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L’immigration à Mayotte, un test pour la France

Des rustines pour l'île aux parfums


L’immigration à Mayotte, un test pour la France
Des résidents de Mamoudzou sur l'île de Mayotte en colère se disputent, suite à la visite du président Macron, le 21 avril 2025. Alexis Duclos/AP/SIPA

La Loi de programmation pour la refondation de Mayotte devait régler la crise migratoire qui sévit sur l’île mais elle n’est pas du tout à la hauteur de la situation. Les moyens des autorités sur place restent inadéquats, les passeurs continuent à faire leurs affaires et peu de migrants se trouvent expulsés. Alain Destexhe, auteur de Mayotte : comment l’immigration détruit une société, et qui exerce actuellement en tant que médecin à Mayotte, témoigne.


Contrairement à la Loi sur la rétention des étrangers, sévèrement censurée par le Conseil constitutionnel, la Loi de programmation sur Mayotte est passée presque intacte. En effet, elle préserve largement les droits des étrangers, tout en affichant quelques mesures « fermes » : léger durcissement des conditions d’accès à la nationalité, facilitation de certaines expulsions, démantèlement – temporaire et très encadré – de bidonvilles sans obligation de relogement, fin du titre de séjour territorialisé à partir de 2030 : une mesure positive pour Mayotte, mais qui risque de reporter le problème sur La Réunion et la métropole.

Sur place, personne n’est dupe. Cette loi ne réglera pas la crise migratoire qui bouleverse Mayotte depuis quarante ans. Plus de la moitié des habitants sont désormais étrangers, les Mahorais d’origine ne représentant plus qu’un tiers de la population. Le phénomène est d’une ampleur que la métropole n’imagine pas : ce serait, en proportion, comme si la France passait de 66 à plus de 300 millions d’habitants en quelques décennies, avec une minorité de Français d’origine.

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Un « Etat de droit » démuni

Le texte reste dans le cadre juridique appliqué en métropole : un État de droit qui, à Mayotte, est surtout celui des droits des illégaux. Un véritable État de droit suppose une administration et une justice efficaces , ce dont l’île ne dispose pas. Les services de l’État sont saturés, avec plus de 100 000 demandes de titres de séjour en attente. L’inviolabilité du domicile, même au cœur d’un bidonville d’illégaux, empêche les forces de l’ordre d’agir. Pour espérer arrêter un seul clandestin lors d’un contrôle routier, il faut parfois vérifier l’identité de plus de cent personnes en situation régulière.

Des moyens d’interception dérisoires

Les moyens maritimes de la PAF et de la gendarmerie restent dérisoires : pas de patrouilleur en haute mer, deux zodiacs pour intercepter parfois une vingtaine de kwassa-kwassa opérant en meute. Les Comores, malgré l’aide française, laissent filer les départs. Des demandeurs d’asile, déboutés par la suite, affluent également via les Comores,  de Somalie, du Burundi, du Rwanda ou du Congo, mais ne sont pas renvoyés à l’issue de procédures interminables. Comme en métropole, ils sont soutenus par une kyrielle d’associations qui les aident à faire valoir leurs droits. Pendant ce temps, les reconnaissances de paternité frauduleuses et les accouchements sous fausse identité continuent à produire des Français de papier, sans poursuite des complices. 75% des nouveaux-né ont une mère d’origine étrangère.

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Chido a amplifié l’immigration

Après le cyclone Chido, les bidonvilles se sont reconstruits du jour au lendemain, souvent en volant les tôles des toits dévastés des Mahorais. Personne n’est reparti aux Comores ou à Madagascar. Au contraire, les passeurs ont profité de la désorganisation du territoire pour amplifier les passages. Après le cyclone, cette loi donne surtout l’illusion que l’État agit. Elle ne changera pas le fond du problème : une immigration massive, une pression démographique inédite, des services publics (écoles, centres de santé, hôpital) à bout de souffle et un territoire livré au chaos administratif. Les Mahorais le savent déjà. Les métropolitains devraient s’y intéresser : Mayotte est peut-être le laboratoire de ce qui les attend, à un rythme plus lent, mais avec les mêmes conséquences.

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Sénateur honoraire belge, ex-secrétaire général de Médecins sans frontières, ex-président de l’International Crisis Group

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