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Abstention de masse: j’accuse le cynisme du pouvoir

Une tribune de Gabriel Robin


Abstention de masse: j’accuse le cynisme du pouvoir
Propagande électorale ditribuée par Adrexo pour les éléctions régionales de 2021 © Mourad ALLILI/SIPA Numéro de reportage : 01024921_000005

Voilà que les « Gaulois réfractaires » sont devenus réfractaires… au vote démocratique!


J’accuse le système politico-médiatique d’être l’un des facteurs explicatifs majeurs de l’abstention de masse du dimanche 20 juin aux élections régionales et départementales 2021. La France est désenchantée. Elle n’est même plus mécontente : elle est indifférente. Les échelons intermédiaires ne la passionnent pas. Ils sont complexes, déconnectés de leurs préoccupations immédiates. Les Français veulent qu’on leur parle simplement : de leurs impôts, de leur sécurité, de l’avenir de leurs enfants… peut-être même, si on sait s’y prendre, de l’avenir de leur civilisation.

Un effet boomerang du référendum de 2005 ?

La crise démocratique n’est pas qu’une conséquence de la pandémie, de sa gestion erratique et sidérante, des privations de libertés qu’elle a engendrées ; elle est l’aboutissement de 40 ans de renoncements politiques et d’un sabotage méthodique de toutes les tentatives de protestations respectueuses du cadre démocratique. La dernière fois que les Français ont été convoqués pour un scrutin direct, il y a plus de 15 ans, excusez du peu, ils ont été humiliés. Alors qu’ils avaient envoyé un « non » véhément à la constitution européenne, le pouvoir leur a signifié une fin de non-recevoir. Leur colère a été niée, invisibilisée.

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Quelques années plus tard, les réseaux des paroisses et de la droite se sont mobilisés pour La Manif Pour Tous. Résultat ? François Hollande n’a pas accordé de référendum aux manifestants. Ils ont perdu, en dépit de leur détermination. Pour d’autres raisons, beaucoup plus sociales que sociétales, les Gilets jaunes ont mené la France au bord du soulèvement général. Aucune leçon n’en a pourtant été tirée. Tous ces Français tenus pour « réfractaires », car ils se sont opposés aux effets les plus pervers et indésirables de la mondialisation culturelle de la gauche régressive, se réfugient désormais partiellement dans l’abstention. Une abstention parfois « militante », fruit d’une réflexion politique jugeant la démocratie représentative comme constituant un jeu faussé : « pile je gagne, face tu perds », leur dit le système en place.

Des ratés dans les boites aux lettres

Le Rassemblement National représente peu ou prou 20% du corps électoral depuis déjà une bonne décennie. Il ne bénéficie toutefois que de six députés. Un nombre ridicule si on l’envisage par rapport à son poids électoral. Une majorité d’idées ne fait pas une majorité politique, certes. Mais dans ces proportions, il s’agit tout simplement d’un mépris inouï qui ne peut que générer une forme de lassitude. À quoi bon voter puisque cela est à peu près aussi utile que de pisser dans un violon, doivent penser les électeurs les plus rebelles, les jeunes ou les actifs qui entendent parfois profiter d’un week-end bien mérité ?

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Voter est utile parce que cela permet de mettre la pression sur le pouvoir, de l’empêcher de vendre la France à l’encan et d’importer par l’immigration non désirée l’équivalent de la population de Nantes tous les ans. Voter est utile parce que les grandes victoires se fondent d’abord sur des petits pas. Voter est utile car c’est présentement le seul moyen de changer le mode de gouvernance d’un pays qui s’est oublié, qui a lentement mais sûrement décliné. Voter est utile car c’est encore le meilleur moyen de les faire enrager. Le gouvernement a tout fait pour que vous ne vous déplaciez pas aux urnes. Il n’a pas diffusé de spots indiquant que des élections auraient lieu, n’a même pas contrôlé que le matériel de propagande électorale soit livré dans les foyers des Français.

J’accuse le système politico-médiatique de se réjouir de vous voir endormis. La seule chose qui les effraie serait que vous soyez éveillés.

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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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