Accueil Société Pour la réintroduction du Blanc chez les Bleus ?

Pour la réintroduction du Blanc chez les Bleus ?


« Il y eut un Blanc et, soudain, un tonnerre d’applaudissements. Le Stade de France, mal rempli et malveillant, cessa de siffler les Bleus pour les encourager. Au milieu du terrain, un beau gosse venu de Lorient, avait tout changé, qui brillait de mille feux pour sa première titularisation face à la Serbie. Dribbles inspirés, passes millimétrées, jeu galvanisé : que Yoann Gourcuff faisait plaisir à voir parmi tous ces Blacks ! Cette équipe de nuls, décidément, offrait un visage trop monocolore jusqu’à sa venue. Du sang nouveau, frais, de la diversité, un bon petit gars du terroir au milieu des banlieusards, et au final, la gagne ! Enfin ! »

Racistes, les lignes qui précèdent ? Sans aucun doute.

Mais à ceux qui auront légitimement tiqué en lisant l’entame de ce billet, il faut poser une question : pourquoi ne sont-ils pas également choqués par les arguments des partisans de la « discrimination positive » ? Depuis plusieurs années, on nous explique en effet que la télévision française est trop « pâle » (je cite), que notre assemblée est « écoeurante avec tous ses hommes blancs », que nos facs et nos entreprises sont « désespérément monocolores ». Libération, Le Nouvel Observateur, le Parti Socialiste le disent, mais aussi Le Figaro et, désormais, l’UMP. Et s’il est ici question de foot, c’est parce que cette dérive a débuté sur la pelouse du Stade de France.

Souvenez-vous. En 1998 comme en 2000, les commentateurs ont unanimement estimé que la France était devenue championne du Monde et d’Europe parce que son équipe était « métissée« . La qualité de son réseau associatif amateur, ses centres de dépistage et de formation, la qualité de son encadrement ? Négligeables. Les Bleus étaient victorieux parce qu’il n’y avait pas trop de Blancs dans leurs rangs : relisez notre presse, c’est explicitement ce que l’on nous a gentiment seriné. Ce racisme angélique, ce racisme bienveillant, était évidemment maladroit : Brésil excepté, les équipes qui dominent le football mondial depuis trente ans, raflant toutes les Coupes du Monde – à savoir : l’Argentine, l’Allemagne et l’Italie – n’ont jamais aligné un seul joueur de souche non européenne. Que faudrait-il en déduire ? Que l’antiracisme mène à tout, y compris au racisme.

Parce que de deux choses l’une : ou bien l’appel à la « discrimination positive » s’avoue clairement raciste – c’est-à-dire dirigée pour l’éternité contre les seuls Blancs – ou bien alors elle doit s’appliquer à tous et partout. S’il s’agit de corriger la prédominance ethnique ou religieuse de tel ou tel groupe afin d’en favoriser d’autres, cette règle (absurde et destructrice du principe fondateur de notre civilisation, la méritocratie) ne devrait ne souffrir aucune exception. Vous en avez, bien entendu, anticipé la conséquence logique : dans le sport comme dans la musique, qui sont tout de même deux des plus faramineuses sources de célébrité et d’enrichissement en Occident, la proportion de Blancs étant bien moindre que dans la population, il conviendrait de leur réserver des places. Les tenants de l’affirmative action sont-ils prêts à accepter des quotas en faveur des Blancs dans les stades et sur M6 ?

Soyons conséquents : on ne pourra dire à certains de nos concitoyens que pour faire place aux « discriminés », ils seront exclus des amphithéâtres de Dauphine, des bancs du Palais Bourbon et des instances de Publicis en raison de leur origine corrézienne, polonaise ou vietnamienne… et leur expliquer dans le même temps que pour le rap, le foot, la radio ou le mannequinat, seuls le talent et le mérite seront pris en compte. « Désolé, Coco, on a déjà trop de blonds, trop de Juifs, trop de Latins : tes études, ton savoir-faire, ton énergie ne pèsent rien en comparaison de tes origines ! » Belle société, en vérité, que nous façonnerait la « discrimination positive » : injuste et déglinguée d’inefficacité. En matière « d’origine », la seule discrimination qui mérite d’être combattue, parce qu’elle est moralement odieuse, parce qu’elle nous prive d’innombrables talents, c’est celle de l’origine sociale. Que l’école revienne à sa mission, que le système des bourses soit rétabli et renforcé, que le principe de responsabilité (donc de limogeage) soit enfin appliqué enfin à tous les médiocres qui peuplent nos ministères, le Quai d’Orsay ou le CAC 40 : voilà la vraie, la seule révolution dont nous ayons besoin. Nous n’avons pas besoin de plus de « blacks » sur France Télévision ni de plus de juifs dans le hip-hop, nous n’avons pas besoin de plus de musulmans à l’assemblée ni de plus de Français « de souche » dans le basket : nous avons besoin, cruellement besoin, de plus de méritocratie. Vieux mot sans doute, mais idée toujours neuve à laquelle feraient bien de s’intéresser les partisans des quotas de race.



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David Martin-Castelnau est grand reporter, auteur des "Francophobes" (Fayard, 2002).

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