En Afrique, le développement économique se heurte à des obstacles anthropologiques puissants qui font prévaloir les allégeances familiales et tribales sur le souci du bien commun. Mais les sociétés ne se réformeront paradoxalement qu’en prenant appui sur leurs bases culturelles.
L’Afrique subsaharienne va-t-elle se moderniser, en entendant par là non seulement un certain progrès économique, mais l’avènement d’une société qui échappe au népotisme, à la corruption, au poids des réseaux d’intérêts et où l’on trouve des institutions, un État, des administrations, une justice, des entreprises, des hôpitaux, des écoles où règnent le respect des règles, l’impartialité des décisions, la récompense du mérite ? Les acteurs du développement, Banque mondiale en tête, appellent depuis des lustres à un changement radical de comportements, en n’étant guère entendus. Mais, ce faisant, ils ne s’intéressent guère à ce qui, malgré tout, fonctionne bien dans ces sociétés, échappe pour l’essentiel aux maux qui dominent par ailleurs. Ils ne se soucient guère d’analyser en profondeur les raisons de ces succès. En fait, il existe déjà, jusque dans les pays qui apparaissent globalement comme les plus en difficulté, des îlots de modernité, d’efficacité et de bonne gouvernance, dont des entreprises remarquables par leur gestion et leurs performances1.
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Comment s’y prennent donc ceux qui arrivent à un tel résultat ? S’appuient-ils sur une véritable révolution culturelle ? Ou tirent-ils plutôt le meilleur parti possible des potentialités des cultures existantes ? Des recherches menées sur le fonctionnement d’entreprises africaines qui tranchent par la qualité de leur fonctionnement m