Tel Aviv sur Seine: ça barde au Front de gauche!


Tel Aviv sur Seine: ça barde au Front de gauche!

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La danse du scalp menée par la gauche de la gauche à propos de Tel Aviv sur Seine occupe l’espace médiatique au beau milieu de la pause estivale. Les ténors de la politique étant au vert ou au bord de la grande bleue, d’autres font l’actualité et comptent bien en profiter pour se faire une notoriété. Encore une fois, la cause palestinienne n’est malheureusement qu’un prétexte.

Il n’aura échappé à personne que la bronca contre Tel Aviv sur Seine a été lancée par Danielle Simonnet, une élue municipale parisienne du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. L’occasion de se payer la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de tenter de mettre le PS dans l’embarras, semblait trop belle. En critiquant le choix de Tel Aviv comme partenaire de Paris plage, il était facile de fédérer autour d’elle tout le gratin du pire idéologique, une drôle d’alliance allant du très rouge au très brun, en passant par le BDS (Boycott, Divestment, Sanctions), l’Association France Palestine Solidarité et j’en passe.

Bref, un grand classique de l’antisionisme, avec comme corollaire bien connu, tous les débordements antisémites, classiques, sur les « réseaux sociaux » contre lesquels Madame Simonnet n’a pas encore protesté avec cette fermeté de ton qui la caractérise tant. En revanche, elle prend date auprès de ses futurs électeurs. Songeons que les élections régionales approchent (dans quatre mois) et le PS vivra probablement des heures très douloureuses. Il ne sera pas le seul : il est probable que la gauche dans son ensemble verra sa voilure largement réduite. Dans ce contexte de débâcle annoncée, les places en positions éligibles s’annoncent rares,  et tous les coups – surtout les plus bas – sont permis. Certains tentent donc de  se placer, cherchent à se faire remarquer par les médias et l’électorat en débordant « les têtes de liste » sur leur gauche. Et critiquer Israël peut sembler une martingale gagnante à ces esprits simples.

Ainsi, depuis le début de «l’affaire Tel Aviv sur Seine», les ultras du PG semblent occuper l’espace médiatique. En l’absence de prise de parole de Mélenchon sur le sujet, Eric Coquerel le coordinateur du Parti de Gauche, n’est monté au front que très tardivement… pour presque contrecarrer les propos de boutefeu de Madame Simonnet ! Ce matin, sur France Info, il a proposé que l’événement soit transformé en journée fédérant artistes palestiniens et israéliens oeuvrant pour la paix. Comme par hasard, une fois ce sujet épuisé, le journaliste  qui l’interrogeait est passé une question sur… les élections régionales.

Au Parti communiste, allié du PG au sein du Front de Gauche, la situation n’est pas plus claire. D’abord parce que la signature de l’alliance avec les (maigres) troupes de Mélenchon ne faisait pas l’unanimité, loin s’en faut. Dans certains cas, ces réticences  ont viré à la franche hostilité contre Mélenchon, sentiment qu’on exprime de plus en plus ouvertement place du Colonel-Fabien. Sur le terrain, les relations avec les camarades du PG s’en ressentent et divisent dans les sections déjà clairsemées du PC. Pour des raisons de micro-tactique, il arrive que des responsables locaux assument des prises de position de camarades un peu agités et aux courtes vues. Or, ces « débordements » toujours sur leur gauche, vont presque toujours avec une contestation de la politique d’union de listes pour les élections aux municipalités restées aux mains de la gauche, généralement dirigées par un maire PS. Quand l’occasion de mettre dans l’embarras un maire PS se présente, on ne se gêne pas !

À la gauche de la gauche, la surenchère anti-israélienne et antisioniste doit en outre avoir pour effet d’amener à eux de « nouveaux électeurs », entendez par là ceux des cités qui se décideraient à aller aux urnes. Marqués à la culotte par le NPA, le PC et le PG sont au coude à coude dans la course à ces voix.

Nous en sommes là. Tel-Aviv sur Seine a bien eu lieu. Le Parti de Gauche, par la voix d’Eric Coquerel (mais où diable est donc Mélenchon ?), vient de siffler la fin de la récréation dans les rangs. « On n’appelle pas à se mobiliser pour une simple raison, c’est qu’on a vu sur les réseaux sociaux depuis des jours – y compris venant d’une certaine extrême droite sioniste – des appels à provocation extrêmement violents », a développé Eric Coquerel sur Europe 1. « Il y a plein de gens qui rêvent que ça se passe mal et nous, nous n’avons pas les moyens militants d’éviter les provocations de ce type », a-t-il poursuivi, espérant que « tout va se passer dans le calme », même s' »il y a des gens qui ont envie de faire monter la sauce ».  Une manière bien  « Parti de Gauche » de taper sur les doigts de l’agitée du fond de la classe, la « non nommée » dans les interventions d’Eric Coquerel, une certaine… Danielle Simonnet!

*Photo: Sipa. Reportage n°AP21778399_000016.



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