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France – Grèce, ou le destin qui guette

Quelques modestes propositions pour réduire la dette.


France – Grèce, ou le destin qui guette
Le Premier ministre François Bayrou parle aux Français. Capture d'écran de la chaîne YouTube FB Direct D.R.

L’apocalypse est devant nous, à en croire François Bayrou. Encore faut-il se figurer exactement vers où nous entraîne le poids de la dette, et envisager quelques solutions radicales pour éponger notre déficit chronique : helléniste distingué qui s’est rendu maintes fois en Grèce, notre chroniqueur évoque la purge imposée par l’UE, le FMI et autres instances forcément démocratiques au pays d’Homère. Le prix payé par les Grecs pour réduire leur dette abyssale serait-il acceptable chez nous ?


Tout va mieux à Athènes, à en croire les dernières nouvelles du front économique : « Depuis 2020écrit Basile Dekonink, correspondant à Athènes des Echosla dette publique grecque a connu une chute spectaculaire de plus de 50 points, de 207,6 % du PIB en 2020 à 152,5 % au premier trimestre 2025. D’après les calculs du gouvernement grec, l’endettement du pays pourrait même descendre sous la barre des 140 % en 2027, et croiser la courbe de l’Italie dès cette année-là ».

Ouais… Quand on sillonne le pays, on voit partout des maisons superbes abandonnées, et des chantiers arrêtés depuis des années (la croissance des herbes folles est un indicateur fiable) : si vous rêvez de vous offrir une belle résidence en bord de mer, c’est le pays idéal, et les Allemands, féroces gardiens de l’orthodoxie bruxelloise (il faut se rappeler les diatribes de Wolfgang Schäuble contre ces écervelés de Grecs), les Teutons ont eu bien du plaisir à se venger du fait que les Grecs les aient refoulés en 1944 sans même daigner faire appel aux Américains. Partout on vous raconte des histoires de retraités acculés au suicide par la réduction (jusqu’à 50%) de leurs pensions, à l’image de Dimítris Christoúlas. De familles regroupées vivotant avec un seul maigre salaire. Et vous vivez en Grèce assez largement, parce que pour le moment vous avez encore les moyens, même en étant Français, de bien vivre dans un pays à l’inflation galopante.

Quels seraient les ingrédients d’une recette grecque appliquée à la France ? Quelles sont justement les extrémités que Bayrou voudrait éviter ?

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Il y a bien sûr le bon vieux recours à l’impôt — mais c’est un puits sans fond, tant que l’État vit au-dessus de ses moyens. Ou une réduction drastique des pensions — disons 30% pour commencer, sur toutes les pensions. La suppression de deux jours fériés agitée comme écran de fumée est une plaisanterie : il faut en revenir à 40 heures hebdomadaires, et à 4 semaines de congés payés. Et porter l’âge de la retraite à 45 annuités de cotisations, ce qui permettrait aux jeunes de la génération Z de comprendre qu’elle n’abordera pas la retraite, de fait, avant 70 ans, surtout si elle a cru bon de passer quelques années à ne rien faire dans les universités. Back to work ! 

Après tout, j’ai cotisé 156 trimestres, et fait cours pendant 45 ans, en partant à 67 ans achevés. Bon, enseignant est un travail moyennement physique.

Je ne suis pas un monstre : faisons quelques exceptions pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans et qui ont passé leur vie à porter des sacs de ciment. Il serait de même abusif d’imposer à des sexagénaires de réprimer manu militari les manifestations de l’ultra-gauche et autres privilégiés de la bourgeoisie. 

Mais accorder aux agents de la SNCF (vous savez, ces gens si souvent en grève, ou en retard, et qui seraient révoqués séance tenante s’ils travaillaient pour le shinkansen japonais) des avantages de même nature est certainement abusif.

Il faut supprimer ces gouffres sans fond que sont le RSA et autres aides au non-emploi. Réviser d’urgence les aides à motif médical généreusement octroyées par des médecins compatissants — ou soucieux de ne pas perdre la clientèle de familles nombreuses. Privatiser d’urgence la Sécurité sociale, sur le modèle américain : si vous êtes pauvres, vous mourrez plus vite, autant de pensions que l’on n’aura plus à payer. 

Puisqu’on nous rebat les oreilles avec les prodiges de l’Intelligence Artificielle, pourquoi ne pas l’utiliser pour remplacer, entre autres, tous les enseignants absents ou manquants ? Un algorithme ne se met pas en grève, et ne se syndicalise pas. Ou même demander à quelques profs de qualité (il en reste pas mal, parmi les retraités justement) d’enregistrer des cours une fois pour toutes, et les diffuser devant les élèves ébahis ? On les paierait une fois pour toutes, et leur enseignement se déroulerait ad libitum.

On expliquera aux syndicats qu’il ne sert à rien de gueuler — et on supprimera les aides qui leur sont versées, à eux et aux partis politiques, aux journaux, aux entreprises culturelles et autres suceurs de subventions. L’avance sur recettes, par exemple, qui sert essentiellement à financer, à fonds perdus parce que jamais les recettes ne comblent l’avance de trésorerie, des films nullissimes qui rassemblent dix pingouins dans des salles vides. La France est le seul pays à avoir un « ministère de la Culture » — comme si la Culture avait un jour eu besoin d’être administrée pour produire des chefs d’œuvre. 

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Il faut bien sûr réduire le train de vie de l’État : à quoi sert le Sénat, par exemple ? Ces gros pleins de soupe assoupis au palais du Luxembourg ne sont même pas élus au suffrage universel. Quant aux députés, réfléchissons une fois pour toutes : avons-nous besoin de 577 députés et d’une quarantaine de ministres, dont plusieurs « ministres d’État » ? Un Comité de Salut Public suffit largement, parce que la patrie est aujourd’hui en danger, comme elle l’était en 1793 : entre faillite économique, menaces étrangères alimentées par une politique dispendieuse d’immigration à motif humanitaire, et sécessions intérieures, il est plus que temps de reprendre les choses en main. Avec énergie.

Et d’instaurer des cours spéciales pour juger les profiteurs et les saboteurs de la République. Il y a des places en grand nombre dans les rizières de Camargue.

Ces mesures nationales doivent être imposées à ces autres sources de déficit que sont les Régions, dont on vient de s’apercevoir qu’elles versaient des salaires à une foultitude de cadres qui n’ont pas d’emploi réel, et ont créé des emplois fictifs à une clientèle toujours plus avide. Ouvrons des laogai français plutôt que de chouchouter les narco-trafiquants dans des prisons 5 étoiles !

Enfin, la politique de l’emploi doit être revue de fond en comble. Comment accepter que des postulants refusent des postes sous prétexte qu’ils impliquent de rentrer tard chez soi — comme dans la restauration ? Vous ne voulez pas bosser ? N’attendez rien en retour — et rien de vos parents, réduits pendant ce temps à la portion congrue.

Ce sont là quelques idées immédiatement évidentes, qu’il faudrait souffler au Premier ministre. J’attends des alertes lecteurs de Causeur leurs suggestions — ou éventuellement leurs critiques. 



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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