Éric Neuhoff publie Très cher cinéma français. Le cinéma tricolore étant à l’agonie, l’écrivain recommande… d’arrêter les frais.
« Épargnons-nous la corvée de vieillir » conseille Éric Neuhoff. D’autant que le cinéma français vieillit mal. Son diagnostic est impitoyable. Il ne reste plus pour le soutenir – comme la corde soutient le pendu – que Télérama et les Inrocks. Dans Très cher cinéma français, Éric Neuhoff coupe la corde avec la grâce d’un bourreau. Il était temps ! Inutile de préciser que des phrases comme celle-ci ne sont pas à la portée de n’importe quel écrivain : « C’est quoi l’âge adulte, sinon s’apercevoir que la colonie de vacances où vous avez passé vos meilleurs étés a été transformée en maison de retraite ?»
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Éric Neuhoff épargne Pascal Thomas, le dernier antidote à la morosité. Quant à la génération de cinéastes qui arrive, comment les définir? Éric Neuhoff qui les connaît mieux que moi, se pose une bonne question : « Comment sauraient-ils parler des autres ? » Nulle modestie ne les habite. Ils n’ont même pas fait de prison. Ils sont allés à l’école où on leur a bourré le crâne de clichés anti-racistes et féministes. Ils ne sont jamais sortis de la Femis, se donnent des airs d’Orson Welles, adoptent des discours à la Godard. Ce sont déjà de petits vieux.
Et enfin cette vérité qu’assène Éric Neuhoff : dès lors qu’on imagina l’exception culturelle française, l’imposture commença. On ne saurait mieux dire.
Éric Neuhoff, Très cher cinéma français. Ed. Albin Michel. 130 pages.
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