Accueil Édition Abonné Perpignan: voulez-vous savoir pourquoi Younes «n’a pas pu serrer la gorge d’un policier»?

Perpignan: voulez-vous savoir pourquoi Younes «n’a pas pu serrer la gorge d’un policier»?

Un peu de patience: ça n’en sera que meilleur…


Perpignan: voulez-vous savoir pourquoi Younes «n’a pas pu serrer la gorge d’un policier»?
Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Au tribunal, la répartie lumineuse d’un ex-taulard faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire ayant été interpellé par la police alors qu’il venait de s’acheter du cannabis.


La scène se déroule au tribunal correctionnel de Perpignan. Pas au Tribunal des flagrants délires du regretté Pierre Desproges, alors que ça aurait pu… La pièce est courte: un seul acte. Mais on sait que les meilleures comédies de boulevard sont les plus courtes. Deux acteurs principaux: le président du tribunal et Younes, 26 ans.

Gaucher des deux mains

Sur ces 26 ans, il en a passé cinq derrière les barreaux. Il était en liberté probatoire et faisait l’objet d’une demande d’expulsion du territoire français car il est étranger. Une jeunesse un peu fougueuse, diront les aigris. Mais une jeunesse vivante et bien remplie. Et dans son cas particulier, nous avons la conviction intime qu’il s’agit d’une grave erreur judiciaire. Younes faisait tranquillement ses courses à Perpignan. Il lui fallait acheter un produit de première nécessité : du cannabis… Des policiers de la Bac, obtus et méchants, ont voulu l’interpeller. Quand vous faites des courses, aucun flic ne vous importune, sans doute parce que vous n’êtes pas arabe…

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Confronté à cette inqualifiable agression, Younes s’est défendu. Et il a mis ses mains (ou une seule main) autour de la gorge d’une de ces brutes policières. Ce qui lui a valu de se retrouver au tribunal pour violences à l’endroit d’une personne dépositaire de l’autorité publique. Voici le dialogue de la pièce:
Younes : « J’ai eu peur en voyant la bac, mais je n’ai pas serré le policier à la gorge ». Il lève sa main : « Je ne peux pas l’utiliser, j’ai été opéré » 
Le président : « Vous avez deux mains »
Younes, superbe et magnifique : «Oui mais c’est la bonne et je suis gaucher des deux mains! »
Sublime Younes ! Nous allons te dire « tu », car nous disons « tu » à tous ceux que nous aimons. Younes, tu as été grandiose et ta réponse restera dans les annales. Avec toi, un grand comique nous est né !

Il est des nôtres !

Balayé Courteline et Feydeau, terrassé Alphonse Allais, enfoncé Coluche ! Tu les surpasses et tu les écrases. Sans toi, Younes, sans ta répartie lumineuse, la vie ne serait que ce qu’elle est : une morne vallée de larmes. Oui, tu as apporté un peu de sourire dans un monde de brutes.

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Le président du tribunal bête, méchant et certainement islamophobe, t’a condamné à six mois de prison. Il est à craindre qu’à l’expiration de cette peine, tu sois contraint de quitter la France. Et de cela, nous ne voulons absolument pas. Reste avec nous, et nous lancerons une pétition pour que « je suis gaucher des deux mains » soit inscrit au fronton de la Comédie française qui préfère célébrer un auteur très surfait du nom de Molière. Oui, Younes, reste avec nous : tu es des nôtres. Nous entendons déjà les ricanements des réacs très nombreux sur ce site : « Des Younes, il y en a des milliers en France et c’est beaucoup trop ». Certes, mais tous les Younes n’ont pas l’humour de notre Younes à nous.

Source : L’indépendant.




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est journaliste et essayiste

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