À l’heure où les ex-musulmans sont de plus en plus nombreux à s’exprimer, le militant athée Bilal Hussein, qui débat régulièrement avec ses anciens coreligionnaires sur le web, a donné une conférence à Paris. Nous sommes allés écouter ce qui s’y est raconté…
Il s’est fait connaître pour ses débats avec des musulmans à travers Tiktok et YouTube. En juin, son passage sur CNews a été remarqué pour l’impitoyable dérision avec laquelle il critique l’islam.
Rires
Ce soir-là, aux Salons Hoche à Paris, une centaine de personnes sont venues écouter la conférence de Bilal Hussein, 33 ans, militant athée. Un événement co-organisé par le Café Laïque de Fadila Maaroufi et Florence Bergeaud-Blackler. Dès le début de sa présentation, le ton est posé : « Je suis Syrien, je suis né aux pays des droits de l’homme : l’Arabie saoudite », entraînant des rires qui ne cesseront pas de fuser.
L’humour est la marque de fabrique de Bilal Hussein, qui, dans toutes ses interventions, montre à l’aide de la satire la dimension rétrograde et les contradictions de la religion dans laquelle il a grandi, qui fragilisent son authenticité. Ce que ses détracteurs perçoivent comme une série de provocations puériles s’avère en fait un moyen d’émanciper les esprits, comme il l’explique : « Je ne critique pas l’islam parce que c’est drôle en soi, mais je pense que nous, musulmans, en fait on n’a jamais vraiment rigolé. » Car le rire est libérateur. Il est, selon Bilal Hussein, « ce qui manque aux musulmans pour se détacher de l’islam ». Seulement, derrière la plaisanterie, il y a une vie, faite de véritables souffrances.
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Comme il le raconte, l’enfance de Bilal Hussein est émaillée de scènes de violences : l’agonie des moutons sacrifiés sans étourdissement pour l’Aïd le marque et, quand il demande pourquoi on le contraint à prier, la réponse avec des coups. Le jour de l’attentat du World Trade Center, le 11 septembre 2001, son entourage, fou de joie, l’encourage à célébrer l’attaque. L’endoctrinement qu’il subit alors, explique l’apostat, repose en partie sur un principe: « Apprendre à des enfants à aimer la mort plus que la vie. » Et la manœuvre fonctionne. Le dogme macabre qui lui est inculqué ampute le jeune Bilal de toute empathie. En témoigne cet aveu saisissant: « Quand Samuel Paty est mort, je n’ai rien ressenti et aujourd’hui, je ne veux plus qu’on l’accepte. » Pour sortir de cette torpeur, il lui fallait sortir de l’islam.
Obligations éreintantes
Plus qu’une croyance, l’islam est une pratique. Bilal Hussein égrène les obligations éreintantes qui lui ont été́ imposées très tôt telles que se lever au petit matin dès que rugit l’appel à la prière, prière à effectuer pas moins de cinq fois par jour. « C’est une vision très marxiste de la religion », commente d’un ton critique, assise à sa gauche sur la scène Florence Bergeaud-Blackler, avant d’ajouter: « Éric Zemmour amène cette même différence, qu’il y aurait les musulmans et l’islam, je trouve que ça nous empêche de réfléchir. Vous dites que l’islam, c’est juste des contes de fées… » L’apostat assume et maintient que son expérience est celle de « la société́ islamique dans sa forme la plus pure ». S’il n’avait pas quitté la Syrie pour la France à l’âge de huit ans, dit-il, son destin, tracé par l’islam, aurait été tout autre : « J’aurais pu finir esclavagiste ».
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Florence Bergeaud-Blackler reste sceptique. « J’ai un sentiment mitigé par rapport à la question de l’apostasie », confie l’anthropologue, qui différencie les apostats des ex-musulmans. « Pour moi, l’apostat c’est celui qui sort l’autre de l’islam, et vous, vous êtes un apostat athée, donc vous véhiculez l’idée que toutes les religions sont toxiques. Je ne suis pas de cet avis, la question du rapport à la religion est complexe, ce n’est pas seulement de l’endoctrinement d’enfants. » L’expérience la plus traumatisante des jeunes années de Bilal Hussein – une circoncision clandestine, sans anesthésie, dans le salon familial – explique sans aucun doute son opposition viscérale à toutes les pratiques qui se veulent d’inspiration divine. La trahison des adultes a alors été profonde et il ne leur pardonnera jamais.
Sortir du marasme
Durant le temps des questions au public, un médecin, qui s’est occupé́ de femmes victimes de l’excision, exprime lui aussi son désaccord avec l’apostat, pour qui la circoncision et l’excision sont à ranger sur le même plan, celui d’une pratique sans aucun fondement médical. Bilal Hussein maintient ne pas vouloir « hiérarchiser » les souffrances. Le médecin ne minimise pas la sienne mais lui fait remarquer que les conséquences de l’excision sont destructrices et définitives, contrairement à la circoncision: « Médicalement, vous avez tort ». L’échange, tendu, est ponctué par les applaudissements du public, qui se rangent du côté de l’apostat. Fadila Maaroufi doit faire un rappel à l’ordre au nom du respect de toutes les paroles.
Il faut dire que beaucoup dans la salle suivent Bilal Hussein sur les réseaux sociaux et, à la fin de la conférence, ils seront nombreux à faire la queue pour se faire dédicacer leur exemplaire de son livre, Incroyable Islam. Avant cela, Fadila Maaroufi conclut la conférence: « On doit continuer à ne pas s’auto-censurer, c’est ce qui nous sortira de ce marasme. » Comme l’aura souligné un peu plus tôt la co-fondatrice du Café Laïque, le surgissement de nouveaux visages comme celui de Bilal Hussein témoigne d’un véritable changement dans le débat sur l’islam en France. « La prise de parole des ex-musulmans va faire connaitre la réalité́ des choses », se réjouit-elle. Elle va sans doute aussi décomplexer les nombreux musulmans qui n’osent exprimer leurs critiques du dogme islamique. Une belle perspective dans un pays comme la France, qui s’enorgueillit d’être le gardien de la liberté́ de conscience et le phare le plus lumineux qui soit contre l’obscurantisme religieux.
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