Il écraserait Mélenchon au second tour, selon un sondage Odoxa.
Jordan Bardella a voulu voir Vesoul, et il a vu Vesoul. Avec en prime la bonne vieille farce qu’on croyait passée de mode, l’enfarinage. À la manœuvre, un jeune gars, un lycéen nous dit-on. On ne saura sans doute jamais quelle part d’espièglerie de type potache se faufile derrière cette impertinence au demeurant assez peu préjudiciable à l’intégrité physique de la personnalité visée. Certes, celle-ci peut se sentir un tantinet ridiculisée, mais, comme on le sait bien, le ridicule n’ayant jamais tué personne, le bilan, à la fin, n’est pas des plus dramatiques.
D’autant que, dans le cas du président du Rassemblement national, quasiment en même temps que ce saupoudrage immaculé tombaient sur lui les chiffres d’un sondage qui avait tout pour chasser le désagrément de cette audace et cautériser la légère blessure d’ego qui l’accompagnait.
Que dit cette étude ? Jordan Bardella vainqueur aux présidentielles si celles-ci avaient lieu ce dimanche. Cela dans tous les cas de figure. Comme il est peu de probable que quelques grammes de farine suffisent à entamer véritablement une dynamique d’opinion en quelques jours, nous pouvons considérer que ces résultats demeurent valables au moment où ces lignes sont écrites.
Ainsi, le jeune candidat RN arriverait largement en tête au premier tour, engrangeant quelque chose comme le double de voix de son concurrent le plus direct, Edouard Philippe (environ 36,5 contre 17) que d’ailleurs, il battrait au second tour. Le match se jouerait alors à 53 contre 47 %. Ce n’est pas peu. De plus, si, pour ce second tour, nous avions en lice le candidat de gauche Raphaël Glucksmann, le score serait de 58 contre 42%. Ensuite, 56 contre 44 si le compétiteur retenu était Gabriel Attal, et 74 contre 26 s’il s’agissait du vétéran de la course à l’Élysée, le toujours pétaradant Jean-Luc Mélenchon.
Il convient tout de même de bien avoir présent à l’esprit que nous sommes encore loin de l’échéance, le passé nous ayant appris que qui se voit déjà au balcon (de l’Élysée) à Noël se retrouve fort souvent gros Jean comme devant au joli mois de mai. Et puis, il convient aussi de retenir que, lors de ce sondage, un tiers des personnes interrogées n’exprimaient encore aucune préférence. Et un tier, c’est vraiment beaucoup.
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Il n’en reste pas moins que les résultats sont là. Et qu’ils sont plutôt bons pour le RN et ce qu’il porte. L’embellie révélée par l’enquête est que, désormais, son candidat arrive en tête du premier tour dans toutes les tranches d’âge de la population. Voilà peu encore, ses adversaires, du centre comme de la droite dite de gouvernement, se gaussaient, assurant que jamais le parti de Marine Le Pen ne percerait chez les retraités. Erreur d’appréciation. Une parmi toutes celles qu’ils accumulent ces derniers temps. Aujourd’hui, le jeunot Bardella a bel et bien la cote chez les mamies et les papys. Le point est d’importance car cet électorat-là est de loin le moins volatile du spectre électoral, ce qui signifie qu’il y a peu de risque qu’il se dédise de manière significative d’ici le passage par les urnes.
Ce score des plus encourageants est probablement dû aussi à une autre réussite du RN. La guerre des chefs n’a pas eu lieu. Jordan n’a pas cherché à tuer Marine qui, de son côté, a su – intelligemment – ne pas entraver la lente montée de son poulain vers ces sommets d’opinons favorables.
Dans la vie politique des partis, le phénomène est des plus rares et mérite donc d’être souligné, et il me semble à peu près évident que cette subtile et habile cohésion n’a pas peu joué dans l’adhésion d’intention enregistrée par cette étude.
Mais bon, comme il a été dit plus haut, nous sommes encore loin du grand rendez-vous et bien des choses, tant en externe qu’en interne, peuvent encore se produire.
Reconnaissons toutefois que de si beaux résultats chiffrés valaient bien un petit peu de farine sur le bout du nez. En outre, on ne dira jamais assez combien aller voir Vesoul peut s’avérer intéressant et fructueux. Qu’on se le dise !
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