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Pénalisation des clients des prostituées: comment cela ne marche pas


Pénalisation des clients des prostituées: comment cela ne marche pas

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Depuis son entrée en vigueur, après son adoption définitive par l’Assemblée nationale, la loi du 13 avril 2016, plus connue comme celle pénalisant les clients des prostituées, n’a guère fait parler d’elle. Il lui manque, peut être, de porter le nom de sa promotrice, à l’image de la loi Marthe Richard, qui ordonnait, soixante dix ans plus tôt, jour pour jour, la fermeture des maisons closes. Dommage, car une loi Rossignol, nom de la ministre du Droit des femmes porteuse du projet devant le Parlement, aurait eu quelques  chances de s’inscrire longtemps dans la mémoire collective…

Trêve de plaisanterie, étonnons-nous un instant que nos grands médias,  de presse écrite ou audiovisuelle, qui l’avaient, dans leur grande majorité, saluée comme un progrès considérable dans l’histoire de l’humanité, ne se soient pas précipités pour constater, sur le terrain, les effets bénéfiques de ce texte pour notre nation. Pourtant, si nos éminents journalistes et rédacteurs en chef lisaient un peu moins le New York Times, et un peu plus la presse régionale, cette Cendrillon du système médiatique hexagonal, pour humer l’air du temps sociétal, ils auraient découvert des choses intéressantes à ce sujet dans Le Progrès de Lyon, sous le signature d’Annie Demontfaucon.

Cette petite curieuse est allée sur le terrain, enquêter dans les quartiers lyonnais où s’exerce la prostitution de rue, et dans les commissariats chargés de faire appliquer la loi pour  faire l’état des lieux six mois après l’entrée en vigueur de la loi en question.

Les escorts dorment tranquilles

Première question, posée à la commissaire de police d’un quartier touché, depuis des décennies par l’activité prostitutionnelle, à pied (échassières) ou en minibus (amazones) : combien d’infractions ont-elles été constatées et réprimées conformément à la nouvelle loi ? Réponse de Mme la commissaire Corridor (le nom ne s’invente pas !) : zéro. Et elle explique : «  C’est complexe… c’est une infraction dont les éléments constitutifs sont difficiles à apporter. Il faut que le rapport sexuel soit constitué et rétribué. »  Un flic de terrain précise : « Vu qu’on ne risque pas d’installer des caméras dans les camionnettes, on ne va pas perdre notre temps à prouver l’improuvable ! ». Mme Corridor fait également remarquer que le rapport sexuel tarifé ne constituant qu’une contravention de 5ème classe, passible d’une amende de 1500€,  obtenir la preuve par l’aveu au cours d’une garde à vue bien conduite, modèle quai des Orfèvres, est impossible, car la loi l’interdit…

Cela n’empêche pas la préfecture et le Parquet de faire pression sur la police pour que le gouvernement puisse présenter des chiffres montrant que la nouvelle loi est efficace, par exemple en faisant valoir que le nombre des prostituées a notablement diminué dans leur secteur depuis  son entrée en vigueur . Faute de « flags », on va donc harceler les michetons potentiels par d’autres moyens. «  On multiplie les contrôles routiers, en verbalisant pour des pneus lisses, etc. »  Résultat : les clients se font rares, et le chiffre d’affaire des prostituées de rue est en chute libre. Pourtant elles restent, attendant des jours meilleurs, car elles n’ont pas d’autre endroit où aller. Il va sans dire que cette fameuse loi n’entrave en rien la prostitution « de luxe », agences d’escorts et autres systèmes d’échanges de services sexuels passant par Internet et les réseaux sociaux, pour lesquels l’établissement de « flags » n’est pas moins compliqué que pour les clients de Mme Corridor.  En général, les limousines n’ont pas de pneus lisses. Mais l’essentiel n’est-il pas que les bigotes néo-féministes soient contentes  et puissent faire valoir urbi et orbi leur supériorité morale ?



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