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Gestes barrière: le bon sens près de chez vous

Distanciation sociale et autres nouvelles coutumes


Gestes barrière: le bon sens près de chez vous
Un homme portant un masque à Ryazan en Russie, le 30 mars 2020 © Alexander Ryumin/TASS/Sipa USA/SIPA Numéro de reportage: SIPAUSA30210350_000018

Nous pouvons nous protéger et protéger autrui en nous lavant fréquemment les mains, et en évitant de se toucher le visage. Mais pas seulement. Faisons le point sur les nouveaux gestes qui sauvent, sur les masques, la distanciation sociale ou l’entretien des surfaces.


Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, on nous parle sans cesse des « gestes barrière ». Aujourd’hui, Causeur vous propose un point complet et précis sur les bonnes pratiques à adopter pour limiter la propagation du virus. 

La distanciation sociale 

Dans une épidémie à vecteur principalement respiratoire, c’est la première mesure de bon sens qui s’impose. En s’éloignant les uns des autres, en évitant de se toucher, on diminue fortement le risque de contamination. Compte tenu de la distance à laquelle sont projetées les gouttelettes de salive chargée de virus quand on tousse, éternue, ou simplement quand on parle, il faut se tenir au minimum à 1 mètre des autres personnes, et même un peu plus en milieu clos. Éviter aussi le face-à-face, notamment quand on est à table, par exemple lors du repas familial. Pour se convaincre de la puissance d’aérosolisation de la simple parole, il n’est que de regarder un acteur ou un chanteur en train de s’adonner à son art sur fond noir… Un tel spectacle vous guérit du désir de prendre un siège au premier rang ! Éviter aussi de se faire la bise et de se serrer la main, pour empêcher le transfert peau à peau du virus. L’élégante salutation des Japonais peut ici nous servir de modèle… L’épidémie fera peut-être évoluer durablement nos mœurs, et dans le bon sens !

Les gants sont inutiles

Les gants, qu’ils soient en latex ou tout autre matière, sont inutiles. En effet ils supposent une discipline qui est impossible à maintenir sur le long cours. On voit souvent dans les transports en commun des gens gantés… qui posent leurs mains sur les surfaces potentiellement contaminées (comme les barres de maintien ou les boutons de porte)… puis qui tripotent leur téléphone, se frottent les yeux, se grattent le nez ou se recoiffent avec ces même mains gantées (maintenant contaminées)… et qui se contaminent alors allègrement ! On voit aussi des policiers gantés qui prennent l’un après l’autre les justificatifs de sortie que leur tendent les citoyens dûment autorisés à se déplacer. Ou des caissières qui passent d’un client à l’autre. Tout cela n’a aucun sens ! Ni pour les citoyens en général, ni même pour la personne elle-même qui balade ses mains partout, y compris sur elle-même, et se recontamine avec ce qu’elle a touché. En vérité, le port des gants ne se conçoit que comme une parenthèse, pour un geste précis et une durée courte. Il suppose de ne rien faire d’autre que ce geste, et surtout pas de porter ses mains gantées-contaminées ailleurs, et encore moins sur soi. Dès que le geste contaminant est terminé, il faut enlever les gants en les retournant sur eux-mêmes, face extérieure à l’intérieur, et les jeter.  

Gel hydro-alcoolique: l’eau bénite de notre temps!

Venons-en au lavage des mains et aux gels hydro-alcooliques dont on a jamais entendu autant parler. Au contraire du port de gants, le lavage des mains est indispensable. Il doit être fréquent. Il vise à décontaminer les mains dans l’hypothèse, probable dans la vie quotidienne, qu’elles ont touché une surface contaminée. Le lavage des mains peut se faire à l’eau et au savon. En effet le savon exerce une action tensio-active qui est très efficace pour détruire le virus (sa surface extérieure est composée de lipides qui sont désorganisés par les tensio-actifs). Il faut bien se frotter les mains en allant dans tous les interstices, notamment entre les doigts, et en passant sur la paume et sur le dos. S’essuyer avec un papier à usage unique et le jeter. À la maison, mettre par exemple une réserve de sopalin prédécoupé à côté du lavabo. Si on n’a pas accès à du savon, notamment hors de chez soi, les gels hydro-alcooliques ont le même usage. Chacun peut en avoir une petite bouteille dans sa poche. À utiliser en sortant d’un transport en commun, par exemple. Frotter jusqu’à ce que les mains soient sèches.

C’est du propre!

Bien sûr, le nettoyage des surfaces est utile pour diminuer la contamination du milieu ambiant, qui a pu être atteint par nos fameuses gouttelettes de salive. Employer un détergent conventionnel du commerce qui a le même effet tensio-actif que le savon. Eau de javel possible, mais de maniement plus délicat. À côté des surfaces « classiques », dans la salle de bain et la cuisine, penser aussi aux poignées de porte, boutons d’ascenseur, dossiers de chaise, interrupteurs, écrans, claviers et souris d’ordinateur, téléphones, tablettes, télécommandes de télévision, etc. La durée de survie du virus sur les surfaces inertes fait encore débat. Mais il s’agit au minimum de plusieurs heures, peut-être même de plusieurs jours. 

Le masque

La polémique qui entoure le masque dit « chirurgical » ou masque simple, est tout simplement ridicule. Il suffit de regarder des images en provenance d’Asie du Sud-Est, où toute la population porte un masque, pour pouvoir répondre d’une voix assurée : le masque est évidemment un élément clé pour diminuer la diffusion du virus. Tout simplement parce qu’il est la première barrière contre ces fameuses gouttelettes de salives que nous projetons involontairement un peu partout ! Il faut le dire et le répéter : porter un masque, même rustique, même en tissu, même de fabrication artisanale, doit être une priorité absolue. On peut tout à fait le toucher avec ses propres mains non gantées puisqu’il ne s’agit pas de se protéger soi-même contre ses propres sécrétions mais de protéger les autres. Il faut bien couvrir la bouche et le nez. Le serrer suffisamment et pincer au niveau du nez pour éviter la formation de buée sur les lunettes. Et surtout ne pas l’enlever quand on parle à quelqu’un, ni quand on prend le métro, ni quand on se penche sur un ordinateur, une tablette ou un téléphone… toutes surfaces qui pourraient ensuite être utilisées par d’autres, et qui pourraient les contaminer. Avec le masque, on doit continuer à éternuer dans son coude, par précaution. Mais le risque que ce geste ne suffise pas est beaucoup diminué. À noter qu’avec le masque FFP2, il est recommandé d’éviter la barbe qui diminue son étanchéité. Dans nos hôpitaux, tous les hommes se sont rasés, sacrifiant sans hésitation la pilosité qui faisait leur fierté. Pas de notion scientifiquement étayée pour le masque simple. Mais si on ajoute la solidarité au bon sens, on peut en tirer des leçons…

La discipline gestuelle

Je parle ici de ces petits gestes involontaires que nous réalisons sans même nous en rendre compte. Se frotter le nez ou les yeux, se caresser le menton, rouler dans ses doigts une mèche de cheveux ou la mordiller… Nous pouvons porter attention à ces gestes automatiques, voire névrotiques, et les réduire. Notamment dans les situations où la contamination est à portée de main (transports, commerces, travail hors du cercle strictement privé…), faisons attention à notre gestuelle ! Je parle ici en chirurgien qui a appris, parfois dans la douleur, à contrôler ses mouvements. Quand on opère, les mains ne servent qu’à opérer. Elles ne quittent pas le champ opératoire. Ni pour gratter un nez qui démange ou une boucle de cheveux qui, sortie du calot, chatouille le front ; ni sous l’effet de la fatigue, qui les fait descendre sous le niveau de la ceinture. Nos jeunes étudiants qui entrent pour la première fois au bloc opératoire en prennent pour leur grade, je vous assure ! Mais au prix de quelques engueulades bien méritées, ils acquièrent bientôt cette discipline du corps qui est le préalable à la discipline de l’esprit.

Toutes ces mesures, de bon sens, ont pour but de diminuer la diffusion du virus autour des personnes malades, y compris les malades qui s’ignorent, qui sont en un sens les propagateurs les plus dangereux, quoique évidemment involontaires. Y compris aussi les enfants, qui sont d’excellents porteurs sains et donc de sacrés propagateurs – petits sacripants ! Elles n’ont pas pour but de protéger l’individu lui-même, et encore moins un soignant mis au contact d’un malade contagieux. Elles doivent donc s’appliquer à chacun d’entre nous… J’entends ici inclure aussi les donneurs de leçon qui, chaque jour, s’agitent sur nos écrans ! Je suis d’ailleurs choquée de voir combien les légions de journalistes et politiques qui nous haranguent prennent peu de précautions. Non masqués, ils se succèdent devant des micros collectifs qu’ils arrosent copieusement de leurs postillons d’une façon fort peu hygiénique. Souvent, ils s’agglutinent joyeusement sur le même plateau pour des débats qu’on imagine être des nids de contagion réciproque. 

Appel solennel à David Pujadas

Je veux ici lancer un appel : que toutes les personnes apparaissant sur nos médias fassent l’effort qu’ils demandent à leurs concitoyens, en particulier en portant un masque (chirurgical), exactement comme c’est le cas dans les pays asiatiques ! Si MM. Pujadas, Delahousse et autres présentateurs vedettes apparaissaient masqués au 20h, cela aurait de la gueule ! Une telle démonstration serait non seulement pédagogique, mais aussi hautement symbolique. Plus que les applaudissements à destination des soignants, cela témoignerait que personne ne s’excuse de l’effort collectif qui seul pourra venir à bout du fléau.



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