La France s’est inclinée face à l’Afrique du Sud samedi soir. Néanmoins, l’entraineur Fabien Galthié n’a pas semblé déçu et esquissait presqu’un sourire à la fin de la rencontre. Voici pourquoi.
Au coup d’envoi du test-match France-Afrique du Sud, samedi à 21h au Stade de France, dans le cadre de la traditionnelle Tournée dite d’automne où les sélections de l’hémisphère sud viennent se mesurer amicalement, et néanmoins pour l’honneur, à celles nordiques du Tournoi des Six nations, Fabien Galthié, entraîneur-sélectionneur des Bleus, ne se faisait certainement pas beaucoup d’illusions sur l’issue de la rencontre. Une victoire sur les doubles champions du monde en titre, lui semblait bien peu probable.
Un début de match de bon augure
N’avait-il pas dit à plusieurs reprises, et notamment lors de la conférence de presse annonçant la liste des quinze Bleus qui allaient entrer sur le terrain, à propos des Springboks, leurs adversaires : « C’est la meilleure équipe du monde, peut-être la meilleure qui ait jamais existé » ? Ainsi, avec cet art de l’euphémisme dont il est adepte, il suggérait que la défaite était courue d’avance, même si en sport, comme en toute chose, il ne faut jamais exclure que l’improbable advienne. Et, en effet, durant les 60ème premières minutes, soit sur les ¾ de la durée de la rencontre, les faits parurent, pour la plus grande joie des supporteurs, le contredire, la France menant au score.
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À peine le match entamé, à la 4ème minute, l’arrière Thomas Ramos, toujours à l’affût de la moindre opportunité, envoie au pied une diagonale derrière la défense sud-africaine que récupère Damian Penaud et va aplatir derrière l’en-but marquant son 39ème essai sous le maillot des Tricolores. Par la même occasion, il dépossède Serge Blanco de son titre de meilleur aplatisseur en bleu avec 38 réalisations à son palmarès. De son côté, en le transformant, Ramos lave l’affront que lui avait infligé ces mêmes Springboks, en 2023, en quart de finale de la Coupe du monde. La France à qui cette coupe lui avait été un peu trop légèrement promise avait été éliminée après avoir perdu d’un petit point (28-29) ce match à cause justement de l’interception, fait extrêmement rarissime, d’une transformation, Ramos ayant un peu lambiné à la tirer et le joueur intercepteur ayant monté un peu trop tôt capter la balle, à la limite, pour ne pas dire carrément, du hors-jeu…
Samedi soir, vingt-trois minutes plus tard, sur un pénaltouche, resservi cette fois à la main par Ramos, Penaud récidive, porte son record à 40 essais qui ne s’arrêtera pas là (à 29 ans, il a quelques années de carrière devant lui) ; Ramos le transforme. Tout cela est de très bon augure. D’autant qu’entretemps, l’Afrique du Sud n’a pu engranger que deux pénalités… Avec un 14-6 à son actif, la France paraît avoir pris le bon cap pour se venger de son élimination deux ans plus tôt – pas seulement à cause de la transformation ratée de Ramos mais aussi, selon d’aucuns, d’une impartialité défaillante de l’arbitrage en sa défaveur.
La peau de l’ours…
Le public exulte… mais un peu trop tôt. À cinq minutes de la pause, le demi-de-mêlée des Verts-et-Jaunes, Cobus Reinach, dans une fulgurance à la sortie d’un ruck, plonge derrière la ligne d’en-but. Après transformation, le tableau affiche un 14-13. Le doute s’installe mais pour peu de temps…
À deux minutes de la pause, le deuxième ligne sud-africain, un vrai colosse, Lood de Jager, écope d’un carton rouge pour avoir percuté, dans un placage à retardement, la tête de Ramos de l’épaule qui n’a pas cependant paru en pâtir. Mais le geste est dangereux et ne peut que se solder par une exclusion. Une aubaine, mais hélas, de cet avantage numérique inespéré, les Bleus ne sauront en tirer avantage.
À la reprise, leur jeu, pour parodier Victor Hugo, s’apparente à une mer agitée qui bute sans cesse sur falaise de granit inébranlable. Deux possibilités d’essai françaises échouent d’un poil. Par fébrilité, les Bleus cumulent quelques inopportunes fautes. À l’orée des vingt dernières minutes, Ramos redonne espoir en passant une pénalité donnant à son équipe un maigre avantage de 4 points (17-13).
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C’était sans compter sur un sort contraire qui peu de temps après s’est abattu sur elle : Louis Bielle-Biarrey commet du bout des doigts, dans une tentative d’interception haut en l’air, un inopportun avant « furtif » mais considéré comme volontaire ce qui lui vaut un carton jaune donc à une exclusion temporaire. Les deux équipes ramenées à la parité numérique, 14 contre 14, le match bascule sans conteste à l’avantage des Springboks. En dix minutes, ils marquent trois essais consécutifs dont deux transformés.
Sous l’ère Galthié, l’équipe de France venait d’encaisser sa deuxième plus grosse défaite (17-32) après celle concédée l’an dernier en ouverture du Tournoi des Six nations face à l’Irlande (17-38), ce qui ne l’avait pas empêché de remporter ce dernier avec brio. Paradoxalement, à la fin du match, face à la caméra de TF1, Galthié ne donnait pas l’image d’un entraîneur dépité. Visiblement il s’y attendait et ça ne l’émouvait pas… « Ce n’est pas la première fois, dira-t-il impavide, qu’on subit une défaite… » Et avec un sourire en coin, il a fait remarquer que la moyenne d’âge de ses joueurs est en dessous de 30 ans et celle des Springboks au-dessus.
Il y a un peu moins d’un mois, il avait déclaré avec une pointe d’ironie distante qu’il valait « mieux gagner un hypothétique match de phase finale dans deux ans (ndlr : allusion à la Coupe du monde qui aura lieu en 2027 en Australie) que celui qui vient ». Il rappelait implicitement qu’en 2022, la France avait battu en test-match l’Afrique du Sud à Marseille par 30 à 26, et un an plus tard elle s’inclinait, ric-rac, devant la même en quart de finale du mondial.
En somme, pour lui un test-match c’est fait pour tester des joueurs et des tactiques. Ce qu’il a fait samedi en incluant dans sa sélection du sang neuf. Il ne s’en cache pas : il a un objectif prioritaire, donner à la France sa première Coupe du monde. Il a deux ans pour s’y préparer[1].
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[1] La Coupe du monde se déroulera du 1er octobre au 13 novembre 2027. Dans le cadre de l’actuelle tournée, la France jouera contre les Fidji samedi prochain et l’Australie le 22 novembre.





