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L’Université française creuse sa tombe

Une tribune de Guilhem Carayon contre les blocages


L’Université française creuse sa tombe
Frédérique Vidal et Emmanuel Macron, novembre 2019 © ELIOT BLONDET-POOL/SIPA Numéro de reportage: 00934659_000013

Enseignement supérieur: alors que la Ministre n’a toujours pas réagi à l’annulation d’une conférence avec Geoffroy Lejeune et Charles Consigny à Sciences Po Lille, Guilhem Carayon de l’Union nationale inter-universitaire (UNI) déplore que l’État cède plus que jamais à la tyrannie d’une petite minorité de gauche dans les facultés françaises.


Plus de cinquante ans après la révolte bourgeoise de mai 68, l’extrême-gauche gangrène toujours l’Université. Elle devrait être le creuset de l’émancipation intellectuelle pour les étudiants. Pourtant, de plus en plus d’enseignants sectaires semblent confondre leur militantisme politique avec l’enseignement qu’ils délivrent. La fascination pour les études postcoloniales ou les études de genre, héritées des campus américains, a de quoi inquiéter d’autant que ces théories sont diffusées sous couvert de vérité scientifique. Peut-être pire encore, les descendants des faux-héros de mai 68 rêvent de faire leur propre révolution, saisissant chaque mouvement social comme une occasion de bloquer les facultés, sous le regard impuissant de Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, et des doyens de faculté.

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Pénaliser les autres n’est pas acceptable

Ces dernières semaines, dans de nombreuses universités comme celles de Nanterre, Paris 4 mais également Rennes 2, des étudiants, souvent accompagnés de cheminots et d’enseignants en grève, ont empêché la tenue des partiels en bloquant leur université. Ces blocages sont toujours l’œuvre de petits groupes ultra-minoritaires qui privent la grande majorité des étudiants de passer leurs partiels. Les étudiants qui se disent « en grève » oublient que l’étudiant n’est pas un travailleur mais un bénéficiaire du service public qu’est l’université. L’article L.811-1 du code de l’éducation prévoit que les étudiants « disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public ». Or précisément, les blocages constituent bel et bien un trouble à l’ordre public et une atteinte aux activités d’enseignement et de recherche. Que certains étudiants se pénalisent eux-mêmes est une chose, pénaliser les autres est inacceptable. Les doyens d’universités doivent prendre leurs responsabilités et faire preuve d’autorité en sanctionnant ces gens qui n’ont rien à faire à l’Université.

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Largement distancées dans les classements internationaux du Times Higher Education ou celui de Shanghai, les universités françaises n’avaient vraiment pas besoin de cela. Imagine-t-on les étudiants des universités d’Oxford et de Cambridge bloquer leur université ? Les étudiants bloqueurs se permettent tout car ils savent que leurs actes resteront impunis et que de toute façon, ce n’est pas leur argent qui est en jeu puisque leurs études sont financées par les contribuables. Une note d’information du ministère de l’éducation nationale avait révélé qu’une année universitaire coûtait à l’Etat 13 873 euros par an. Rien que ça., « Les socialistes sont généreux, mais avec l’argent des autres ».

Révolutionnaires en carton

Certains étudiants se croient tout permis, oubliant que la citoyenneté est un bloc, faite de droits mais surtout de devoirs. L’Université n’appartient pas aux étudiants, encore moins aux quelques révolutionnaires en carton qui refont le monde aux terrasses de Saint Germain des Prés ou du Panthéon. Les bloqueurs ne représentent pas les 3 millions d’étudiants qui se battent pour obtenir un diplôme et travailler le plus tôt possible. On parle souvent de « majorité silencieuse ». C’est tragique car l’Etat cède plus que jamais à la tyrannie des minorités. Ces dernières ont compris les failles d’un système dans lequel l’autorité n’existe plus.

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