En votant pour Valls, Frédéric Lefebvre ne gaffe plus


Est-ce pour faire parler de lui que Frédéric Lefebvre, député UMP des Français d’Amérique du Nord, a voté le programme de stabilité proposé par Manuel Valls la semaine dernière à l’Assemblée ? C’est bien simple, depuis la nomination de Valls à Matignon, la presse se régale de sa supposée métamorphose en social-démocrate bon teint. Pour ma part, j’accorderai le mérite de la constance à l’ex-porte-flingue sarkozyste, jadis connu pour ses conférences de presse et ses formules à la truelle. Que nous dit-il ? Que Valls ne fait que poursuivre, en l’amplifiant ajouterai-je, la politique de taille dans les dépenses de l’Etat que menaient Sarkozy et Fillon, non sans alléger les cotisations sociales pour le plus grand bonheur des entrepreneurs.


Frédéric Lefebvre : Pouquoi j’ai voté le… par TV5Monde

Déjà passé à deux doigts de voter la confiance à Valls le mois dernier, Lefebvre pose légitimement en élu responsable qui ne se dédit pas, contrairement à ses amis centristes qui se sont contentés de s’abstenir pour permettre à la loi de passer, pendant que les parlementaires UMP s’opposaient en masse, pour les besoins de la théâtralité droite/gauche.

J’entends d’ici les mauvaises langues murmurer que le sieur Lefebvre lorgnerait un maroquin, une mission ministérielle, ou la présidence de la commission des fruits confits. Certes, les convictions ne pèsent souvent pas très lourd en politique, mais si des voix de la gauche du PS venaient à manquer au gouvernement dans les prochaines semaines, le groupe parlementaire UDI arriverait en force d’appoint, tels les députés centristes réunis autour de Pierre Méhaignerie pour soutenir Rocard en 1988-1991, dans sa période d’ouverture aux ministres ex-giscardiens (Stoléru, Durafour, Stirn…).
Vingt-cinq ans après, Lefebvre pourrait jouer à son tour les francs-tireurs, ce qui ne compromettrait pas nécessairement son avenir politique, si j’en juge par le précédent Méhaignerie. Après son flirt rocardien, ce dernier devint successivement Garde des Sceaux du gouvernement Balladur (1993-1995), secrétaire général de l’UMP (2004-2007) et président de la Commission des finances de l’Assemblée (2002-2007).

Appuyer la gauche semble donc le plus sûr moyen d’avancer ses pions à droite. Attention, n’inversez surtout pas l’ordre des ingrédients : sectarisme oblige, vous vous retrouveriez dans un placard, voire secrétaire général de l’Elysée !



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