Accueil Édition Abonné Avril 2021 Le crypto-art s’arrache dans les ventes aux enchères

Le crypto-art s’arrache dans les ventes aux enchères

Marché d'art: la surenchère numérique


Le crypto-art s’arrache dans les ventes aux enchères
© D.R.

L’empreinte numérique des œuvres virtuelles (non-fongible token) s’achète à prix d’or. Un phénomène curieux qui agite l’art contemporain.


Dans sa course effrénée à la négation de l’art et de la beauté, l’art moderne a conquis un nouveau territoire : les œuvres virtuelles, dont on commercialise aujourd’hui l’empreinte numérique.

A lire aussi, Benjamin Olivennes: Art contemporain: «une production fade, aseptisée, facilement exportable»

Ainsi, une vidéo de dix secondes, réalisée par l’artiste Beeple, qui se contente de montrer des gens marcher devant une statue couchée peu flatteuse de Donald Trump, sur laquelle se pose un oiseau bleu, vient d’être vendue près de 7 millions de dollars. L’œuvre, qui est visible librement en ligne par tous, a été commercialisée sous la forme d’un non-fongible token (NFT, en français « jeton non fongible »). L’acquéreur a acheté en fait la suite de 0 et 1 qui la compose. Le mouvement est mondial et les street-artistes sont de la partie. Les spéculateurs ont flairé la bonne affaire. Christie’s organise même des ventes « crypto-art », durant lesquelles les NFT s’écoulent à prix d’or.

Tout le monde cherche à vendre ou à acheter, en cryptomonnaie cela va de soi, son petit bout de virtualité digitale. À Toronto, c’est une maison virtuelle qui a été vendue 500 000 dollars. Conçue par l’artiste Krista Kim, l’œuvre Mars House est un fichier de maison numérique en 3D. Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter, a mis en vente son tout premier tweet pour 2,9 millions de dollars. Ce NFT n’est composé que de ces quelques signes : « Je crée mon compte Twitter »… C’est un entrepreneur malaisien qui est aujourd’hui l’heureux propriétaire de ce message colossal pour l’humanité. Comme les humains ne sauraient avoir le monopole de l’art, les robots s’y mettent, à l’instar de Sophia, l’androïde aussi célèbre que charmante, qui a vendu aux enchères un autoportrait pour 700 000 dollars. Selon 20 minutes : « Sophia est aujourd’hui la première entité non humaine à vendre aux enchères sa propre œuvre numérique soutenue par les NFT. » Va expliquer ça à ta grand-mère.

L'autre art contemporain: Vrais artistes et fausses valeurs

Price: 16,00 €

26 used & new available from 7,55 €

Avril 2021 – Causeur #89

Article extrait du Magazine Causeur




Article précédent Les noces tumultueuses de la peur, du pouvoir et du savoir
Article suivant Pour ou contre la société du commentariat?
Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération