Alors que son mouvement a été critiqué par le rabbin de Metz lors d’une cérémonie commémorative, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un mélange des genres et exprimé le souhait de « rétablir le droit à la laïcité dans les cérémonies publiques ». Pourtant, l’islamo-gauchisme et le rejet de la laïcité par de nombreux militants de la France insoumise commencent, par ailleurs, à être bien documentés.
L’ire de Jean-Luc Mélenchon a été déclenchée par le Grand Rabbin de Metz et de Moselle, Bruno Fiszon, au point que l’ancien parlementaire et ministre considère comme « une provocation religieuse la mise en cause de LFI » lors de la cérémonie de commémoration de la rafle de Vel d’Hiv, le dimanche 20 juillet dernier au Fort-Queuleu.
Pour sa part, le Grand Rabbin de Metz et de Moselle, titulaire d’un diplôme de vétérinaire et spécialiste des questions relatives à l’abattage rituel, considère qu’en procédant à « l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien, La France Insoumise (…) attise les braises. » Il a exprimé ainsi la crainte croissante de nombre de juifs de l’hexagone.
Français juifs contre Nouvelle France
Un représentant institutionnel ou un rabbin doivent-ils, dans notre République, limiter leur parole à la déploration des juifs morts pendant la Shoah, lors de manifestations publiques auxquelles sont conviés tous les élus, lesquels communient sans exception dans le refus légitime de toute résurgence d’un antisémitisme de persécution tel que la France le connut et le subit ?
Devient-il, maintenant, inapproprié de s’inquiéter avec vivacité de la liaison perfide entretenue par certains entre les agissements d’Israël et les conséquences pour les juifs de France ou d’autres pays ? Derrière cette interrogation se tapit la clé d’une haine qui, au passé comme au présent, frappe des concitoyens en raison de leur confession car ils se revendiquent patriotes.
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Les Français juifs anciens combattants de la Première Guerre mondiale avaient manifesté un patriotisme infiniment supérieur à celui des collaborateurs zélés des nazis, qui procédaient à leur arrestation. L’affaire Dreyfus avait déjà démontré comment un officier de commandement coupable de trahison avait tout tenté pour faire condamner un patriote juif et français.
« Français d’abord et Juif d’abord », écrivait de manière lumineuse le Grand Rabbin Haguenau voici un siècle. Or Jean-Luc Mélenchon espère pour la France une autre langue et un autre peuple. Les juifs, en accord ou non avec le pouvoir politique en situation de gouverner, ont toujours aimé la France telle qu’elle est, participant à leur pleine manière à la vie nationale.
Se télescopent ainsi deux conceptions se situant aux antipodes l’une de l’autre, voire radicalement différentes. Ceux qui veulent transformer la France et changer sa nature ne peuvent supporter ceux qui, souvent venus d’ailleurs comme beaucoup d’autres, aiment notre pays comme il est, car ils mesurent le bienfait que représente son existence.
Une mécanique perverse est enclenchée
Dès lors, l’attaque contre les juifs de France va reposer sur un syllogisme: prendre appui sur les agissements d’Israël avec lesquels tout juif est supposément en accord pour discréditer ceux qui, dans notre pays, croient en notre vie républicaine telle qu’elle est, avec ses lignes de force, ses qualités et ses défauts. Cela accréditera l’idée qu’ils deviennent nécessairement attaquables.
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Cette stratégie, parce qu’elle se révèle efficace auprès des esprits assiégés par les images de Gaza, est particulièrement perverse, dangereuse et nuisible. Que ses concepteurs ne s’étonnent pas des dégâts qu’ils peuvent encore causer, ni de devoir en répondre. Chacun peut intégrer que les immenses souffrances passées des juifs en France appellent la retenue.
C’est explicitement ce qu’a rappelé le Grand Rabbin Bruno Fiszon, pendant le temps dédié d’une commémoration lors de laquelle il n’était pas interdit, même aux plus sectaires, de réfléchir. Rappelons qu’il n’est pas obligatoire d’être antisémite pour faire profession d’antisémitisme, catégorie dans laquelle se complaisent des velléitaires prétendument opposés.
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