Willy Sagnol face aux maîtres censeurs


Willy Sagnol face aux maîtres censeurs

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Willy Sagnol, l’entraîneur des girondins de Bordeaux, se relève à grand-peine de plusieurs jours de tempête médiatique. L’objet de la vindicte ? Ses propos échangés dans un long entretien à Sud Ouest, alors qu’il était questionné sur les contre-coups de la CAN :  « L’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il n’est pas cher quand on le prend, c’est un joueur qui est prêt au combat généralement, qu’on peut qualifier de puissant sur un terrain (…) le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline, il faut de tout. Des Nordiques aussi. C’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité ».

Le propos, un peu cliché, est isolé au milieu de deux heures d’échange et n’avait pas été publié dans la version papier du journal. Par manque de place ou par autocensure? Dans tous les cas, le journal a eu du flair. Sauf que la vidéo de l’entretien n’est pas passée inaperçue auprès des limiers de l’antiracisme. SOS Racisme a débusqué des propos qui « renvoient à une expression décomplexée du racisme anti-noir« . La dénonciation ne suffisant pas, l’association a exigé une condamnation publique : « que les instances – FFF, LFP et Ministère des Sports – prennent des sanctions immédiates à la hauteur de la gravité de tels propos« . La Licra bordelaise, outrée, ne pouvait faire autrement que d’annoncer l’arrêt unilatéral de son partenariat avec le club de Bordeaux. Des postures qui, n’en doutons pas, feront avancer la cause de l’antiracisme dans les stades de football.

Carlos Da Silva, porte-parole du PS, s’est naturellement joint à la meute: « Le Parti socialiste condamne avec la plus grande fermeté les propos tenus par Willy Sagnol (…) Il doit être sanctionné par la Fédération française de football.” Parmi “les matons de panurge” se trouve l’incontournable Lilian Thuram, lequel n’a pas été plus solidaire que jadis avec Laurent Blanc: « Malheureusement, il y a toujours eu des préjugés sur les personnes venant d’Afrique, les personnes qui sont noires; on les enferme toujours dans leur force et on nie chez eux une certaine intelligence. Ces propos, ça conforte ces préjugés-là« .

C’est donc le patronat du football qui a pris la défense du joueur et dénoncé la chasse à l’homme lancée par la censure officielle.
« Willy Sagnol est tout sauf raciste » a plaidé Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux. « C’est le défaut de notre société, il faut peser chaque mot, il y a tellement de gens à l’affût, pour exister, pour justifier leur condition, en mal de reconnaissance. Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire sans mesurer chacun de ses mots.” Et Bernard Tapie de mettre en garde: « Sagnol, fais gaffe, ne dis plus de connerie, fais attention à ce que tu dis parce que ce sera utilisé« .

Après s’être déclaré “désolé” de la mauvaise interprétation de ses propos, on croyait que l’entraîneur des girondins de Bordeaux avait sauvé sa tête. Il avait reçu le soutien de ses joueurs (le capitaine est sénégalais, Lamine Sané) et de Noël Le Graët, le président de la FFF. Cheikh Diabaté, buteur face à Lens, s’était spontanément jeté dans ses bras. Même Antoine Kambouaré avait eu quelques mots aimables pour lui.  En larmes devant les caméras de canal+, sonné par la polémique infamante dont il était la cible, Willy Sagnol était ému par le soutien de ses joueurs. Clap de fin au micro de “Paga”?

C’était sans compter sur la hargne de l’association SOS racisme. “Non, l’affaire Sagnol n’est pas terminée” a-t-elle jugé, souveraine. Le soufflet retombé, elle estime avoir perdu son procès médiatique en comparution immédiate. En dépit des dommages subis par l’ancien ailier du Bayern Munich, elle n’a pas obtenu non plus de procès professionnel (le joueur n’a pas été sanctionné par la fédération). Mais pas question pour les amis de Dominique Sopo que Willy Sagnol s’en tire avec de simples regrets et des larmes. Reste alors le terrain judiciaire…

Plusieurs jours après les faits, une plainte vient seulement d’être déposée. Autrement dit, le présumé accusé agonise mais respire encore dans les médias, le prétoire est donc l’ultime recours de nos maîtres censeurs. Signe que la Justice de première instance siège aujourd’hui sur les plateaux de télévision.

*Photo : BEBERT BRUNO/SIPA. 00690852_000015. 



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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