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Gaby-le-Magnifique à l’école du pouvoir

Il y a longtemps que Gabriel Attal n'a plus sa carte au parti socialiste...


Gaby-le-Magnifique à l’école du pouvoir
Le Premier ministre Gabriel Attal, hier, Paris © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, d’une durée d’une heure vingt, mardi 30 janvier, le Premier ministre a appelé à une « exception agricole française ». Il place désormais l’agriculture au sommet des priorités gouvernementales, donnant le sentiment de délaisser l’école. Comme il a utilisé les termes « déverrouiller », « désmicardiser » ou « débureaucratiser », Jean-Luc Mélenchon a entendu le discours « le plus réactionnaire depuis plus d’un siècle ».


Annoncée à grand fracas médiatique, la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, s’est diluée dans le convenu du macronisme, en noyant l’identité de son orateur. Le prometteur mais éphémère Ministre de l’Education nationale a laissé ses engageants oripeaux d’il n’y a pas si longtemps dans les vestiaires de la rue de Grenelle, qu’il a étonnamment quittés sans trop de nostalgie.

Pour l’occasion, le servile public avait sorti les grandes orgues. France Télévisions, jugeant sans doute l’impact des chaines infos et l’écho de son satellite radiophonique insuffisant, avait bousculé son antenne pour retransmettre l’évènement. La bonne Ernotte est donc de rigueur pour cette complaisance espérée porteuse avec le ci-devant ministre de l’Education et son rendez-vous avec la nation, au cœur d’une actualité lourde et d’une jacquerie-soubresaut de vie, qui voit le paysan non plus cultiver la terre mais la rejoindre. Avec la complicité mortifère des termites de Bruxelles, désignées – c’est certain ! par les dieux, mais c’est une autre histoire.

Le jeune et impénitent marcheur de la première heure, qui avait fait ses armes au sein du très décati parti à la rose, avait ce jour-là de vrais accents conservateurs, propres à séduire la frange conservatrice du pays. Certes, le jeune Premier ministre a usé de ses atouts premiers : regard noir-de-jais profond, éloquence bouillante, sincérité revendiquée et index pointé, mais il vient sans doute de perdre la première manche dans l’étayage de son nouveau statut. Le brouhaha du Palais-Bourbon qui prévalait lors de son allocution, plus potache que vindicatif – sans doute par égard à sa courte apparition dans son rôle de professeur en chef – n’a rien de définitivement révélateur cependant. La vérité est ailleurs. L’astre brillant au firmament des sondages et autres enquêtes d’opinion prend désormais des allures d’étoile filante. La fameuse théorie, qui s’avère de plus en plus fumeuse et funeste, du « en même temps » risque de le consumer bien vite… Le fils spirituel du grand frère qui siège à l’Elysée va se faire doucement phagocyter par son insigne parent. Au pays des Huns, seul le pas très engageant Attila survit – sans prospérer – et les jeunes pousses herbeuses qui s’aventurent à croître sous sa fausse bénédiction sont promises à l’étiolement, au sein d’un désert où la défaite est plus cuisante encore.

Gaby-le-Magnifique a du mouron à se faire…




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Journaliste

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