Dans la Creuse, l’extrême gauche locale transforme une rixe de village alcoolisée en prétendue «chasse au nègre» raciste.
La Creuse est le département le moins peuplé de France. 115 529 habitants au recensement 2022. Sa préfecture, Guéret, ne compte que 12 814 âmes. Le département ne compte qu’une seule circonscription.
On aura compris que, vue des hauteurs parisiennes où sévit la technocratie d’État, la Creuse n’est que quantité négligeable, une sorte de néant territorial dont, par ailleurs, il n’est pas certain que ces Messieurs et dames des instances dirigeantes sachent le situer avec précision sur la carte. Quantité négligeable et donc négligée. Car s’il y a en France des « territoires perdus de la République », certains quartiers, certaines périphéries de grandes villes, il y a aussi, en moins visibles et moins tapageurs, ce qu’on pourrait appeler « les territoires méprisés de la République. » C’est ce que le mouvement des gilets jaunes – canal historique s’entend – s’efforçait de dénoncer avant de se voir récupéré, dénaturé et détourné par l’engeance mélenchonienne et crypto révolutionnaire de l’ultra-gauche. Forme dénaturée et détournée qui, au demeurant, sert aujourd’hui de faux-nez à cette même ultragauche pour la grande bordélisation de rue promise le 10 de ce mois. Les gilets jaunes, les vrais vrais, se laisseront-ils abuser ? Faisons confiance au bon sens des vrais gens…
Duel politique au sommet du plateau de Millevaches
En fait, l’impéritie, l’incurie d’État ayant créé ici – comme ailleurs – un vide, d’autres, bien entendu, s’emploient à l’occuper. Qui s’en étonnerait ?
Ces autres : l’extrême gauche LFI, son entrisme, son activisme créolisateur, selon le catéchisme professé par son gourou et grand manitou. Celui-ci n’a-t-il pas honoré de sa rayonnante présence un rassemblement à Gentioux-Pignerolles devant le monument – national – aux morts pacifistes (sic). La députée LFI du département Catherine Couturier l’accompagnait (Les informations qui me permettraient de préciser si ledit gourou eut ou non, en ce jour solennel, la bonté de guérir les écrouelles me manquent. Je prie les lecteurs de m’en excuser).
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Cette députée LFI – investie Nupes – fut battue aux législatives post dissolution de 2024. Elle a donc dû céder son siège au jeune député Union des Droites pour la République Bartolomé Lenoir dont l’une des premières actions à la Chambre aura été d’alerter le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur l’infiltration extrémiste dans son département et ses dangers.
Infiltration qui connut, pourrait-on dire, une très douteuse heure de gloire lors de la dernière fête du 15 août au village de Royère-de-Vassivière. La région est pourtant charmante, avec « un petit air de Canada » se plait-on à faire valoir. Nous sommes au plateau de Millevaches, autrement dit des mille sources, et tout près du lac de Vassivière. Quant au bourg concerné, il semblait jusqu’alors raisonnablement paisible, et le rendez-vous traditionnel du 15 août, où tout le monde se rassemble dans la bonne humeur, était jusqu’à cette année un jour de fête que n’aurait certainement pas désavoué le cinéaste Jacques Tati à son meilleur.
Mais l’ultra gauche veillait !
Et l’on assiste alors à la parfaite illustration de ce qu’est la stratégie subversive des mouvements et groupuscules révolutionnaires, la récupération et l’exploitation de ce qui ne pourrait être qu’un incident pour l’ériger en fait politique signifiant et en faire un motif de lutte ouverte.
En vedette, ce 15 août à Royère, un dénommé Victor Speck, Français haïtien d’origine, fiché comme participant à des manifestations violentes et bien connu des habitants du village pour son sens bien particulier de la convivialité rurale et du vivre ensemble. Avoir balancé une échelle sur un responsable du comité des fêtes et avoir craché sur sa fille, planté sa tente sur un terrain loué par des chasseurs et n’en être parti qu’après maintes prières et, à la fin, la menace de balancer ses affaires dans l’étang… Ce 15 août, « il est accompagné de cinq ou six amis et de l’un de ses chiens », précise le reportage de Valeurs Actuelles1. Le groupe se montrerait plutôt agité toute la soirée : le chien aurait uriné sur les cartons appartement à l’association, larcins de gobelets… Rien de bien terrible, certes, mais quand même de quoi agacer. On en vient à émettre des reproches, à réclamer des excuses. Évidemment le ton monte. Jets de bouteille. Victor aurait lâché un coup de poing qui aurait atterri sur un de ses copains (Il n’y a pas que la police pour commettre des bavures). Bref, à ce stade, on n’en serait guère encore qu’à une embrouille de fin de nouba villageoise. Il est quelque chose comme deux heures du matin.
Mais c’est alors que la stratégie évoquée plus haut se trouve activée.
Victimisation en cinq étapes
Première étape, la victimisation sur fond de racisme. Victor et ses copains affirment avoir été victimes d’une véritable « chasse aux nègres » et essuyé des insultes elles aussi racistes, ce que la loi punit. Dix jours après la fête gâchée, une manifestation de soutien aux “victimes” — non pas les villageois, évidemment, relégués au rang de fachos de service, mais bien Victor Speck et les siens — se tient sur place. Elle rassemble quelque deux-cent cinquante militants venus de tout le plateau. Une dizaine d’entre eux sont cagoulés. Ceux-là prétendront même avoir surpris le salut nazi d’un habitant occupé à « casser la croûte » avec d’autres à une terrasse. En fait, le geste amical adressé à une connaissance (Par chance, ces autochtones attablés et levant leurs verres ne se sont pas aventurés à chanter, sinon ils auraient probablement été accusés d’avoir beuglé Heili Heilo ou Maréchal nous voilà).
Deuxième étape, la presse inféodée s’empare du sujet. Libération, Mediapart, l’Humanité pour qui c’est pain bénit.
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Troisième étape. L’ex députée LFI dépitée d’avoir perdu saisit là l’occasion de se refaire une santé et saisit la balle au bond. Elle fait entrer dans la boucle une avocate parisienne, acquise à la cause et militante – ce qui est son droit – et l’affaire va donc se trouver portée en justice.
Quatrième étape, le 30 août, de Paris, treize militants se revendiquant membres de Renaissance puissance noire, sorte de survivance de la Ligue de défense noire africaine dissoute en 2021, débarquent au village. Dans une vidéo, aux côtés de Victor Speck au visage dissimulé, le chef lance : « Nous allons tout faire afin que justice lui soit rendue et nous comptons sur vous afin que l’affaire prenne des proportions internationales pour que les coupables paient. » Les coupables, ils ont été ciblés dès le 26 août dans une déclaration des députés insoumis relayée par les chaînes d’info : « Une fête de village dans la Creuse se transforme en « chasse au nègre », voici le bilan désastreux de Bayrou et Retailleau. La libération de la parole raciste dans l’espace public et médiatique crée un climat nauséabond dans ce pays. »
Cinquième étape, le Syndicat de la montagne limousine, fortement acoquiné à l’ultra gauche, organise à son tour une fête à Royère. Cela, très probablement dans l’espérance que survienne la sixième étape du processus de manipulation révolutionnaire, le drame, la bavure. Le sang qui coule. Le martyr de la cause. Avec dans la foulée, l’embrasement quasi général.
Qu’on ne se fasse pas d’illusion, la ligne suivie est bien celle-ci. Désormais, il n’est pas un seul coin de France qui ne puisse fournir à cet activisme-là l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres. Voilà où nous en sommes. Il faut espérer cependant que ce rendez-vous des plus explosifs soit interdit par les autorités ou qu’il se déroule sans trop de dommages. Cela juste pour que, le week-end suivant, par exemple, Monsieur Dupond-Moretti puisse, en toute tranquillité, tenir à Royère-de-Vassivière une belle conférence pour expliquer aux populations de ce joli coin aux airs de Canada que tout cela, finalement, ne relève que du ressenti.
- https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/derriere-la-fausse-chasse-aux-negres-lultragauche-a-la-manoeuvre ↩︎
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