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Mur des cons : informer ou punir, il faut choisir


Mur des cons : informer ou punir, il faut choisir

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« Le premier qui dit la vérité… ». On connaît la chanson et son refrain qui n’incite guère à la témérité. Dans l’affaire du « mur des cons », le coupable n’est pas un poète soviétique persécuté mais Clément Weill-Raynal, un journaliste de France 3 que son employeur s’apprête à sanctionner… pour avoir fait son travail ! Après le sermon du SNJ, qui nous amène à désespérer de l’action syndicale (si un syndicat refuse de défendre un membre de sa corporation, à quoi sert-il ?), la palme de la tartufferie revient à France 3.
La chaîne de télévision publique vient d’ouvrir une procédure disciplinaire à l’encontre de l’éditorialiste, avec menaces de lourdes sanctions et déclarations solennelles, le tout sur papier à en-tête. Car Weill-Raynal est coupable… d’avoir filmé une vérité qui dérange et ainsi montré ce que tout le monde savait. Qui peut bien ignorer que le Syndicat de la magistrature divise le monde en deux catégories : les belles âmes angéliques et les « cons » ? Pour comprendre le deux poids deux mesures de l’histoire, l’idéal est d’entendre le principal intéressé, victime d’un procès de Moscou en pleine dictature de la transparence. « Je suis tombé sur le « Mur des cons » le 3 avril dernier alors que je réalisais une interview de la présidente du Syndicat de la magistrature, Françoise Martres (…) Je ne pensais pas forcément [que ces images] pouvaient avoir un tel retentissement. C’est pourquoi je les ai montrées à un magistrat. Celui-ci m’en a demandé une copie. J’ai appris ensuite qu’il les avait transmises à Atlantico », explique-t-il à nos confrères d’Atlantico.  Quant aux faux dévots de la CGT-France 3 qui s’enthousiasment devant des images volées de Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy ou des enregistrements pirates de l’entourage de Liliane Bettencourt, ils inspirent cette réflexion désabusée à Weill-Raynal : « Je connais leurs pratiques et leur sectarisme, mais je suis tout de même sidéré. Ils m’accusent de manquement déontologique alors que je n’ai fait que mon travail. En réalité, il s’agit d’un prétexte pour demander ma tête. La CGT veut me punir d’avoir dénoncé un syndicat proche de ses orientations. »
Une fois n’est pas coutume, Libération apporte de l’eau au moulin du journaliste en citant une source anonyme au sein de la rédaction de France 3. Celle-ci évoque un Clément Weill-Raynal « engagé à droite de manière assez affichée » et « déontologiquement problématique » (mais ces deux expressions ne sont-elles pas synonymes ?). Libé ajoute qu’ « il est notamment controversé pour avoir mené la campagne contre Charles Enderlin » dans l’affaire Al-Dura – insinuant que le petit Mohamed ne serait pas mort sous les balles israéliennes. Un franc-tireur qui cherche des noises à l’un de ses confrères du service public en osant lever un lièvre déontologique, c’en était définitivement trop pour la CGT et France 3. Haro sur Weill-Raynal !
De son côté, plutôt que de jouer le jeu du syndicalisme old school – défendre un collègue en danger, même si on le soupçonne de désaccord idéologique – la CGT-France 3 a exhorté la direction à sévir. Quitte à entonner « Les copains d’abord » avec le Syndicat de la magistrature. Après tout, une lune de miel vaut bien un scalp…

*Photo : Capture d’écran Le Figaro.



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