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Macron / Le Pen: les deux visages d’un même marasme politique

Ni LREM ni le RN ne sont capables de s'allier une majorité de Français


Macron / Le Pen: les deux visages d’un même marasme politique
Marine Le Pen à la Maison de la Chimie à Paris, le 12 janvier 2020 © HARSIN ISABELLE/SIPA Numéro de reportage: 00939786_000021

Alors que le quinquennat d’Emmanuel Macron est de plus en plus chaotique, et que Marine Le Pen se lance très en avance dans la course à l’élection présidentielle, ni LREM ni le RN ne sont en mesure de s’imposer aux prochaines élections municipales. Analyse.


 

La déclaration de candidature de Marine Le Pen a été le non-événement politique de la semaine passée : les uns y ont vu de la précipitation, de la fébrilité, d’autres un aveu de faiblesse, comme Guillaume Bernard. Comme s’il fallait marquer le territoire, étouffer préventivement tout début de commencement d’idée d’alternative ou de changement de stratégie.

En ce début d’année 2020, à deux ans de la présidentielle et deux mois des municipales, Emmanuel Macron comme Marine Le Pen veulent nous vendre leur deuxième round comme le scénario incontournable. Ils sont les deux figures du même Janus que les Français regardent au mieux avec scepticisme, au pire avec rejet. Les enquêtes d’opinion sont unanimes: Emmanuel Macron suscite près de 70% de mauvaises opinions ; quant à Marine Le Pen, elle arrive constamment en tête des personnalités ayant le plus fort taux de rejet.

LREM et RN mal implantés localement

Pire – mais c’est lié -, leurs partis respectifs sont incapables d’acquérir une véritable assise dans le paysage politique français : ainsi, pour les municipales, ni le RN ni LREM ne sortiront vainqueurs du scrutin, ne serait-ce que parce qu’ils sont incapables de présenter des listes dans un nombre considérable de villes !

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LREM, se sachant trop faible et mal implanté, a fait le choix de soutenir ici un LR, là un PS sortant, mais n’a pas eu le courage de partir sous ses propres couleurs et tente, par les initiatives de Christophe Castaner, de changer les règles du jeu en modifiant les étiquettes et en les supprimant pour les villes de moins de 9 000 habitants. Quant au RN, il peine à constituer des listes et même à trouver des têtes de listes crédibles dans des villes où, pourtant, il réalise de bons scores, comme par exemple dans la ville d’Agen, où la députée européenne RN vient de déclarer que sa formation serait présente à une condition: que la liste soit complète !

Un problème démocratique?

On n’a pas encore pris toute la mesure d’une telle situation: les deux grands partis qui, à travers les figures d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, se disputent le pouvoir et seraient incontournables pour 2022 sont, de fait, incapables de concourir vraiment pour ces élections municipales de 2020 ! Cela est révélateur d’un problème démocratique majeur. Pour le RN, c’est, une nouvelle fois, la manifestation de sa pénurie de cadres et de compétences, et de sa paresse à s’organiser comme un grand parti. Certains diront de son sectarisme. Avec qui Marine Le Pen gouvernerait-elle si elle était élue quand elle n’a pas été capable, deux ans avant, de trouver des candidats crédibles pour certaines villes que son parti pouvait espérer conquérir ?

Quant à LREM, il apparait au grand jour comme un parti liquide, capable de se couler à droite ou à gauche selon le sens du courant, mais inapte à occuper un espace majoritaire dans ces élections municipales.

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Certes, au soir du second tour des municipales, RN comme LREM, partis avec peu d’élus sortants, pourront afficher des progrès, mais certainement pas de victoire nationale. Certes les institutions, avec l’élection présidentielle, font qu’il est possible à l’une de ces figures de l’emporter, et même d’obtenir une majorité pléthorique à l’Assemblée. Le macronisme en a apporté la preuve. Mais ensuite ? Ces élections par défaut, par rejet, sans majorité réelle véritable (Macron ne fut élu que par 43% des inscrits et sa majorité parlementaire avec une abstention record de plus de 55%) nous promettent des quinquennats difficiles, immédiatement plombés. Inutile de rappeler ici comment Emmanuel Macron nous en a aussi apporté la preuve depuis l’été 2018.

Ségolène Royal de retour dans le paysage

L’autre non-événement politique de la semaine était la prestation de Ségolène Royal qui, congédiée par Emmanuel Macron – et que le PNF a, dans la foulée, rattrapée -, a annoncé qu’elle créait une association pouvant, à terme, se transformer en parti politique pour construire « une troisième voie entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen »« Il faut desserrer l’étau du face-à-face imposé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen », a-t-elle dit. Il arrive parfois à Ségolène de voir juste.

À une nuance près: ce duel Macron-Le Pen est-il vraiment un étau si serré que ça ?

La vie politique française peut-elle être durablement structurée (mais est-ce le mot ?) autour de deux figures rejetées et de deux partis incapables de s’imposer véritablement lors de ces élections majeures que sont les municipales ? Pour beaucoup de Français, la réponse est dans la question.



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