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Oui, la 5G est une opportunité pour la France

Le déploiement de la 5G sur le territoire français doit avoir lieu


Oui, la 5G est une opportunité pour la France
Jordan Bardella (RN) en septembre 2020 à Fréjus © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage: 00979947_000007

Une tribune libre de Jordan Bardella (Rassemblement national), député européen


Après un long moment d’attente en France, la 5G devrait enfin être déployée d’ici la fin de l’année 2020, avec l’attribution de nouvelles fréquences aux opérateurs français par l’Arcep, le régulateur des télécommunications. Cette nouvelle technologie suscite beaucoup de fantasmes, comme l’a montré la récente tribune catastrophiste d’élus de gauche qui exigent un moratoire. Sans minorer ses risques potentiels, je veux ici affirmer l’opportunité qu’elle représente pour notre pays, pour son attractivité, pour son industrie, pour son emploi, et in fine pour sa puissance.

Par rapport à la précédente génération de standard de réseau, la 5G ne représente pas une simple amélioration mais un changement de nature. Elle permettra d’atteindre un temps de latence quasi-imperceptible, et ouvrira ainsi la voie à de nombreuses applications dans des domaines qui nécessitent des échanges de données instantanés. L’apport décisif de la 5G va donc bien au-delà d’une simple amélioration de l’expérience d’utilisation d’un smartphone avec son « frigo », comme l’a déclaré François Ruffin.

La disparition du délai de latence rendra ainsi possible le développement de la téléchirurgie, et de la télémédecine de façon générale. La 5G est déjà utilisée en Chine pour réaliser des échographies en temps réel pour des patientes habitant des zones reculées du pays. Cette technologie est l’une des réponses prometteuses à la problématique de plus en plus prégnante des déserts médicaux en France.

Les applications industrielles de la 5G représentent une opportunité pour réindustrialiser notre pays. Elle permettra d’améliorer l’efficacité des automates, d’introduire de l’intelligence artificielle dans les usines, bref, de diriger la France vers une « industrie 4.0 » plus productive, positionnée sur une production à haute valeur ajoutée, et compétitive face à nos concurrents étrangers. En outre, la qualité des infrastructures technologiques proposées par la France sera évidemment un élément clé pour inciter les entreprises à relocaliser leur production dans les années à venir.

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La 5G accompagnera l’essor de l’intelligence artificielle, en permettant par exemple de concevoir des voitures autonomes abouties. Lors de ma visite de l’institut Vedecom, en juin dernier, j’ai pu constater que, dans ce domaine, la France est en pointe, comme d’ailleurs dans de nombreux autres secteurs industriels, en dépit de ce qu’affirment certains esprits grincheux.

Pour autant, il n’est pas question de porter un regard angélique sur cette nouvelle technologie. Ses détracteurs, s’ils sont parfois excessifs ou idéologues, soulèvent aussi des points d’inquiétudes légitimes.

Le premier porte sur l’impact environnemental de la 5G. Les diverses innovations des antennes 5G, telles que les antennes orientables qui n’émettent que dans la direction du mobile en communication, permettront d’économiser 30% à 40% d’électricité par rapport à la génération précédente. Toutefois, l’augmentation des débits permise par la 5G va entraîner une hausse des usages, et donc une augmentation de la consommation nationale d’électricité. Il est donc essentiel de mobiliser notre parc nucléaire pour permettre au réseau 5G de fonctionner avec une électricité largement décarbonée. Rappelons que le nucléaire est un atout industriel majeur, faisant de la France l’un des pays les plus vertueux au monde sur le plan énergétique et environnemental.

Au-delà de l’utilisation de l’énergie nucléaire, l’Arcep devra veiller, lors de l’attribution des fréquences, à ce que les opérateurs s’engagent à déployer des antennes 5G équipées d’un système de veille. Cette technologie, rendue possible par les antennes de nouvelle génération, permettra de réaliser des économies d’énergie substantielles. L’Arcep doit inciter les opérateurs à déployer des stations de base qui assurent à la fois les fonctions 2G, 3G, 4G et 5G, ce qui permettra de réduire la consommation électrique du réseau de 30%. Cette solution implique un surcoût pour les opérateurs, mais celui-ci sera amorti par les économies d’exploitation provenant de la baisse de la consommation d’énergie.

L’arrivée de la 5G demandera de renouveler l’équipement en smartphone pour la plupart des particuliers. Or, 47% des gaz à effet de serre générés par le numérique sont dus aux équipements des consommateurs. Nous devons donc nous saisir du déploiement de la 5G comme d’une opportunité pour sortir de notre dépendance vis-à-vis de la Chine en matière de production de composants électroniques, afin de pouvoir disposer de composants plus propres, et offrant des débouchés à l’industrie nationale. C’est le cas en particulier pour les terres rares, produites à 85% par la Chine. Pour cela, des solutions existent : développer une industrie du recyclage des terres rares assurée par des entreprises françaises (nous ne recyclons actuellement que 1% des terres rares), lutter contre l’obsolescence programmée, développer la valorisation des déchets des mines européennes pour produire des métaux rares directement sur le continent européen.

Les détracteurs de la 5G mettent aussi en avant ses supposées conséquences nocives sur la santé. Il est évidemment nécessaire de continuer à réaliser des études pour mieux évaluer son impact à long terme. Toutefois, l’état actuel de la recherche donne des garanties suffisantes pour poursuivre le déploiement de la 5G. Le rapport publié le 1er septembre par plusieurs institutions publiques françaises (le Conseil général de l’environnement, le Conseil général de l’économie, l’Inspection générale des finances) conclue qu’il « n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme » concernant ces ondes électromagnétiques. Aucun effet à long terme n’a non plus été constaté. La fréquence 26 GHz, qui sera utilisée par le réseau à partir de 2026, est a priori moins dangereuse que la bande de fréquences utilisée par la 4G, puisqu’elle pénètre moins les tissus humains. En outre, tout comme la 4G, la 5G sera soumise par l’Arcep au respect d’un seuil d’exposition maximal aux ondes électromagnétiques.

Un autre risque, moins évoqué, est la possibilité d’une aggravation de la fracture numérique à l’occasion du déploiement du réseau 5G, alors qu’il n’existe toujours aucune politique ambitieuse de couverture des zones grises en France. La réduction de la fracture numérique devra être un critère essentiel pour l’attribution des fréquences 5G. L’Arcep devra imposer aux opérateurs qu’au moins un tiers des sites équipés avec les fréquences de 3,5 Ghz se situent en zone rurale ou industrielle.

Le déploiement de la 5G sur le territoire français doit donc avoir lieu en respectant des règles de prudence. Sur la transition écologique, sur la santé, sur la fracture numérique, nous devons rester vigilants, mais nous pouvons surmonter les risques posés par cette nouvelle technologie, loin des homélies de collapsologie d’une partie de la gauche. Le moratoire récemment proposé par les ayatollahs Verts est irresponsable car le temps nous est compté. À l’ère de l’économie de la connaissance, où la puissance d’une nation repose de plus en plus sur la maîtrise et la sûreté des données ainsi que sur les nouvelles technologies, l’usage abusif et démagogique du principe de précaution nous fait accumuler un retard irréversible. Un retard qui nous conduit vers un monde où les États-Unis innovent, où la Chine copie, et où l’Europe se contente de réglementer. Pendant que les deux premiers investissent massivement dans l’innovation et la recherche, l’Europe, continent qui a donné au monde les plus grands découvreurs, ingénieurs et scientifiques, ne peut projeter son futur qu’au travers de Greta Thunberg.



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