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Dirty Dying


Dirty Dying

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Patrick Swayze est mort et il ne me donnera jamais son secret. Dans ses différents films, il a joué les seuls rôles qui m’aient vraiment fait rêver, à l’exception de celui de secrétaire général du PCF pour restaurer la ligne classe contre classe ou encore auteur d’un roman définitif, comme Ulysse ou La Recherche.

D’abord, il a embrassé Demi Moore sur Unchained Melody dans Ghost. Et Demi Moore est une des plus belles actrices au monde, quoique brune, tandis que Unchained Melody par the Righteous Brothers reste un sommet indépassable du doo-wop. Et bien que je sois un petit cartésien matérialiste, peu sensible aux brumes celtes, aux brouillards du roman gothique et aux halloweendades diverses avec fantômes, esprits et maisons hantées, je dois néanmoins avouer que je ne rate jamais une rediffusion de Ghost.

Ensuite, Patrick Swayze a sauté en parachute et fait du surf dans Point Break Extreme limite, un polar très testosteroné de l’une des plus efficaces réalisatrices de films d’action d’Hollywood, la grande Katrhyn Bigelow, qui aime les mecs, les flingues et les nanas qui en ont comme Jamie Lee Curtis dans Blue Steel.

Ce qu’il y avait de bien dans Point Break Extreme limite, c’était que Patrick Swayze était le gourou cool d’une bande de surfers qui braquaient des banques en se déguisant avec des masques de présidents américains. Ils fumaient de l’herbe, passaient leur temps à chevaucher des rouleaux impressionnants, à faire l’amour au bord de l’océan, bref à vivre dans un temps libéré de la production où le libre développement de chacun était l’unique condition du libre développement de tous. On imaginait bien, dans ce film, Swayze lire Kerouac et Brautigan dans l’aube californienne, avant d’attaquer les murs de vagues sous un gros soleil rouge.

Et puis Patrick Swayze savait danser. Et salement bien. Dirty dancing, vous vous souvenez ? C’était en 1987, mais c’était censé se passer dans les années soixante, dans l’Oregon, à l’époque où l’Amérique était encore innocente et où les corps rencontraient les corps dans cette incroyable et unique sensualité de l’espace créé par le rock.

Nous, on s’était cru malin jusqu’à cette date parce qu’on ne se débrouillait pas trop mal dans les mariages et que l’on s’en tirait en frimant avec les deux mêmes passes acrobatiques apprises par une cousine très patiente, dix ans auparavant. Et voilà que toutes nos illusions s’écroulaient avec Patrick Swayze qui semblait faire l’amour tout habillé, sur Love Man d’Otis Redding.

Incarnation de cet hédonisme aimable, presque libertaire, qui est l’un des aspects les plus séduisants des USA, Patrick Swayze a finalement été dans les années 1980 et 1990 de la contre-révolution reaganienne une manière de contrepoint souriant et sexy à une époque assez sombre, comme une survivance presque anachronique, une poche temporelle échappée des années Kennedy.

Espérons que Patrick Swayze y trouvera, avec des filles pour danser et des planches de surf pour glisser sur l’éternité, un asile politique définitif.



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