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Bienvenue aux visages pâles

Refugees Welcome !


Bienvenue aux visages pâles
© CNP/AdMedia/SIPA

Fuyant l’insécurité et les politiques de redistribution foncière en Afrique du Sud, des Afrikaners trouvent refuge aux États-Unis. Un exil diversement commenté, entre nostalgies coloniales, accusations de racisme inversé et récupération politique


Alors que Donald Trump a déclaré la guerre aux migrants, des réfugiés d’un genre nouveau ont atterri aux États-Unis : les Afrikaners. Traditionnellement experts en agriculture, ces descendants de colons hollandais ont été pris sous l’aile du président américain.

Terre promise

À l’origine de cette vague de migrants pas comme les autres, une loi d’expropriation de terrains votée par le gouvernement de l’ANC (Congrès national africain) le 23 janvier et qui fait craindre à ses détracteurs des expropriations de fermiers blancs sans compensations. Si l’accusation, forgée par Elon Musk et reprise par Trump, d’un « génocide des Blancs » est démentie par AfriForum, principale organisation de défense des Afrikaners, le fait est qu’une partie de ces quelque 3 millions de descendants de pionniers ne se sent plus à sa place dans l’Afrique du Sud contemporaine : outre la criminalité, le taux de chômage des actifs est de 32 %, les services publics s’effondrent et les citoyens se plaignent de payer beaucoup d’impôts.

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L’Amérique de Trump a donc des airs de terre promise et le lundi 12 mai, 49 « réfugiés » sont arrivés par charter à Washington. Ces migrants à la peau claire et volontiers vêtus comme des « rednecks » seront-ils accueillis à bras ouverts par les associations de défense des migrants ? On peut en douter, car outre le crime d’être dans les petits papiers de Trump, qui a signé une ordonnance permettant « la réinstallation des réfugiés afrikaners fuyant la discrimination raciale parrainée par le gouvernement », ils sont souvent perçus comme des nostalgiques de l’apartheid.

Il en faudra plus pour les assommer. Entre 1835 et 1840, près de 14 000 d’entre eux fuyaient l’impérialisme anglais au Cap pour aller peupler, en caravane et avec leur bétail, le nord et l’est de l’Afrique du Sud, un exode nommé le « Grand Trek ». Le 21 mai, Ramaphosa a réclamé du Starlink et des drones auprès de Trump pour lutter contre l’insécurité. Pas sûr que ça fasse revenir les 49 Afrikaners au bercail.

Juin 2025 – #135

Article extrait du Magazine Causeur




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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022). Dernier ouvrage : "Au-delà du silence. La mémoire volée du Guatemala" (L'Harmattan, 2025).

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