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La musique de film : un art majeur !


La musique de film : un art majeur !

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Une activité fait la renommée de notre pays dans le monde entier et ne possède pas encore d’IGP ou d’AOC. Que fait le gouvernement ? Un art français de la composition et de l’orchestration. Le génie du tempo et de la variation. Le chaînon manquant entre l’image et le texte. La musique est au film ce que le style est à l’écriture. Son indispensable corollaire, son agent provocateur pour parodier une célèbre marque de lingerie. Sans bande-originale, un film manquerait d’aspérités et d’émotions. Il deviendrait aussi plat qu’un discours de technocrate bruxellois, mélange d’arrogance et de dogmatisme.
En digne héritière de Georges Méliès et de Camille Saint-Saëns, la France est une terre bénie pour les compositeurs de musiques de films. François de Roubaix, Georges Delerue, Michel Colombier, Philippe Sarde ou Gabriel Yared sont de formidables artistes. Ceux qui ont voulu les cantonner au rôle de simples diffuseurs d’ambiance manquent cruellement de sensibilité et d’oreille ! Car ces compositeurs-là, en plus d’être des virtuoses de la scénarisation, sont les archivistes de notre mémoire intime. Il suffit d’écouter les premières notes cosmiques de La Scoumoune (François de Roubaix) ou Le concerto pour la fin d’un amour (Francis Lai) pour que notre âme divague et rebondisse sur les récifs de notre passé. Cette musique nostalgique et poétique sort enfin des salles obscures. Michel Legrand a donné un concert exceptionnel le 4 décembre dernier au Palais des Congrès avec l’orchestre symphonique Lamoureux. On aime Legrand pour les délicieuses faussetés de sa voix, l’élégance chaotique de sa partition, admirable ligne de crête entre l’emphase américaine et la douleur rentrée de notre Vieille Europe. Hollywood lui doit beaucoup dans la perpétuation de ses mythes. Il nous est impossible d’entendre « The windmills of your mind » sans repenser à Steve McQueen, pilotant son planeur jaune ou déboulant sur une plage déserte au volant de son buggy Meyers Manx. Quel homme n’a pas voulu lui ressembler ?
Lui emprunter, ne serait-ce que quelques secondes, son assurance de héros de cinéma.  Legrand a sublimé nos tristes vies. Sa musique a habillé non seulement la somptueuse Faye Dunaway dans l’Affaire Thomas Crown mais aussi Stefania Sandrelli dans Tendre voyou,  Romy Schneider dans La Piscine, Françoise Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort ou Clio Goldsmith dans Le Cadeau. Ce tailleur pour dames qui a fêté ses 80 ans n’a rien perdu de sa fougue et de son swing frénétique. Un autre monstre sacré de la musique de film s’est produit les 23 et 24 mars au Grand Rex accompagné lui aussi d’un grand orchestre philarmonique. Il s’agit de Vladimir Cosma, le plus français des roumains. L’homme aux 300 bandes-originales. Le chef d’orchestre des dimanches soirs de notre enfance a inventé des mélodies intemporelles. De géniales trouvailles comme le bruit évanescent des vagues dans Un éléphant ça trompe énormément, la flûte de pan entêtante du Grand Blond ou l’allégresse dansante de Rabbi Jacob. A cause ou grâce à lui, nous avons cru naïvement que toutes les agrégées de lettres ressemblaient à Sophie Marceau dans L’Etudiante. Vladimir Cosma a également produit de véritables petits chefs d’œuvre pour la télévision, de la BO funky de Sam et Sally à la mélopée déchirante des roses de Dublin, du très grand art.
Pour mieux appréhender le travail de ces entremetteurs du son et de l’image, allez faire un tour à la Cité de la Musique qui rend hommage à tous ces compositeurs français et étrangers jusqu’au 18 août. Une exposition de très grande qualité, bien construite et animée, réellement interactive qui revient sur un siècle de cinéma mondial. Des extraits de films, des bandes-son, des témoignages inédits, des documents exceptionnels (partitions, story-boards, affiches, etc…) pour comprendre que, sans musique, la pellicule ne projette rien !

Exposition Musique & Cinéma – Le mariage du siècle ? – Jusqu’au 18 août – Cité de la Musique –  221, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris

Métro – Tram : Porte de Pantin

*Photo:  Les Demoiselles de Rochefort.



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Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

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