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Sonia Pierre, une femme exceptionnelle

Catherine Bardon publie « Une femme debout », aux éditions Les Escales (2025)


Sonia Pierre, une femme exceptionnelle
La romancière française Catherine Bardon © Philippe Matsas

Avec Une femme debout, l’écrivain Catherine Bardon dévoile le combat incessant d’une avocate qui lutta toute sa vie contre l’injustice. 


« Ce roman est une dette envers une femme que je n’ai pas connue. Il retrace le destin hors du commun de cette avocate des droits humains rarement mise en lumière. Il raconte le parcours d’une femme exceptionnelle, opiniâtre et discrète, habitée par une cause qu’elle a défendue au prix de sa vie ». L’écrivain qui s’exprime ainsi est Catherine Bardon qui partage son temps entre la France et la République dominicaine. « Elle est l’autrice de la saga Les Déracinés qui s’est vendue à plus de 600 000 exemplaires », précise son éditeur. La femme hors du commun dont elle parle se nomme Sonia Pierre ; elle est née dans un batey, c’est-à-dire un campement de coupeurs de cannes à sucre. Cette dame a bien sûr existé. Et c’est un cas : dès l’âge de 13 ans, elle organisa une grève pour défendre les travailleurs exploités et opprimés. Malgré les immenses difficultés sociales qu’elle rencontra, elle parvint à faire de brillantes études et devint avocate avant de combattre l’injustice jusqu’à son dernier souffle. Oui, une femme exceptionnelle. 

« Un labeur de bête »

Une femme debout serait-il donc une biographie de Sonia Pierre ? Non. « J’ai réinventé le réel en me laissant guider par ce que Sonia m’inspirait au fil de mes recherches », confie l’auteur. « J’ai voulu éclairer sa vie de militante, sans empiéter sur sa vie familiale. Dans ce roman vrai, les personnages secondaires comme Kerline et le père Anselme, et de nombreuses scènes ont été imaginés ».

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Voilà qui est dit. Et ce roman vrai fonctionne à merveille. On se passionne pour la vie de cette femme tellement humaine. Les conditions de vie exécrables des malheureux ouvriers sont si bien décrites qu’on ne peut ressentir que compassion. « Un monde lent et pesant comme le pas des bœufs qui ahanaient en tirant les chariots rouillés aux essieux grinçants. Destinés au transport des fagots de canne, ils ramassaient les hommes armés de leur machette avant les premières lueurs du jour, pour les ramener à la nuit tombée, la tête basse, l’estomac vide, le corps anéanti, les bras endoloris, les mains couvertes d’estafilades, le dos cassé de s’être penché au plus près du sol pour couper les tiges à ras, les épaules moulues d’avoir coupé, coupé, coupé, mis en bottes, mis en bottes, chargé la canne. Un labeur de bête sous un soleil d’enfer ».

Il est ici question de vaudou, d’internationale socialiste et de fraternité. On sort de ce roman vrai totalement dégoûté par l’insondable cruauté que peut engendrer, chez certains, la soif du profit. Edifiant.

Une femme debout, Catherine Bardon, Les Escales, 240 pages.




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Il a publié une vingtaine de livres dont "Des Petits bals sans importance, HLM (Prix Populiste 2000) et Tendre Rock chez Mille et Une Nuits. Ses deux derniers livres sont : Au Fil de Creil (Castor astral) et Les matins translucides (Ecriture). Journaliste au Courrier Picard et critique à Service littéraire, il vit et écrit à Amiens, en Picardie. En 2018, il est récompensé du prix des Hussards pour "Le Chemin des fugues".

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