La Libye, c’est bon pour les affaires


Malgré ce qu’on peut en croire ici, l’affaire étrangère qui secoue en ce moment la classe politique américaine ne provient ni d’Ukraine, ni du Nigéria –deux sujets qui font largement consensus. C’est en effet la Libye qui provoque un étripage général entre démocrates et républicains. 

On vient d’apprendre que la Chambre des représentants a voté en faveur de l’ouverture d’une nouvelle enquête (la dixième, affirment les exégètes !) concernant l’attaque du 11 septembre 2012 contre le consulat des États-Unis à Benghazi.  Ce raid, attribué à l’une des innombrables milices islamistes locales, avait notamment coûté la vie à l’ambassadeur américain en Libye. D’après l’édito assez furibard publié le 8 mai par le  New York Times, l’opposition espère par cette manœuvre transformer « une tragédie en scandale » et envoyer au passage un message d’anti-obamisme radical aux électeurs les plus à droite, ce qui n’est pas inutile en pleine période de « fundraising » pour les élections de novembre prochain.

Sans aller jusque-là dans le soupçon, la plupart des observateurs notent que ce n’est pas tant le président qui est dans le collimateur des républicains que son ancienne responsable aux affaires étrangères. C’est une certaine Hillary Clinton qui était secrétaire d’Etat au moment du drame de Benghazi.

Selon ses détracteurs, Mrs Clinton a dans cette affaire fait preuve de faiblesse, de défaillances, ou pire encore : juste après l’attaque, un représentant républicain de l’Utah, Jason Chaffetz avait dénoncé « l’effort concerté du département d’Etat et de la Maison Blanche pour réduire les mesures de sécurité à Benghazi  »

Chez les républicains les plus durs, on espère bien évidemment que cette énième enquête parviendra à convaincre une partie significative des électeurs qu’Hillary est une incompétente voire une menteuse : il en serait alors fini de ses ambitions pour la prochaine présidentielle. Et là, moi, je m’interroge.

Je ne m’interroge pas sur le degré de culpabilité ou l’innocence d’Hillary, il y a des gens bien plus qualifiés que moi pour ça. Non je me pose des questions sur la méthode utilisée.

Un acharnement judiciaire, s’appuyant sur une vieille affaire libyenne, pour discréditer aux yeux de l’opinion un éventuel candidat à la présidentielle ? Avant même la signature du traité transatlantique, les Américains ne se gênent pas pour copier sans vergogne les spécialités françaises.



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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