Israël-Palestine: une conférence pour la paix, mais après?


Israël-Palestine: une conférence pour la paix, mais après?
Jean-Marc Ayrault et Benjamin Netanyahou, ce dimanche 15 mai à Jérusalem (Photo : SIPA.AP21896175_000004)
Jean-Marc Ayrault et Benyamin Netanyahou, ce dimanche 15 mai, à Jérusalem (Photo : SIPA.AP21896175_000004)

Réunir une conférence internationale, comme tente de l’organiser la France finalement cet été, pour régler le conflit entre les Palestiniens et les Israéliens ? Quelle bonne idée à première vue ! D’un côté, en effet, le statu quo actuel privant les Palestiniens de leur droit à un État souverain ne pourra pas durer éternellement. De l’autre côté, laissées à elles-mêmes dans un tête-à-tête, les deux parties prenantes ne s’entendront jamais à l’amiable. Comme dans les divorces, seul un tiers peut imposer une solution équitable.

C’est tellement évident qu’en 2004 déjà, le grand écrivain israélien Amos Oz publiait son appel Aidez-nous à divorcer ! Israël Palestine : deux États maintenant[1. Aidez-nous à divorcer ! Israël Palestine : deux États maintenant, Amos Oz, Ed. Gallimard, janvier 2004, 40 pages].

Dans le scénario de cette bienveillante ingérence, que j’ai longtemps souhaitée, il y a malheureusement un petit quelque chose qui gêne, et qui explique l’impasse que les Européens ne comprennent pas. Ce petit quelque chose, c’est, comme d’habitude dans cette région du monde, le jour d’après.

Que se passera-t-il en effet au lendemain de la création d’un État palestinien au terme d’un accord qui comprendrait le droit à l’existence et à la souveraineté de l’État d’Israël ? Dès le lendemain, des élections interviendront en Palestine, qui porteront au pouvoir de nouveaux dirigeants. Et qu’est-ce qui garantit que les nouveaux dirigeants de ce nouvel État accepteront l’existence de leur voisin de palier, c’est-à-dire de l’État d’Israël ?

Qu’est-ce qui garantit que la population de ce nouvel État palestinien ne se donnera pas démocratiquement au Hamas, et que cet État palestinien créé par des bonnes volontés ne sera pas un nouveau Gaza, un État se comportant en État terroriste ?

Qu’est-ce qui nous prouve que les Palestiniens se contenteront d’un compromis territorial et que les Israéliens auront la paix, la paix maintenant, en échanges des territoires ? Qu’est-ce qui garantit que les Palestiniens ne chercheront pas à bouter l’État juif hors du sol de l’islam, et cela en recourant à la terreur, qui est le moyen habituel de la politique dans les pays arabes ?

Tous ceux qui reprochent à Israël d’être responsable de ce conflit croient, de bonne foi, que ce conflit porte sur le partage d’un territoire. Les Israéliens, eux, sont convaincus qu’une partie de leurs voisins arabes et musulmans ne veulent rien moins que leur disparition.

Dans l’éventualité où l’État palestinien se comporterait comme Gaza, puisque l’objectif proclamé du Hamas n’est pas la coexistence de deux États mais la disparition de l’État d’Israël, qu’est-ce que les pays de la conférence internationale ont prévu de faire ? Sont-ils prêts à soutenir l’État agressé ? Un tel engagement verbal ne suffirait sans doute pas à rassurer les Israéliens qui, en raison de leur mémoire juive et de leur mémoire israélienne, n’accepteront sans doute jamais que la défense de leurs vies ne dépende pas d’eux.

Mais ces mêmes Israéliens seraient peut-être tout de même un peu rassurés si les pays organisateurs de la conférence internationale s’engageaient solennellement à laisser l’État d’Israël entièrement libre de se défendre, en cas d’agression, sans lui tordre politiquement le bras dans le dos comme cela a été le cas jusqu’ici.

On ne peut pas imaginer engagement plus minimal. Mais cet engagement minimal changerait peut-être la donne. Alors, le Quai d’Orsay, chiche ?

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André Sénik, professeur agrégé de philosophie.

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