Ségolène la fataliste


Ségolène la fataliste

segolene royal presidentielle

Elle nous avait habitués à mieux la Madone du Poitou ! Avec son lyrisme et sa bravitude. Ses accents mystiques et ses débats participatifs. Ségolène Royal avait des projets pour la France, de la force citoyenne à la France Présidente, elle avait derrière elle toutes les forces du changement. Elle incarnait un vrai désir d’avenir. N’aurait été Sarkozy et ses talents d’orateur…

Pourtant, à l’époque déjà, on se plaisait à imaginer que seule une « Madame le président » de gauche pourrait oser une politique de réforme que l’on croyait déjà inéluctable, tant la droite semblait cristalliser les blocages et exacerber les résistances au changement. Mais on ne va pas refaire l’histoire, c’est finalement Sarkozy qui l’avait emporté, assez largement d’ailleurs.

La politique est parfois cruelle. Jugez plutôt : le plébiscite (60%) en faveur de Ségolène lors de la primaire de 2006 l’avait finalement conduite à un échec, alors que la relative majorité de son Francois (39%) en 2011, lui ouvrit les marches du pouvoir -dont on connait malheureusement l’usage qu’il fit-.

Mais notre Royal perdante a la peau dure, elle continue, avance, se remet en selle et revient. Après une traversée du désert et un score calamiteux lors de la primaire de 2011 (7%) où son ex-compagnon lui a ravi la vedette, elle est de nouveau sur le devant de la scène. Elle siège maintenant en maîtresse –d’autant que son ennemie de cœur a été répudiée de l’Elysée- au gouvernement de son ex. Elle fera de nouveau parler d’elle.

Devant la menace d’un blocage orchestré par les routiers, Madame le Ministre de l’écologie du développement durable et de l’énergie, après avoir annoncé une réunion avec les acteurs du secteur à la recherche de solutions, a préféré jeter l’éponge purement et simplement. Il s’agit d’une simple décision de bon sens, comme elle l’explique : « Si l’expérimentation du système écotaxe doit poser des problèmes économiques supplémentaires aux entreprises et menacer l’emploi, les décisions de bon sens doivent être prises ».

Suspendu sine die. Question suivante ?

Non, le principe du pollueur-payeur n’est pas remis en cause puisque c’est auprès des sociétés d’autoroutes honteusement profitables et certainement très polluantes que l’on cherchera le milliard d’euros de recettes prévu à l’origine du projet. Quant à savoir ce que deviendront le consortium d’exploitation Ecomouv et les portiques… réponse reportée, sine die sans doute.

La Madone a lâché prise… trop compliqué. Et c’est pour cela qu’il lui faut exister sur d’autres fronts, émettre des avis éclairés. Ainsi vole-t-elle au secours de ce pauvre Emmanuel Macron, qui lapsusse tant et plus : « Il y a peut-être une petite maladresse sur l’utilisation du vocabulaire, mais je n’ai pas vu dans la prise de parole d’Emmanuel Macron une quelconque intention de réformer l’assurance chômage ».  Et d’asséner doctement,  « l’assurance chômage est un acquis social et ce n’est pas en période de crise qu’il faut toucher à un acquis comme celui-ci ». En voilà du programme !

Il est loin le temps ou elle rêvait d’une « croissance forte, d’une dette publique maîtrisée, et de la réconciliation des Français avec les entreprises ». Quand elle voulait « appliquer le principe pollueur-payeur en organisant la responsabilité des entreprises responsables d’atteintes à l’environnement, et instaurer la vérité des coûts du transport de marchandises par la route en négociant une éco-redevance pour décourager le transport par camion et transférer le fret vers le rail, comme dans d’autres pays européens. »[1. Proposition 61 du pacte présidentiel de Ségolène Royal en 2007.].

Il est vrai que c’est alors à un « vice-Premier Ministre » qu’elle aurait confié cette lourde responsabilité, en lui cédant en prime l’aménagement du territoire[2. Proposition 63 du pacte présidentiel de Ségolène Royal en 2007.]. C’est peut-être là que le bât blesse !

Quoi qu’il en soit, elle a confié lors d’une interview qu’« il faut savoir à un moment arrêter la politique ». Comme Montebourg qui doit « savoir quitter la scène » ? Les présidentielles, qui préoccupent tant les français en attente de réponses, « ce n’est plus son timing ». Elle s’engagera autrement, pour l’environnement. En traquant les pollueurs… de son choix, peut-être ?

*Photo :  NICOLAS MESSYASZ/SIPA. 0695027_000006. 



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