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Copé-Fillon : chacun son style


Copé-Fillon : chacun son style

François Fillon contre Jean-François Copé à l'UMP

On ne le répétera jamais assez, l’élection à la présidence de l’UMP se jouera sur une opposition de styles. Les efforts déployés par les uns et les autres pour nous expliquer que Copé est plus à droite que Fillon, que Fillon serait plus gaulliste, voire gaulliste social -rires dans la salle- ne convaincront que des personnes à l’oeil politique très peu averti. Cette conviction est parfaitement illustrée par l’affaire dite du pain au chocolat, profondément révélatrice des stratégies respectives des candidats.

Copé a entamé un tour de France des fédés UMP afin de vendre sa « droite décomplexée », titre de son livre sorti à l’occasion de la campagne interne. Visiblement, Copé a lâché les chevaux dans le bouquin en question et les journalistes, qui sont loin de l’avoir tous lu, découvrent au fur et à mesure des discours, les nouveaux thèmes du candidat. C’était déjà le cas du « racisme anti-blanc », c’est aussi le cas de cette histoire de pain au chocolat, évoquée page 41 du livre, comme l’a noté le journaliste d’iTélé, Florent Peiffer. Seulement voilà, personne ne l’avait remarqué. Du coup, à Draguignan, Copé a demandé à ce que cette phrase soit absolument twittée parmi les extraits de discours sur le réseau social. L’appât a parfaitement fonctionné. Les twittos se sont jetés dessus et en moins de douze heures, le pain au chocolat de Copé faisait la une des flashs radios. Ainsi, avec la complicité involontaire de tous ceux qui se sont indignés de sa phrase sur le réseau twitter, Copé a pu montrer à quel point il était droitodécomplexé non seulement au militant varois mais aussi à celui de Châteauroux, Argenteuil et Valenciennes. Opération médiatique réussie.
Copé sait très bien que les militants UMP sont d’accord avec lui sur les thèmes liés à l’immigration, l’islam, la laïcité, l’intégration. Il suffit d’avoir adressé la parole à quelques uns d’entre eux pour se rendre compte que leurs différences avec les militants FN se situent davantage sur les sujets économiques et européens. La stratégie de Copé consiste donc à leur dire combien ils leur ressemble et qu’il n’a pas peur de l’afficher, lui- suivez son regard. Comme il a le sentiment d’être en retard sur son adversaire, il en fait des tonnes, et déçoit même les journalistes qui le prenaient pour un gentil garçon bien propre sur lui. Mais il sait que ce n’est pas à la rédaction de Marianne ni celle du Nouvel Obs que va se jouer l’élection. Et il sait que son destin politique se joue ces semaines. Alors il joue son va-tout.

François Fillon joue la stratégie radicalement inverse. Il sait qu’il est actuellement l’homme le plus populaire à droite, loin devant tous les autres, y compris Nicolas Sarkozy. Et il n’a pas tort de penser que son style discret, calme, son image d’homme pondéré plaisent aux électeurs de droite. Il sait que c’est justement parce qu’il se situe aux antipodes du style sarkozyste qu’il est apprécié. Les militants, qui rencontrent les électeurs de droite, le savent aussi. Ils ont beau être « droitisés » comme l’analyse Copé à juste titre, ils n’ont pas envie de perdre la prochaine élection présidentielle pour des raisons de comportement. De plus, Fillon a pour lui une plus grande expérience. Il a été premier ministre pendant cinq ans alors que le poste le plus important occupé par son adversaire est celui de ministre du budget.

Ainsi, Fillon ne répond jamais à Copé sur ces questions de racisme anti-blanc ou de pain au chocolat. Et pour cause, il connaît lui aussi très bien son militant de droite, de Draguignan, de Châteauroux ou d’ailleurs. S’il élude le fond, il critique néanmoins le style de Copé : « je ne l’aurais pas dit comme ça ». Continuer d’apparaître comme un homme d’Etat, et faire passer son adversaire pour un agité, un sous-Sarkozy, voilà donc la stratégie de Fillon.
Pour le reste, ils sont d’accord sur tout, absolument tout. Jusqu’au 18 novembre, on aura droit à ce ballet. On nous annonce même un face-à-face sur France 2 à l’occasion de Des paroles et des actes. Ce soir là, François Lenglet, le monsieur économie de l’émission, pourra rester à la maison. En revanche, Nathalie Saint-Cricq qui tient la rubrique « intimiste » et sonde les âmes et les coeurs, pourrait se révéler beaucoup plus utile que d’habitude.

*Photo : UMP photos.



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