Tunisie : un attentat en cache un autre


L’Etat islamique vient de revendiquer l’attentat contre le bus de la garde présidentielle qui a fait une douzaine de victimes hier en plein centre-ville de Tunis, avenue Mohamed V. À quelques encablures du siège de l’ancien parti quasi-unique RCD et du ministère de l’Intérieur, deux symboles tant redoutés de l’ancien régime, un islamiste aurait déposé une bombe ou déclenché sa ceinture d’explosifs mardi en début de soirée. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, à l’instar de son homologue François Hollande, le bientôt nonagénaire Beji Caïd Essebsi a décrété l’état d’urgence. Un couvre-feu a également été mis en place sur le Grand Tunis.

Quelques mois seulement après les carnages du Bardo et de la plage de Sousse, l’afflux de touristes, déjà réduit à la portion congrue, risque de flirter avec le niveau de la mer. D’autant que les Russes, hier encore grand pourvoyeurs de devises en Tunisie, y réfléchiront certainement à deux fois avant de traverser la Méditerranée, échaudés qu’ils sont par l’attaque de l’avion Metrojet au-dessus du Sinaï. De là à penser qu’un séjour en Egypte ou en Tunisie est désormais aussi risqué qu’un verre sur une terrasse parisienne…

Une dizaine de jours avant l’explosion du bus de Tunis, des djihadistes avaient fait parler d’eux au pays de Saint Augustin et Ibn Khaldoun. On sait la Libye voisine – avec ses deux gouvernements et son Etat exsangue – devenue un sanctuaire terroriste prisé par Daech. On connaît la porosité de la frontière algéro-tunisienne, le Mont Chabi abritant des maquis terroristes que l’armée tunisienne bombarde ad nauseam depuis des années. Mais voilà que le salafisme immense et vert contamine le pays de l’intérieur, dans le berceau de la révolution qu’est Sidi Bouzid. Fin 2011, le marchand de légumes Mohamed Bouazizi s’y était immolé après son algarade avec une jeune policière, déclenchant la vague révolutionnaire que l’on connaît.

Le jour même des attentats de Paris et Saint-Denis, Mabrouk, un jeune berger de 16 ans s’est en effet fait décapiter après avoir refusé de porter assistance aux apôtres du djihad. Un de ses cousins a raconté ce drame sur la chaîne de télévision tunisienne Nesmaa. Son témoignage bouleversant, ici sous-titré en français, donne une lueur d’espoir quant au courage et à la lucidité de certains « jeunes » nord-africains. La France et la Tunisie ont beau apporter les plus gros contingents de djihadistes à l’Etat islamique, d’aucuns résistent à la barbarie. Et pas simplement en terrasse.



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est journaliste.

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