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La présidentielle de A à Z !


Anaphore. Le Français moyen n’a pas perdu sa soirée, mercredi 2 mai, jour du grand débat télévisé entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. S’il a dû supporter trois heures d’un échange assommant et technique tournant essentiellement autour de l’économie (le nouvel opium des intellectuels), au détriment des questions de société et de thèmes tels que le logement ou l’éducation, il a fait un grand pas en termes de vocabulaire et de rhétorique. D’abord, Gilles Bouleau, qui présentait l’avant-débat sur TF1, a précisé que les candidats n’étaient à un moment qu’à quelques « hectomètres » du plateau. Pour les déficients mathématiques et ceux qui ont raté le concours de l’École centrale, je précise qu’un hectomètre vaut cent mètres. Mais hectomètre est tellement plus poétique, et n’avait certainement jamais été entendu à l’antenne de TF1… Ensuite, le Français moyen a découvert, grâce au François moyen, l’existence de la figure rhétorique de l’anaphore, et surtout son nom. Précisons à toutes fins utiles que l’anaphore est la reprise de mots ou de séries de mots au début de phrases successives…. « Moi, président de la République blablabla… Moi, président de la République blablabla, blabla…», etc. La délicieuse Fleur Pellerin, du PS, a twitté : « Meilleur moment du débat, l’anaphore de François. » J’ai préféré, personnellement le moment où il a bâillé.[access capability= »lire_inedits »]

Boules puantes. Qui saurait, sans le site indépendant Mediapart, et Edwy Plenel et Fabrice Arfi, les Chapi-Chapo de l’investigation indépendante, cette information disons… indépendante que l’infâme Libyen de souche Kadhafi a financé une partie de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 ? (Avec des ramifications raéliennes et indo-pakistanaises liées à Michel Houellebecq, Paris Hilton et aux acteurs du Watergate, avec l’assentiment des Chinois qui ont infiltré le FBI pour soutenir la cause de Ben Laden et de Bob Dylan). Cette indépendance d’un soutien actif de la gauche fait plaisir. À l’autre bout de l’échiquier, le quotidien indépendant Le Figaro fait pâle figure avec le détail croustillant des aventures érotico-sentimentales présumées de l’ex-champion socialiste Dominique Strauss-Kahn − qui, au moins, n’aurait pas eu le mauvais goût de se dire « normal ». Saluons au passage une palanquée de « unes » qui ont aimablement aidé les Français à se décider… « Battre Sarkozy ! » (Les Inrockuptibles), « Le voyou de la République », « La honte de la République ! », « Le vrai Sarkozy ! » (Marianne), « Sarkozy et sa cour », « La chute du clan Sarkozy » (L’Express), « Est-il si nul ? », « La Monarchie » (Le Point). Dommage que le président sorti n’ait fait aucune récente visite en Afrique… la presse aurait pu l’accuser d’avoir ramené des diamants offerts par Bokassa.

Compotes. Les journaux élitistes Voici et VSD ont publié, quelques jours après l’élection, d’éprouvants clichés de François Hollande faisant ses courses, en costume-cravate, dans un Carrefour City proche de son domicile. Naturellement, Hollande a nié qu’il se soit agi d’une mise en scène, d’une fausse paparazzade destinée à le rendre sympathique et à lui conférer une image d’homme accessible et simple. Le « simple citoyen » a mis dans son panier, entre autres historiques victuailles, des bouteilles de Quézac et des pots de compote. N’attendez de moi aucun calembour à propos du surnom « Flamby » que lui a donné Arnaud Montebourg. Causeur n’est sous contrat ni avec Andros ni avec Nestlé.
Fuite des cerveaux. En 2007, la France qui pense bien a frémi lorsque l’indispensable Yannick Noah a bruyamment annoncé qu’il quitterait la France si Nicolas Sarkozy arrivait au pouvoir. Finalement, il est resté. Ouf ! Le pays est passé à côté d’une catastrophe culturelle. Mais rien n’est jamais acquis : cette fois c’est le prix Nobel de télé-réalité Mickaël Vendetta qui s’est déclaré prêt à nous quitter si François Hollande était élu. Annonçant son hypothétique départ pour Los Angeles (Deux-Sèvres), il écrit : « Quelle honte, ce pingouin géant, c’est lui qui va nous représenter à l’international ? Tous ceux qui votent Hollande, vous êtes tous pour moi des inconscients. » Dont acte.

Peuple. En général il « vote mal », car il « subit » une situation sociale qui le dépasse, sans oublier qu’il a « peur ». Irrationnel, ignorant le sens des mots « hectomètre » et « anaphore », il est parfois raciste, notamment quand il vit à proximité des caravanes de manouches, à la sortie du bourg, au coin de la rue du Plein-Emploi et de l’impasse Youri Gagarine. Il faut le craindre, le mépriser et le séduire. À ne pas confondre avec le « people », qu’il convient de choyer.

Optique 2012. On s’est beaucoup moqué de la candidate à accent difficile Eva Joly. Lors de la campagne électorale de 2007, nous avions déjà dû supporter le fort accent languedocien du candidat du Parti des travailleurs, Gérard Schivardi ; il nous a fallu cette fois-ci endurer de pénibles inflexions norvégiennes. La Norvège étant, je le rappelle, un pays au climat effroyable, où les gens mangent essentiellement du rôti de renne en écoutant en boucle le Peer Gynt de Grieg. Mais en plus de s’être révélée une authentique chance pour le mouvement écolo (campagne atone, nervosité, 2,3% des voix à l’issue du premier tour), Eva Joly a donné une leçon de marketing politique au monde entier en changeant subitement de lunettes : après avoir fait de ses effrayantes et historiques binocles rouges un signe de ralliement universel (elle les a fait imprimer sur des T-shirt !), elle s’est souvenue qu’elle était une écolo et a choisi des montures de couleur verte. Un tour de passe-passe que l’on enseignera encore à Sciences Po Paris dans deux cent ans.

« Zipade ». Équipement informatique individuel corrézien du type « tablette », largement distribué par François Hollande − président du Conseil général de Corrèze − aux alentours de la ville de Tulle (Sa cathédrale ! Son Festival international de la dentelle !). À ne surtout pas confondre avec l’iPad d’Apple. Je blague… Chaque Corrézien, élève de 6e, a reçu en « cadeau » un iPad. Ce qui se comprend aisément. Ou… pas. Allons immédiatement aux priorités… Cela s’imposait clairement pour apprendre à lire, écrire et compter. Steve Jobs n’est pas mort pour rien.[/access]

Mai 2012 . N°47

Article extrait du Magazine Causeur



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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