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Rendez-nous un président normal!

Le Conseil national du "en même temps"...


Rendez-nous un président normal!
Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron lors de la cérémonie d'investiture du président à l'Elysée, le 7 avril 2022 © D JACOVIDES-pool/SIPA

Contrairement à l’analyse paresseuse qui voudrait nous présenter la présidence Macron comme une habile synthèse entre le trop normal Hollande et l’agité Sarkozy, en réalité, avec Macron, c’est toujours la même méthode : la pompe des mots et le clin d’œil historique – le Conseil national de la refondation, qu’il vient d’annoncer, en est une nouvelle illustration.


On s’est beaucoup moqué de François Hollande qui désirait être un président « normal ». Il l’a été au point d’être contraint de ne pas se représenter. Mais il y avait dans l’idée de normalité présidentielle quelque chose de juste qui renvoyait à un équilibre nécessaire, aussi éloigné de la structure caractérielle que de l’effacement.

Cette exigence d’une saine normalité n’a pas été satisfaite par le premier quinquennat d’Emmanuel Macron et encore moins par les semaines suivant sa réélection, avant le premier tour des élections législatives du 12 juin. Bien au contraire car à considérer l’ensemble, j’éprouve l’impression, au contraire, que Macron est un président qui n’a jamais été « normal » au bon sens du terme.

Fausse main de velours

Malgré, parfois, l’apparence d’une synthèse entre la vulgarité intermittente d’un Nicolas Sarkozy et le caractère finalement secret d’un François Hollande, en dépit du fait qu’on a pu retrouver dans certaines de ses attitudes élyséennes ou publiques quelque chose relevant d’un Giscard d’Estaing encore plus atypique et condescendant, il me semble qu’il n’y a pas véritablement de précédents. Force est de constater que nous sommes présidés par une personnalité qui fuit ce qui pourrait ressembler à l’heureuse banalité personnelle, politique et institutionnelle d’une présidence réussie.

Cette perception n’est pas contradictoire avec le tour de force d’une réélection devenue l’objectif fondamental d’Emmanuel Macron. Les cinq ans à venir, face à l’étrangeté de certains des choix et des abstentions du président, apparaissent comme un pensum qu’il va falloir mener jusqu’au bout.

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À appréhender dans le détail les péripéties essentielles de sa présidence jusqu’en 2022, sans tenir compte des modalités particulières de son élection de 2017, il y a une multitude d’éléments qui montrent à quel point Emmanuel Macron n’a jamais désiré présider comme tout le monde. Il a été gouverné par la recherche d’une originalité à tout prix, qu’elle aille de sa conjugalité hors norme jusqu’à son lien fusionnel avec Alexis Kohler, de ses paroles dures à l’encontre des Français à sa pratique du « en même temps », des épisodes élyséens ou antillais ayant gêné beaucoup de ses concitoyens, de sa passion trouble pour la repentance à sa propension à rendre des hommages, de son aspiration subtile à domestiquer le judiciaire à son soyeux quadrillage de l’Etat, de sa manière d’euphémiser le désastre du Stade de France au soutien provocateur qu’il apporte à des ministres qui ont échoué… Pour résumer, cette fausse main de velours, ce narcissisme le conduisant à faire tourner la République autour du Roi-Soleil, avec une majorité parlementaire trop déférente.

J’ai changé ?

Je pourrais ainsi continuer en évoquant par exemple sa non-campagne présidentielle de 2022 et son refus de tout dialogue démocratique. Nous devrions prendre acte de sa volonté de changer radicalement. Après un premier mandat vertical, sans respect pour les corps intermédiaires, après de l’arrogance et parfois du mépris, il nous a promis, toujours sur le mode de l’anomalie, de se remettre en question et de placer aux côtés de la future Assemblée nationale autrement composée, un Conseil national de la refondation.

Avec lui, toujours la même méthode. La pompe des mots et le clin d’œil historique. Il aurait été trop simple, trop ordinaire, trop démocratique de favoriser une vie parlementaire plus exemplaire, d’avoir une pratique présidentielle moins autarcique : il convenait de donner l’impression d’une invention incongrue, ce Conseil, au mieux un ersatz, une redondance par rapport aux organes de notre République, au pire du vent.

On pourrait, dans un monde théorique, se rengorger à l’idée d’un président jamais normal mais dans notre existence collective, dans l’état actuel de la France, pour relever les défis et faire face aux menaces de l’intérieur et de l’extérieur, on n’a pas besoin d’un intellectuel, d’un esthète, d’une personnalité plus préoccupée de détruire que de sauver, de séduire que de convaincre. Oui, il nous faudrait un vrai président normal…


Élisabeth Lévy – « Conseil national de la refondation : Macron est fatigué par le pouvoir »

Retrouvez Elisabeth Lévy chaque matin dans la matinale de Sud Radio à 8h10.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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