Compagnon de route de Causeur, le président d’Avocats sans frontières a du fond mais aussi de la forme. Dans son nouvel essai, où il attaque la gauche dévoyée par le racialisme et l’islamisme, il multiplie les formules spirituelles et les fulgurances comiques. Petit florilège des plus fameuses.

C’est peut-être une déformation professionnelle. L’habitude, depuis plus de quarante ans qu’il est inscrit au barreau de Paris, de plaider dans des affaires délicates et d’intervenir dans des dossiers explosifs. Gilles-William Goldnadel manie le verbe comme un torero sa cape rouge. Ses délicieuses comparaisons animalières – « le président chauve-souris », « les journalistes perroquets » – et ses expressions de conteur de fables sont devenues comme une marque de fabrique, en particulier pour ceux de ses amis qui se plaisent à l’imiter : si vous entendez quelqu’un dire « où que je porte mon regard… » ou encore « Mon imagination est impuissante à décrire… », ne cherchez pas, c’est Goldnadel.
Le président d’Avocats sans frontières a su imposer son style unique, d’abord sur les plateaux des « Grandes Gueules » (RMC) d’Alain Marschall et Olivier Truchot, puis de « Salut les Terriens » (Canal +) de Thierry Ardisson, avant de devenir un habitué de « L’Heure des pros » (CNews) de Pascal Praud, où il est à l’évidence l’un des chroniqueurs les plus aimés du public, non seulement parce que, comme il aime à le dire, il incarne à la fois le « juif de combat » et la « droite sauciflard » (bien qu’il soit végétarien) mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il est un athlète du trait d’esprit.
Dans son nouvel essai, impeccable plaidoirie contre le politiquement correct et l’antisémitisme contemporain, il truffe presque chaque page de ces calembours assassins qui ont fait sa réputation et qui rendent sa prose d’autant plus redoutable. Pour aider le public novice à bien entrer dans cet ouvrage salutaire (et par ailleurs fort sérieux et documenté), nous avons dressé un petit dictionnaire de traduction des jeux de mots favoris de notre camarade chroniqueur, dont nous recommandons chaudement la lecture.
Autorités d’occultation : Petit nom donné par l’essayiste aux pouvoirs publics français, en raison de leur tendance coutumière à cacher les réalités dérangeantes. Dernier exemple en date, sur la plaque officielle de commémoration des attentats du 13 novembre 2015, qui vient d’être inaugurée en face de la mairie de Paris, aucune référence n’est mentionnée quant à l’appartenance islamiste des terroristes impliqués dans cette abomination.
Fâcheuse sphère : Le président d’Avocats sans frontières fait partie des voix, taxées par certains de populisme, qui se réjouissent de l’émergence des réseaux sociaux dans le débat public. Selon lui, Facebook et X ont permis de briser la plupart des grands tabous imposés par la presse autorisée. D’où son refus d’employer le mot insultant de « fachosphère » pour désigner les internautes dont les publications hostiles à l’immigration incontrôlée et l’islam politique provoquent des haut-le-coeur à Saint-Germain-des-Prés.
Ministère de la dépense : Attention, faux-ami. Goldnadel ne vise pas à travers ce calembour le budget des Armées (qui augmente certes d’année en année), mais notre dispendieuse politique sociale, dont il fustige la « conception paresseuse de l’assistanat, de l’argent magique et de l’absentéisme ainsi que la détestation des riches ».
Odieux visuel de service public : Formule devenue récurrente sous la plume de notre ami lorsqu’il évoque les médias audiovisuels d’État. Pour Goldnadel, cet ensemble de 13 000 employés, sept chaînes de TV et sept stations de radio est un monstre administratif et idéologique au gigantisme injustifié dans une démocratie libérale digne de ce nom.
Privilège rouge : Ripostant à la thèse woke selon laquelle l’Occident vivrait sous le règne du « privilège blanc », l’auteur des Martyrocrates (2004) objecte que, sous nos latitudes, c’est bien plutôt quand on se revendique de gauche que l’on obtient les plus grands avantages. Ainsi, lorsque le 28 octobre, l’antifa Raphaël Arnault a fait un tweet menaçant en réponse à Éric Zemmour (« Suprémacistes religieux ou nationalistes, on va tous vous dézinguer »), le peu de réactions dans la classe politique n’a eu d’égal que le scandale national auquel on aurait eu droit si, à l’inverse, le président de Reconquête ! avait osé adresser un message de cet acabit au député insoumis.
Rance Inter : Nom donné par Goldnadel à la radio publique généraliste, dont il s’inflige tous les matins l’écoute attentive afin d’en déconstruire le récit quotidien. Parmi ses cibles favorites : la nouvelle préposée à la revue de presse Nora Hamadi qui, comme le remarque l’essayiste, « adore citer Blast, L’Huma et Street Press », et beaucoup moins Le Figaro, CNews et Causeur.
Thomas Lepetit et Patrick Coco : On aura reconnu derrière ces affectueux surnoms les deux pieds nickelés de France Inter, Thomas Legrand et Patrick Cohen, surpris il y a quelques mois dans un bistrot parisien en train d’assurer à des huiles du PS que, pour la municipale à Paris, ils « font ce qu’il faut » en s’employant avec zèle à nuire à Rachida Dati dans leurs éditos.
Vol au-dessus d’un nid de cocus, Gilles-William Goldnadel, Fayard, 2025.




