la magistrate antiterroriste en charge de l’instruction a fait des demandes de déclassification de documents aux ministères de l’Intérieur et de la Défense.

En janvier et février, la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a donné aux ministres un avis recommandant des déclassifications très partielles.

Un avis consultatif que les ministres ont suivi en transmettant à la juge des documents « massivement caviardés », « déjà connus en procédure ou (figurant) dans le domaine public, de telle sorte qu’ils n’apportent aucun élément permettant de faire progresser utilement les investigations », déplorent les avocats.

« A titre d’exemples, une note du 7 janvier 2013, soit l’avant-veille des assassinats, n’est déclassifiée qu’à raison de trois paragraphes généraux sur la situation d’une des victimes, à l’exclusion des cinq autres pages du document émanant de la DGSI », détaillent-ils. « Il en est de même d’une note de ce service du 23 janvier 2013 » sur Guney « comportant sept pages dont la quasi intégralité n’a pas été déclassifiée ».

« On est loin de l’engagement que vous aviez pris de faire toute la lumière sur cet acte insupportable », reprochent les avocats qui demandent au Premier ministre de faire en sorte que son gouvernement participe « pleinement à l’élucidation de ces assassinats en produisant les pièces de nature à faire avancer les investigations et à éclairer la Justice ».



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